Congo Brazzaville : Marche Arrière ou le Bilan des 50 ans d’indépendance

Le Congo Brazzaville, petit pays situé en Afrique centrale est constitué d’une végétation luxuriante et traversé par des affluents d’un fleuve immense, du Nord au Sud. Sept régions sur dix portent le nom de ces affluents. Ses paysages et sa faune sont des atouts majeurs pour susciter un tourisme de masse. Quelques infrastructures modernes et des billets d’avion au tarif concurrentiel permettraient d’en faire une destination prisée.
Malheureusement, avec des routes défoncées et un parc hôtelier minable, composé quasiment de bordels à la robinetterie rouillée, à cause d’un manque d’eau récurrent ; d’un musée nationale à l’abandon, infesté de rats, de cafards et d’insectes ; des compagnies aériennes racketteuses, le Congo Brazzaville risquerait de ne jamais attirer grand monde, hormis les prédateurs pressés de siphonner son pétrole.
Ce pays béni a du mal à faire peau neuve, les visionnaires sont tous décédés. Il faudrait qu’il y ait une quelconque célébration pour que le gouvernement initie quelques travaux de rénovation ou fasse désherber les lieux officiels. Tout d’un coup ! L’eau rejaillit des fontaines publiques. Combien de chantiers n’ont-ils pas été abandonnés après les pompeuses festivités de la municipalisation accélérée ?
Dakar a désormais son monument de la Renaissance Africaine et sa Porte du Millénium ; Bamako, sa Tour de l’Afrique et sa Pyramide du souvenir ; Kigali, son Mémorial du génocide (pour que l’Histoire ne se répète plus) et ses nombreux quartiers résidentiels ; Accra, son National Théâtre et son Mémorial Park ; Abuja, ses larges autoroutes, son Millenium Park et sa Shiphouse ; Rabat va bientôt se rapprocher de Casablanca grâce au T.G.V. De quoi Brazzaville peut-elle se vanter ? D’abriter les ossements d’une famille de colons ?
Le Congo est recalé en permanence à la course du progrès, à cause d’une caste de gangsters obèses et incultes. A chaque fois que l’un d’eux est évacué sanitaire dans l’Hexagone, je vais aussitôt prier devant son hôpital pour qu’il succombe à sa maladie. Les canailles ne méritent pas de compassion.
L’inauguration d’un bout de route bitumée mobilise tout le gouvernement. Le Congo demeure dans l’impasse, parce que son élite se complait dans la médiocrité. Pendant les festivités, l’armée est obligée de déguiser les membres de la fanfare kimbanguiste en soldats pour marquer le tempo de la marche arrière. Un pays qui compte autant de musiciens, d’Hommes de lettre et d’artistes talentueux ne dispose même pas d’un conservatoire de musique, d’une médiathèque publique, d’une bibliothèque nationale et d’un centre dédié aux Arts.
Le Palais du Parlement est devenu un fourre-tout, où s’entremêlent politique, deuil et mondanités (levées de corps, forums politiques, concerts et soirées de gala). Des vieilles institutions comme le CE.F.R.A.D et l’Ecole de peinture de Poto-poto ressemblent à des funérariums, tellement que l’atmosphère y est morbide.
Les artistes sont condamnés à la soupe populaire, faute de subventions. Pamelo MOUNKA, Rapha BOUNDZEKI, Jean-Serge ESSOU… sont morts dans la misère, et pourtant tous ont eu droit à des obsèques fastueuses. Le légendaire crooner de la rumba, YOULOU MABIALA tente de s’accrocher à la vie, abandonné qu’il est à lui-même. Les officiels attendent probablement son décès pour lui offrir des funérailles royales. C’est de l’impudence.
Le sort des sportifs n’est pas enviable, en dehors de quelques vieilles gloires du football qui ont eu le réflexe d’intégrer l’armée. Les Paul TANDOU, Jonas BAHAMBOULA MBEMBA alias Tostao, MINGA Pépé et autres végètent, alors que la nation leur est redevable pour avoir défendu ses couleurs.
Les nouvelles icônes servant de modèle à la jeunesse ont tous touché à une scabreuse quincaillerie. Ils sont ancien cobra, ninja, zoulou ou balado. Ils sillonnent les grandes artères de la ville en 4×4 climatisé, rythme endiablé à fond la caisse. Ils se font appelés "hommes forts" pour avoir violé des minettes et immolé lâchement des innocents au cours d’horribles épisodes de guerre. Puis tout le monde est effaré que notre jeunesse soit friande d’armes à feu. Les vrais modèles ont été appauvris pour engraisser des voyous.
Mais il reste tout de même de l’espoir au Congo pour ceux qui sont prêts à se faire perforer le derrière dans les loges tropicales. Il s’y passe des bizarreries, d’après d’anciens adeptes qui y ont laissé leur virilité. Les rites initiatiques se déroulent dans l’obscurité, drôle de façon de transmettre la lumière aux profanes.
Les slogans favorables au régime se multiplient pour alimenter la propagande, au point de faire changer de vocation au Président. Ce dernier a troqué le pistolet contre le stylo, devenant ainsi un "écrivain" prolifique. Chaque an, le peuple a droit à une nouvelle publication de son guide mal éclairé (nul ne sait quel nègre se cache derrière). Après "Le manguier, la souris et le fleuve" ouvrage destiné exclusivement aux Congolais, Denis SASSOU NGUESSO se donne enfin une envergure panafricaine, en publiant notamment "Parler vrai pour l’Afrique", l’ouvrage à la fausse préface de MADIBA.
Pour marquer le cinquantenaire du despotisme au Congo, il vient de signer un autre grimoire "L’Afrique : enjeu de la planète", cette fois-ci préfacé par "l’ami" Jacques CHIRAC, son nouveau compagnon écologiste. Après avoir concédé des hectares de forêts à des consortiums étrangers, le bûcheron revêt le costume de protecteur de l’environnement. Mais tout à une fin. Bientôt le pyromane ne pourra plus jouer au pompier, puisqu’au Congo Brazzaville, il n’y a plus d’eau.

Par Ngombulu Ya Sangui Ya Mina Bantu LASCONY

Mon, 16 Aug 2010 18:49:00 +0200

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