Côte D’Ivoire : Dramane Ouattara bientôt seul face à son destin ?

 
A la faveur de la formation le mardi 13 Mars dernier du Gouvernement caricatural de l’intrigant Jeannot Ahoussou Kouadio, Alassane Dramane Ouattara, l’usurpateur installé dans le sang au pouvoir en Côte D’Ivoire par la France, s’est octroyé le portefeuille de Ministre de la Défense.
 
Depuis cette date, beaucoup aura été dit et écrit sur ce curieux cumul. Il faudra cependant se rendre à l’évidence. Si le dictateur schizophrénique et crépusculaire a enfin décidé de jeter le masque pour prendre personnellement en main son armée d’analphabètes et de criminels, c’est aussi et surtout parce qu’il cherche actuellement par tous les moyens à se préparer à toute éventualité.
 
Car, après avoir défiguré et transformé la Côte D’Ivoire en une dangereuse jungle où fourmillent dangers et menaces visibles ou invisibles de toute nature, Dramane Ouattara est aujourd’hui pris de panique devant les graves risques d’explosion qui se précisent chaque jour. Comme un animal cerné, il sent que le vent tourne et qu’il pourrait très bientôt faire face à l’ultime combat .
 
Le cumul révèle donc les priorités profondes du dictateur et personne n’est dupe désormais : Ni la reconstruction de la Côte D’Ivoire qu’il a déchirée et détruite, ni la nécessaire réconciliation des populations ivoiriennes qu’il a divisées et opposées, ni les nombreux et graves autres problèmes que sa frauduleuse intrusion dans la vie politique ivoirienne a générés et qui demeurent toujours sans solutions ne figurent au chapitre de ses préoccupations.
 
Il n’y a pourtant pas que cela plus. La tapageuse mise en scène qui a entouré le départ de Guillaume Soro de la Primature, son atterrissage plus que burlesque dans le fauteuil de Président de l’Assemblée Nationale et les ridicules péripéties de la formation du nouveau Gouvernement n’étaient en réalité qu’une stratégie d’enfumage visant à distraire le peuple, à brouiller les pistes et à tenter de dissimuler le profond malaise qui s’est installé au sommet de l’État depuis que les sondages ne cessent de pronostiquer une probable défaite de Nicolas Sarkozy aux Élections présidentielles françaises qui auront lieu dans quelques semaines.
 
L’Élection présidentielle française 2012 constitue en effet un autre souci majeur pour Alassane Dramane Ouattara car tout semble indiquer que son parrain, Nicolas Sarkozy, victime de son arrogance, sa gestion calamiteuse des Affaires de l’État et ses dérives autoritaristes, s’achemine inexorablement vers une cuisante défaite.
 
Il reste vrai que ces derniers jours, du fait de l’intensité de la campagne qui s’intensifie et se durcit, divers sondages s’entrechoquent et se contredisent parfois, détectant ici et là un certain tassement ou une possible égalité entre le Président sortant et le candidat socialiste concernant les intentions de vote au premier tour qui aura lieu le dimanche 22 Avril prochain.
 
Mais au second tour qui se célébrera le dimanche 06 Mai, les tendances demeurent toujours très favorables à François Hollande qui bénéfierait largement d’un meilleur report de voix par rapport à Nicolas Sarkozy. Une telle situation ne peut donc que donner des cauchemars à Dramane Ouattara et pour cause.
 
A ce stade de son mandat présidentiel volé, il aurait bien voulu avoir déjà toute la situation sous son contrôle en Côte D’Ivoire, avoir atteint les sombres objectifs qu’il s’est fixés, mis le peuple et toute la classe politique à genou. En effet, depuis son coup d’État du 11 Avril 2011, il cherche vainement comment obliger le FPI à lui faire allégeance, comment ramener de gré ou de force les exilés politiques au pays, comment imposer la parodie de réconciliation, comment arrêter ou liquider tous les patriotes, résistants et ex-FDS qui préfèrent encore rester cachés, comment obliger les populations hostiles aux FRCI à les adorer et à les accueillir désormais comme des sauveurs, etc.
 
S’il était parvenu à réaliser tout cela, il aurait considéré que des progrès notables ont été faits pour  se  prévaloir  d’une légitimité populaire à défaut d’une légitimité constitutionnelle, que son pouvoir a été renforcé et donc qu’il peut attendre avec plus de sérénité le dénouement du scrutin présidentiel français.
 
Mais il se rend compte que les difficultés sont nombreuses, si nombreuses et si complexes qu’elles pourraient très rapidement ébranler son régime si Nicolas Sarkozy était éventuellement éjecté de l’Élysée et si François Hollande, au lendemain de sa possible victoire, décidait comme il l’a promis récemment de procéder à une révision structurelle et profonde des relations franco-africaines pour sortir des pratiques mafieuses de la nébuleuse Françafrique.
 
L’on sait que dans les litanies qu’ils lui récitent à longueur de journée, les proches Conseillers de Dramane Ouattara insistent sur le fait que les États n’ont pas d’amis mais des intérêts. Avec Hollande comme ce fut le cas avec Sarkozy, Dramane Ouattara pourrait donc, selon eux, continuer de bénéficier de la complicité et du soutien actif de la France à tous les niveaux et dans tous les domaines.
 
Les choses ne paraissent cependant pas aussi simples pour le dictateur qui reste inquiet, envisageant avec une anxiété quotidienne sans cesse croissante l’éventualité d’une victoire du candidat du PS qui pourrait remettre en cause le bouclier protecteur de l’impérialisme agressif et barbare dont il a toujours bénéficié dans ses basses besognes en Côte d’Ivoire. Qu’en serait-il réellement des nombreux accords occultes de recolonisation qu’il a illégalement signés avec Nicolas Sarkozy si François Hollande gagnait et refusait d’entrer dans ce jeu morbide ?
 
Dans ce cas de figure qui pour beaucoup reste très probable, comment alors continuer de s’imposer aux Ivoiriens par la violence, la démagogie et la terreur ? Comment parachever l’œuvre cynique de déconstruction, de recolonisation, d’épuration ethno-politique, de repeuplement et de rattrapage? Comment faire face à l’inévitable révolte de ce peuple opprimé, piétiné, humilié, spolié et bâillonné qui s’apprête à se redresser contre le cruel destin qui lui est imposé ?
 
Le microcosme socio-politique actuel en Côte D’Ivoire reste profondément marqué par une lugubre claustralité, la misère prend chaque jour des proportions abyssales, les injustices sont innombrables et la répression apparaît sans fin. L’apparente passivité des populations, le stoïcisme qui semble avoir pris possession des esprits et paralysé les énergies pourrait ainsi très bien cacher un volcan en sommeil mais déjà prêt à se réveiller.
 
Alassane Dramane Ouattara résistera-t-il au choc ? Son régime liberticide y survivra -t-il ? Il souhaiterait bien évidemment et ardemment une réélection de Nicolas Sarkozy afin de continuer à surfer, sous sa protection, sur les larves ardentes des douleurs, des frustrations et des indignations populaires pour parachever ce qu’il a commencé en fanfare : La liquidation de la Côte D’Ivoire et le démantèlement des Forces du progrès.
 
En sera – t-il ainsi ou devra-t-il d’ici peu affronter seul son destin de tyran et d’imposteur ? Sans aucun conteste, l’échec de Nicolas Sarkozy en France pourrait bien être aussi celui d’Alassane Dramane Ouattara en Côte D’Ivoire. Wait and see.
 
Océane YACÉ
Politologue
Monaco
oyace84@yahoo.fr
 

Sun, 18 Mar 2012 23:37:00 +0100

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