Interview – Barthélémy Inabo Zouzoua “Je vais rebondir…”


• Il y a combien de temps que vous êtes rentré de la France?

– Oh ! ça fait un bout de temps déjà. Je fais la navette entre Paris et Abidjan.

• Qu’est-ce qui vous fait bouger tant?

– D’abord, je suis à la retraite, je prends du bon temps à me balader et j’investis dans autre chose.

• C’est quoi précisement ce “autre chose”?

– Tout le monde le sait, j’ai une école à Issia, je suis en train de terminer mon complexe-restaurant piscine à Issia…

• C’est à croire que vous avez des ambitions po…

– Je vous arrête tout de suite, parce que je vous vois venir. Je n’ai aucune ambition politique (rire).

• Et la mairie d’Issia?

– Avec des amis, nous avions voulu la mairie, nous avons perdu les élections mais je suis membre du conseil municipal. Je vais donc essayer d’apporter mon expérience à ce niveau. Sinon je ne suis pas obnubilé par la politique.

• Et s’il arrivait que les populations réclament votre personne à la tête de la municipalité?

– Moi, je ne crois pas en ces histoires de populations qui réclament. Même Jésus Christ n’a pas fait l’unanimité. Et de toutes les façons je ne suis pas obnubilé par les postes. Nous avons fait une campagne à l’issue de laquelle nous avons perdu, donc on passe à autre chose.

• Y a t- il des regrets d’avoir perdu ces élections quand on sait que ce sont des investissements et des projets qu’on voit se noyer!

– Non, on n’a pas besoin d’être dirigeant de sa région pour la développer. J’ai choisi d’investir à Issia parce que c’est chez moi.

• Avec tous ces acquis et ces réalisations, on peut dire que BIZ a les reins solides?

– Ça dépend de ce que vous appelez reins solides.

• Financièrement s’entend!

– Je suis un fils de paysan, je tire ce que je gagne de la forêt. J’ai ma plantation… Dire que j’ai les reins solides…non, ce n’est pas le cas. Je me suffis simplement.

• Il y a forcement des projets pour votre région…

– Non, pas forcement pour ma région. Moi je suis journaliste, homme de télé, j’ai des projets dans ce sens-là. Car j’entends m’associer avec des copains pour créer une structure de production. Il s’agira de produire des programmes pour les vendre sur des chaînes de télé d’ici et d’ailleurs. C’est dans cette mouvance que je suis.

• Alors on peut dire que depuis le licenciement à la Rti et la retraite, la reconversion n’est pas encore totalement faite?

– Alors ça non! Certes, j’ai mon gagne-pain en faisant aujourd’hui des investissements mais je reste et demeure journaliste. Je suis parti de la Rti suite à un licenciement d’ordre économique et aussi à cause de l’âge de la retraite. Sinon je rappelle que j’étais fonctionnaire à la Rti, en conséquence, je cotisais à la Cgrae. Je touche donc une pension.

• En son temps, il y a eu des grincements de dents à l’occasion du licenciement collectif!

– C’est vrai, mais il ne faut pas rester dans le conflit de façon permanente. C’était légitime en son temps et c’est une réaction normale. Quand vous donnez toute votre vie à la Rti et qu’on vient vous annoncer que pour des raisons économiques, on doit se séparer de vous. Surtout que vous n’aviez pas l’âge de la retraite.

• Il avait été question aussi de votre santé…

– Oui, j’ai été malade et tout le monde peut tomber malade. Mais quand l’hôpital dans lequel j’ai été soigné en France, certifie que je suis rétabli, avec un certificat médical à l’appui attestant que je suis apte à travailler, et qu’ici on me tient un autre discours, allez-y comprendre quelque chose ! Si tous ceux qui souffrent de l’hypertension artérielle ne devraient pas travailler, imaginez ce que la Côte d’Ivoire perdrait.

• Alors et si on vous rappelait à la Rti, seriez-vous disposé à y retourner?

– Pourquoi pas? Parce que j’y ai donné ma vie. C’est ma maison la Rti. Qui touche à la rti me touche. C’est pourquoi après le licenciement, des gens ont dit qu’ils iraient en procès contre la Rti, moi je me suis opposé à cela. Je le dis et je le répète, si je partais en procès contre la Rti ça serait un procès contre moi-même. Quand je rentrais à la Rti j’avais 18 ans et j’en suis sorti à 55 ans passés. C’est vous dire que j’ai passé toute ma vie dans cette maison.

• Votre projet de création de structure de production, n’est-ce pas pour monter une télévision plus tard ?

– Non, ce n’est pas pour monter une télé. C’est plutôt pour être des fournisseurs de programmes tant au niveau de la radio que de la télé. Quand vous voyez une grosse maison comme Endemol en France, elle a les moyens de s’octroyer une télé mais non, elle ne fournit que des programmes. Et c’est dans ce créneau que nous voulons nous inscrire.

• Connaissant l’homme, nous ne serions pas surpris qu’il ait de beaux programmes à fournir, à l’image de ses précédentes émissions ‘’la Bonne cause’’ ‘’Dimanche Passion”, etc!

– Ah ça ! j’en suis flatté, si vous le reconnaissez. C’est parce que j’ai eu des maîtres qui étaient de grands créateurs, comme Georges Benson, Serge Pacôme Ahoulou. Si vous côtoyez ces hommes de talent, professionnels dans leur métier et que vous n’arrivez pas à vous améliorer, c’est que vous n’êtes pas un bon élève.

• Les téléspectateurs doivent être un tout petit peu nostalgiques de vos émissions.

– Si les dirigeants de la Rti me sollicitent en me demandant de reformater l’une de mes émissions dans un nouveau contexte, je n’hésiterais pas à le faire. Il suffit qu’on nous le demande. Aussi, sommes-nous prêts à leur faire des propositions dans ce sens.

• Les téléspectateurs estiment qu’il n’y a plus de beaux programmes à la télévision. Est-ce votre avis?

– On revient au même problème. Moi, je n’aime pas tirer sur ma maison. Souffrez que même si j’ai des remarques à faire sur les programmes, je ne les fasse pas dans les colonnes d’un journal. En cas de nécessité, je préfère joindre directement les responsables de la télé ou des collègues pour leur faire mes observations. Du reste, je me vois très mal en train de tirer sur des gens que nous avons formés. Sinon, je pense qu’ils sont aussi conscients de ce que vous dites. La preuve, dernièrement, ils ont organisé un séminaire à Bassam pour réfléchir sur toutes ces questions.

• Depuis votre départ de la télé, y a-t-il des choses qui ont changé?

– Ce qui a changé, c’est que les jeunes de la nouvelle génération n’ont plus trop d’égard pour leurs aînés. Quand ils vous voient, ils vous lâchent un bonjour sans scrupule, ignorant qu’un maître reste un maître. A preuve, je ne peux voir le boss George Benson et lui balancer un bonjour sans tenir compte de ce qu’il a été pour moi. Dans notre métier ça s’appelle le mandarinat. Malheureusement, cet esprit du respect du droit de mandarinat tend à disparaître et ça me peine un peu. Car nous n’avons pas été éduqués de la sorte.

• A propos, il semblerait qu’il existe une sorte de guerre froide avec Eric Didia. Est-ce vrai ?

– Non ! J’ai voulu donner mon point de vue sur un sujet mais rassurez-vous, je ne vais pas continuer dans la polémique. Car lui et moi ne jouons pas dans la même catégorie. Passons à autre chose, s’il vous plaît.

• Si vous vous retrouviez face au Dg de la Rti, quelles recommandations lui feriez-vous?

– Alors je lui conseillerais de signer des conventions avec les anciens de la Rti qui aujourd’hui se sont lancés dans des projets de conception de programmes qui pourraient être utiles à la télé. Si je ne m’abuse, je pense qu’il a cette idée en projet mais des voix obscures tentent de l’en dissuader.

• Croyez-vous qu’il y a des gens qui continuent de vous mettre les battons dans les roues?

– Je le crois sincèrement et je pense même que ce sont ces mêmes personnes qui seraient prêtes à se moquer du Dg, s’il ne parvenait pas à réussir sa mission. Nous, nous sommes prêts, même avec l’équipe de Georges Aboké, à apporter notre contribution au développement de notre maison. Une chose est sûre, c’est qu’en 2015, nous seront tenus de libéraliser le paysage audiovisuel.

• Vous êtes si sûr de vous!

– Oui, parce que de plus en plus on utilise le numérique. Si on ne le fait pas, des chaînes étrangères vont nous envahir. Elles vont émettre à partir de nos frontières pour arroser le paysage audiovisuel ivoirien.

• Nous avons ouï-dire que vous avez aussi en projet la création d’un journal people. Est-ce vrai?

– Ce n’est pas faux. Avec mes amis, le projet est même dans une phase active. Nous sommes en train de mettre sur pied un groupe qui va renfermer un journal et les différents programmes que nous allons proposer aux télévisions, radios d’ici et d’ailleurs.

• N’avez-vous pas le sentiment de passer pour des incontournables avec votre groupe?

– Si l’avènement de ce groupe nous rend incontournables, ça ne serait pas mal non plus. (Rire).

• Où en êtes-vous avec l’association des greffés du rein?

– Celui qui en était la cheville ouvrière, un médecin, est décédé. Et depuis son décès, nous n’avons pas encore repris contact avec les autres membres. Mais je crois que ça ne saurait tarder. Car il est important de mettre en place une association des transplantés du rein en Côte d’ivoire. Elle donnerait de l’espoir aux gens qui ont cette pathologie.

• Si nous devrions terminer cet entretien, qu’est-ce qu’on devrait retenir de vous?

– Je suis heureux de savoir que le passage que j’ai fait à la télé a marqué certaines personnes. Quand on fait de la télé, on ne va pas à la retraite. En France Michel Druker a plus de 80 ans mais il est encore sur le petit écran. Je suis certes parti de la Rti mais je vais rebondir ailleurs.

Par Ange T. Blaise

ange08015128@topvisages.net
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Wed, 25 Sep 2013 00:02:00 +0200

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