Le piège de la Cpi se referme sur le camp Ouattara

Le régime Ouattara croyait trouver en la Cpi, une arme fatale contre Laurent Gbagbo et ses partisans qu’il veut voir disparaitre à jamais de la vie politique nationale. Obnubilé par ce noir dessein, le nouveau pouvoir s’est empressé de transférer le Président Gbagbo à La Haye. L’opération a nécessité de gros moyens (avion présidentiel) et s’est faite avec une rare célérité qui traduit éloquemment la détermination du régime Ouattara à vouloir sceller définitivement le sort d’un adversaire redoutable, l’ancien chef de l’Etat. Mis en confiance par leurs parrains et convaincus qu’ils ne se seront jamais poursuivis pour les nombreux crimes commis par leurs hommes, Ouattara et son régime ont promis de coopérer pleinement avec la juridiction internationale dans la gestion du dossier ivoirien. « Toute personne mise en cause devra répondre de ses actes devant la justice qu’elle que soit son bord », se plaisait à affirmer l’actuel chef de l’Etat à ceux qui doutait de sa capacité à garantir l’indépendance de la justice tout en le soupçonnant de protéger ses partisans. Mais depuis quelque temps, cette disponibilité vis-à-vis de la Cpi s’est transformée en une hostilité. La complicité du début a tourné au vinaigre. La raison est que le parquet de la juridiction internationale, s’appuyant sur les résultats des enquêtes menées par ses services ainsi que ceux des organisations de défense des droits humains, réclame la tête des hommes de Ouattara qui ont commis des crimes graves dont le massacre de 1000 civils dans l’ouest du pays. Un rapport relatif aux conclusions des juges de La Haye sur le dossier ivoirien mentionne que des forces armées pro-Ouattara ont bel et bien commis des crimes de guerre l’humanité et devront comparaitre devant leur Cour. Des sources concordantes indiquent qu’au nombre des personnes recherchées figureraient en bonne place Guillaume Soro Kigbafori, chef de l’ex- rébellion armée de septembre 2002 rebaptisée Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) ; les chefs de guerre Cherif Ousmane, Fofié Koffi et Losseni Fofana. Face à retournement spectaculaire de situation, Ouattara et son régime voient le danger venir. Subitement, ils ne sont plus prêts à collaborer avec la juridiction internationale et ont changé de discours. Il faut plutôt trouver le moyen de contourner la Cpi. D’où la remise en selle de la justice nationale, présentée comme étant désormais apte à connaitre tous les crimes y compris ceux de génocide commis en Côte d’Ivoire. La justice nationale déclarée ainsi compétente pourra juger les criminels du régime dont les têtes sont réclamées par la justice internationale. Les nouvelles inculpations infligées aux pro-Gbagbo détenus dans les camps de torture au nord du pays procèdent donc de cette volonté du régime Ouattara de contourner la Cpi. Alassane Ouattara pourra-t-il éviter la prison de La Haye à ses hommes ? En attendant le verdict de l’histoire, il apparait très clairement que la Cpi est devenue une source d’inquiétude pour le camp Ouattara. Autant dire que le piège se referme, de jour en jour, sur son auteur.

Jean Khalil Sella in Notre Voie

Fri, 13 Jul 2012 22:08:00 +0200

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