Comment sont créées les légendes ?

Il y en a tellement par ici que je ne raconterai que trois des plus populaires, certaines étant d’ailleurs abordées dans les programmes à l’école primaire.

La légende de la Reine Pokou

Comme j’ai dû l’indiquer dans une ou deux réponses antérieures, la Côte d’Ivoire s’est peuplée à la suite de plusieurs vagues migratoires de tribus. Elles provenaient de pays voisins ou de royaumes qui dominaient la sous-région ouest-africaine il y a quelques siècles. Le peuple baoulé, originaire du centre du pays, a une légende bien populaire pour expliquer son arrivée en Côte d’Ivoire. Cette histoire a d’ailleurs fait l’objet d’un film d’animation [1] à succès.

Selon cette légende, le peuple baoulé aurait pris le chemin de la Côte d’Ivoire à la suite d’une guerre de succession pour le trône du royaume ashanti, situé dans l’actuel Ghana. Pokou était princesse et sœur de Dakon, l’héritier légitime conformément au système matrilinéaire en vigueur à cette époque. Malheureusement, Dakon dut faire face à l’adversité de son oncle Itsa, lui aussi convoitant le trône. Finalement, Dakon fut tué. Sa sœur Pokou, consciente du danger qu’elle encourait, décida de fuir sa terre natale en compagnie de ses proches et ses serviteurs. C’était le seul moyen d’échapper à la furie de l’oncle Itsa.

Dans leur périple à la recherche d’une terre d’accueil, un obstacle redoutable se dressa sur leur chemin : le fleuve Comoé (situé à l’est de la Côte d’Ivoire et frontière naturelle avec le Ghana). Le fleuve étant très agité, il paraissait alors impossible aux fugitifs de le traverser au risque d’y perdre la vie. Pour éviter d’être rattrapée par les gardes du nouveau roi sanguinaire, Pokou demanda à son devin ce qu’il y avait lieu de faire pour pouvoir venir à bout de l’agitation du fleuve. Le devin lui répondit qu’un sacrifice de biens précieux s’imposait. Chacun décida alors d’offrir tout ce qu’il possédait comme objets et bijoux précieux pour apaiser le fleuve. Mais tous ces gestes se révélèrent vains. Le fleuve en voulait beaucoup plus pour céder le passage. Tous comprirent alors qu’il était question d’un sacrifice humain. Face à l’indécision de ses compagnons, Pokou décida d’offrir son unique enfant. Alors les eaux se calmèrent et le peuple put traverser. Une fois de l’autre côté de la rive, la princesse se retourna et, la mort dans l’âme, prononça la phrase ba wouli ou baouli qui signifie l’enfant est mort. C’est cette phrase qui est à l’origine du nom baoulé que porte ce peuple originaire qui a élu pour terre le centre de la Côte d’Ivoire. Pokou et son peuple rejoignirent le centre de la Côte d’Ivoire où elle régna en tant que reine jusqu’à sa mort dans la seconde moitié du 18ᵉ siècle. Des objets sacrés lui appartenant existent toujours dans le village où elle vécut ses derniers jours.

La légende des singes sacrés de Man[2]

Man est une ville située dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire. L’un de ses villages est réputé à cause d’une forêt sacrée de singes qu’il abrite. Il est interdit à toute personne de pénétrer cette forêt, considérée comme le sanctuaire de ces animaux. Mais s’il y a toute une restriction et une sorte de culte autour de ces singes, la raison en est toute simple : on les considère comme des humains.

En fait, le caractère sacré de ces singes remonte à l’époque coloniale. Il est dit qu’une femme avait l’habitude de vendre des vivres au marché dudit village. Cette femme était connue pour ses pouvoirs surnaturels qui lui permettaient de transformer des humains en singes pour distraire l’ennemis en cas d’attaque. Et, justement, il y eut un jour une menace d’attaque de Samory Touré. C’était un guerrier et résistant à la colonisation française, arrière-grand-père du premier président de la République de Guinée, Sékou Touré. Il fut capturé par les colons et déporté au Gabon, où il mourut emprisonné en 1900.

Pour mettre les habitants du village à l’abri des exactions du conquérant, la commerçante les transforma une fois de plus en singes. Les troupes de Samory arrivèrent et, à la vue du village vide, elles s’en prirent à la seule personne qu’elles virent et lui ôtèrent la vie. Il n’y avait donc plus personne capable de ramener les singes à leur état humain. C’est cette histoire qui marqua le début de cette sacralisation des singes dans le village de Gbèpleu.

La légende du village de Soutilé[3]

C’est l’une des légendes pour lesquelles on ne dispose d’aucune donnée chronologique. Mais l’histoire raconte qu’un jour, un homme puant, à l’apparence très disgracieuse du fait de maladies et de plaies, se présenta dans un village en recherche d’hospitalité. Au vu de son apparence très peu agréable, il aurait été rejeté par presque tous les villageois, à l’exception d’une seule famille qui l’accueillit et lui offrit le gîte et le couvert. Le lendemain, l’homme quitta le village, non sans remercier ses hôtes bienveillants. Dès qu’il disparut, tous les habitants du village furent transformés en pierres, à l’exception de la famille qui l’avait reçu sous son toit.

Il y a encore aujourd’hui beaucoup de spéculations concernant cette histoire. D’une part, on affirme que c’est juste un moyen de sensibiliser les cœurs à plus d’hospitalité. D’autre part, des personnes y croient. Il y a en effet un village au centre de la Côte d’Ivoire où cette histoire est transmise de générations en générations par la tradition orale.

Par H T

Source : quora.com

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