Paris : un trafiquant de drogue abattu en plein jour
Pour la police, l’affaire est entendue. La victime était un trafiquant «pur et dur», selon l’expression d’un haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur. Ce voyou avait été arrêté une vingtaine de fois par les forces de l’ordre durant sa «carrière». Son frère, lui aussi bien connu des services de police, serait également mort dans le cadre d’un règlement de comptes, il y a deux ans. «Nous avons affaire ici à un geste de la grande criminalité», a estimé Frédérique Calandra, maire PS du XXe arrondissement, exprimant sa «consternation». «Aujourd’hui, l’insécurité dans ce quartier a pris une tout autre dimension, puisqu’en milieu de journée un jeune a été tué en pleine rue. (…) Ce fait tragique illustre la nécessité de permettre aux services de police de bénéficier des effectifs et des moyens supplémentaires et nécessaires à leur mission», a ajouté l’élu socialiste.
À la mode «marseillaise»
Mais, de l’avis même de syndicalistes policiers du quartier, «ce crime n’a rien à voir avec un problème d’effectifs ou de moyens de police». Un agent local explique l’affaire par une sorte de lapalissade: «Si ce voyou était resté en prison, il serait encore vivant.» Reste que les assassinats de ce type, à la mode «marseillaise», ne sont pas fréquents dans la capitale (lire ci-dessous).
La Préfecture de police a choisi de maintenir une forte présence policière dans le quartier Saint-Blaise, connu pour son fort niveau de délinquance et d’incivilités. Le soir de l’élection de François Hollande, dans la nuit du 6 au 7 mai, un seul endroit de la capitale a connu des troubles qui ont justifié l’intervention massive des forces mobiles: le XXe justement, où des voitures ont brûlé et où des policiers ont eu maille à partir avec quelques bandes. Les rapports des unités mobilisées font état ce soir-là de tirs de «mortiers» sur les policiers, précisément «rue Saint-Blaise», lieu du règlement de comptes de samedi…
Des règlements de comptes moins fréquents dans la capitale
À la différence de Marseille ou de la Seine-Saint-Denis, les règlements de comptes en plein Paris sont devenus plutôt rares. Il faut remonter au début des années 2000 pour retrouver un cycle significatif, aux yeux des policiers. En ce temps-là, les «beaux mecs» tombaient comme à Gravelotte: Farid Sanaa, dit «l’Écureuil», abattu avenue des Ternes ; Antonio Lagès, dit «le Portugais», tiré à la Brenecke pour sanglier, avenue George-V ; et puis surtout, Francis Vanverberghe, alias «le Belge», le «parrain des parrains», exécuté au 11.43, le 27 septembre 2000, dans un PMU de la rue d’Artois. Il laissa derrière lui ses deux lieutenants, «Joël le Cobra» et «Philippe le SS». Cette séquence fut aussi marquée par l’élimination du proxénète Claude Genova, dit «le Gros», 103 kilos sur la table d’autopsie. Lui s’était fait tatouer sur un endroit intime un papillon bleu qui déployait ses ailes dans certaines dispositions. Privé de figures, le milieu a perdu de sa poésie.
lefigaro.fr
Mon, 28 May 2012 13:28:00 +0200
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