Le vrai bonheur , on ne l’apprécie…

Les 100 jours de pouvoir du chef de l’Etat, Alassane Ouattara, ont été marqués, au plan économique, par plusieurs faits dont le plus significatif est la gestion des finances publiques ivoiriennes par la France. En 100 jours, le Président français, Nicolas Sarkozy, a mis à la disposition de la Côte d’Ivoire, 200 millions d’euros (soit environ 133 milliards de fcfa) pour payer les salaires des fonctionnaires, 150 millions d’euros pour apurer une partie substantielle de la dette intérieure, 33 millions d’euros de crédits bonifiés pour relancer l’économie, 6 milliards FCFA pour soutenir le secteur privé. C’est autant de dettes que le pays devra rembourser. Alors qu’en son temps, le régime Gbagbo, privé de tout appui financier extérieur, avait concocté un budget sécurisé avec les ressources intérieures pour gérer l’économie du pays.
Les 100 jours de Ouattara ont été également marqués par une vague de malaise socio-économique. Les paysans de la filière café-cacao déplorent l’achat à vil prix de leurs produits. Aujourd’hui, le kilo de cacao bien fermenté est acheté bord champ entre 150 et 400 FCFA au lieu de 1100 FCFA comme fixé sous le régime Gbagbo. Ce qui entraîne la plus vaste opération de fuite de cacao vers les pays limitrophes notamment le Ghana (pour des raisons de prix rémunérateur) et au Burkina Faso (pour des raisons de contrebande). « Au temps du président Gbagbo, c’est vrai que les prix bord champ n’étaient pas toujours respectés, mais le cacao ne s’achetait pas à vil prix comme aujourd’hui. Les planteurs étaient quand même à l’aise. Et puis, quand il y avait un problème, le gouvernement faisait une déclaration. Ce qui n’est pas le cas avec ce nouveau régime », indique un producteur.
Depuis l’avènement d’Alassane Dramane Ouattara, commerçants et transporteurs protestent contre le racket grossier et intolérable des Frci. Ceux-ci dressent des barrages, créent des corridors et rançonnent tout ce qui est usager de la route. Les éléments des Frci prennent 40 à 50 mille francs Cfa par camion à chaque corridor. Pour le café-cacao, il faut payer entre 200 et 500 mille francs Cfa pour un camion. « Le racket est trop, c’est plus grave que sous l’ancien régime, il faut avoir le courage de le dire », dénonce un transporteur sur TCI, la chaîne de télévision pro-Ouattara. « Nous tirons la sonnette d`alarme par rapport aux problèmes d`insécurité et de racket en interpellant le Gouvernement et le Président de la République. Sans sécurité, il n`y a pas de développement véritable. La relance économique ne peut pas se faire sans sécurité. Le gouvernement doit mettre l`accent sur la sécurité et sur le problème du racket. Tu prends un camion, tu vas à Bouaké ou à Daloa, tu es obligé de donner de l`argent à chaque corridor. Ce n`est pas normal. Que ce soit à l`entrée de Dabou, à la sortie de Dabou, sur la route de San Pedro à Grand-Lahou, il faut payer à chaque corridor. A chaque barrage, il faut payer quelque chose aux éléments des Frci. Ils sont là, on ne sait pas si ce sont les vrais mais ils sont tous en treillis.Et c`est écrit Frci. Il faut que le Gouvernement mette l`accent sur ce volet », déclarait récemment le président de la Fédération nationale e des commerçants de Côte d’Ivoire, Soumahoro Farikou.
Du coup, les commerçants se disent contraints de répercuter ces faux frais sur les prix des produits. Subséquemment, il se crée une inflation qui devient de plus en plus insupportable parce que non maîtrisée, les pouvoirs publics étant incapables de mettre de l’ordre dans ce secteur. Les consommateurs se plaignent contre la cherté de la vie. Le panier de la ménagère s’est transformé en sachet. Les denrées de grande consommation ont vu leurs prix grimper. La viande, le sucre, le riz, la farine, l’huile de table et le savon, sont principalement concernés. Avec des écarts énormes. « Les prix des denrées et produits de grande consommation qui avaient grimpé de façon vertigineuse pendant la crise postélectorale n’ont pas encore connu de baisse significative depuis le retour à la normalité. Il est temps de mettre fin à l’anarchie des prix pratiqués par les commerçants véreux qui accentue la cherté de la vie. La Fac-ci interpelle le gouvernement et particulièrement les services du ministère du commerce pour le contrôle effectif des prix », interpelle le président du conseil d’administration de la Fac-ci, Doukoua Godé. En réponse, le gouvernement entend lutter contre ce fléau. «On sait que dans le domaine du commerce, les marges des distributeurs doivent être de l’ordre de 15 à 30%. Nous allons donc nous attaquer à toutes les marges excessives. La lutte conte la cherté de la vie, c’est aussi la transparence au niveau des prix, par leur affichage », déclarait récemment le ministre du Commerce, Dagobert Banzio.
Côté salaire, c’est la croix et la bannière. Quand les fonctionnaires ne sont pas payés au plus tôt autour du 30 du mois, certains perçoivent leur paie tels des ouvriers saisonniers. En plus, une ponction été faite sur leurs salaires là où l’ancien régime rétablissait l’équité dans le traitement salarial : égalité et valorisation de salaires. « Gbagbo n’était pas soutenu par la communauté internationale, mais il a rétabli le salaire des enseignants. On était payés au plus tard le 25 du mois. Les corps habillés, le 22. Aujourd’hui, on a quelqu’un qui dit savoir où trouver de l’argent, et on souffre pour être payés », se plaint un fonctionnaire. S’il existe une notion partagée par l’ensemble des Ivoiriens, ces 100 jours, c’est que toutes les références renvoient au passé. Ah, avant était mieux. « Le vrai bonheur, on l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu », disait le sage.

J-S Lia n Notre Voie

Tue, 19 Jul 2011 10:37:00 +0200

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