Vie de couple / L’infidélité conjugale en question : Incursion dans le monde des cocus

Valeur sociétale traditionnelle d’essence religieuse, la fidélité qui dérive du mot latin Fidelis désignant un attachement constant à une personne, à un groupe, à une situation ou à quelque chose, est aujourd’hui à la croisée des chemins. Elle est en perte de vitesse et semble enterrée aujourd’hui avec l’évolution du monde. Et ce, dans un contexte d’évolution profonde du couple, où avec le téléphone portable, Internet et tous les nouveaux moyens de communication, avoir une aventure est devenu simple comme un coup de fil. Et les fameux liens "sacrés" du mariage n’ont plus la côte. L’union libre a donc fleuri. Que reste-t-il dans ce contexte de la fidélité aujourd’hui ? Pas grand-chose si l’on en croit le Dr Touré Ténin, Sociologue, qui soutient que l’infidélité n’est plus condamnée aussi sévèrement qu’autrefois. Ainsi, ce n’est plus la première cause de divorce. En outre, le décalage de jugement entre infidélité masculine et féminine s’est considérablement atténué. Auparavant, l’infidélité féminine était jugée comme une faute grave. La femme portant les enfants, il était donc mal vu qu’elle prenne le risque d’un “ accident ” avec un autre homme que son conjoint. Il y avait une idée de “respect de la lignée”. Avant de relever trois principaux fondements justifiant la montée en puissance de l’infidélité. Ce sont la désacralisation du mariage et partant de l’acte sexuel. Ainsi que la propension naturelle pour le sexe et le fantasme de « croquer » les plus belles femmes ou les plus beaux hommes, qui est le propre des ‘’nouveaux riches ou des parvenus’’. Selon la Sociologue, la fidélité ne rime qu’avec l’amour et l’amour devient le but ou l’essence même de la relation de mariage. Mais cet amour qui lie deux personnes, peut se spolier de manière progressive pour ouvrir la boite de pandore d’où sortira l’infidélité qui a la peau dure et de beaux jours devant elle dans un contexte de désacralisation de l’acte sexuel et partant du mariage.

Entre désacralisation du mariage…
« Aujourd’hui, le sexe n’est plus sacré. L’acte sexuel est banalisé et on voit des jeunes filles donner leurs corps sans remords pour atteindre un objectif ou un but qu’elles se sont fixées », note la sociologue Touré Ténin. Avec un tel esprit, une fois engagé dans un lien de mariage, l’infidélité va s’inviter dans le couple de la fille pour qui le sexe ‘’désacralisé’’, ‘’banalisé’’, n’est qu’un simple outil d’ascension sociale. Et rien de plus.

… Goût prononcé pour le sexe…
Partageant ces propos, Mme Nathalie Pongathié, Enseignante de formation et directeur du Service Autonome pour la Promotion de l’Enseignement Privé (Sapep) a souligné que la propension naturelle pour le sexe et le fantasme de « croquer » les plus belles femmes ou les plus beaux hommes sont les points particulièrement et suffisamment évocateurs qui fondent l’infidélité. Sur le premier point, le Pr Dion Yodé Simplice, Enseignant au département de Philosophie de l’université de Cocody fait remarquer que de manière innée, des hommes et des femmes sont des mordus du sexe. « Il y a des hommes qui, quelque soit leur statut social, ne peuvent être fidèles. Bien qu’ils soient mariés, ils ne peuvent pas résister à la tentation d’aller de conquête en conquête, de femmes en femmes. Cela est dans leur nature, dans leur manière d’être et comme on le dit ici, dans leur sang. A côté de ceux-là, nous avons les nymphomanes, à savoir les femmes insatiables qui raffolent du sexe. Elles en demandent et en redemandent toujours. Et quand par malheur, leurs époux ne peuvent soutenir leur rythme et satisfaire leurs assauts sexuels impulsifs et répétés, c’est la porte ouverte à l’adultère », a-t-il expliqué. « L’infidélité tire son essence de l’incapacité de l’homme de maitriser sa libido, ses ardeurs, ses désirs. Mais aussi et surtout d’une absence de communication dans le couple », ajoute M. Ladji Touré, directeur régional des Lacs du ministère de la Famille, de l’Enfant et des Affaires Sociales. De son côté, Métouba Dahoué, Educateur spécialisé, souligne que l’infidélité reste inhérente à l’insatisfaction soit de l’homme soit de la femme dans le foyer. A l’en croire, l’infidélité n’est pas innée, mais ce sont des circonstances de gestion du couple qui amènent l’une des parties à se lancer dans une aventure avec un partenaire ‘’clandestin’’. A ce propos, il indique que l’amour part à la ruine progressivement dans un contexte d’absence quasi permanente de l’un des conjoints. Ainsi, l’attachement affectif n’existe pratiquement plus, l’un ne s’identifie plus à l’autre, l’une des parties étant très loin de l’autre. « Il appartient à la femme de créer les conditions de la stabilisation de son homme à la maison qui, de son coté, s’emploie à tout mettre en œuvre pour lui assurer ses besoins élémentaires. Car les belles femmes sont dehors et mettent à rude épreuve la fidélité de l’homme. Il est difficile à l’homme de résister aux belles femmes qui le courtisent de gauche à droite. Au lieu de tout faire pour nous retenir à elles-seules, nos femmes une fois mariées, se délaissent. Dans 60% des couples, une fois sous le toit de manière officielle (par mariage), la femme se néglige. Elle ne se fait plus désirer par son mari. Sa tendresse, sa gentillesse, tout se qui faisait son charme et qui a milité pour son choix en tant qu’épouse est voué aux gémonies. La femme jette le masque et montre son vrai visage. Le dépit qui s’en suit chez l’homme le pousse dans les bras d’une autre femme chez qui il trouve une relative consolation, une paix du cœur qu’il n’a pas auprès de celle avec qui il est lié par un serment de mariage », souligne-t-il. Si l’on s’en tient à ses propos, c’est le dépit qui débouche sur l’infidélité. A la lumière, de divers cas d’infidélité, l’on peut noter avec cet enseignant social que la tentation de s’engager dans une relation ‘’interdite’’ naît avec la mort des sentiments ayant suscité le serment de mariage. Si l’époux et son épouse n’arrivent plus à se supporter tel que prescrit par ce serment inspiré de l’évangile et prescrit dans le Saint Coran, alors le couple tombe dans le dépit d’avoir fait une fausse alliance. Ce qui ouvre diverses voies de faillite dans le couple. On en relève entre autres, le mépris, le regret, la colère, la haine et surtout les flirts. L’époux ou l’épouse méprise son partenaire avec qui un lien de mariage a été tissé et désire un autre partenaire hors du foyer. « On compare la relation extra conjugale à la relation légale. Et on trouve que celle du dehors est mieux en fin de compte. C’est ainsi que beaucoup se sont lancés dans les histoires de maîtresses et de petits pompiers comme on l’entend dire partout ou encore de maîtres. Quand l’homme voit sa maîtresse, il dit qu’il se sent mieux, qu’il est à l’aise. Et sa femme devient le diable. Or, il a juré l’aimer pour le meilleur et pour le pire. La femme étant devenue le diable, petit à petit, le foyer va à la ruine », a déploré l’Imam El Hadj Diomandé, président de l’association Djihad Nafsy de Yopougon Sidécie.

Et le fantasme du pouvoir d’achat pour s’offrir des plaisirs interdits…
Avant de s’indigner que des hommes, parce que parvenus à un statut social aisé, s’engagent dans une course effrénée au sexe et méprisent leurs épouses qui leur rappellent l’ordre ancien, leur vie antérieure meublée de frustrations, de difficultés. « L’élévation sociale est une grâce de Dieu. Le Seigneur nous conduit toujours vers le bien. Quand il nous élève, ce n’est pas pour brimer nos semblables et surtout nos épouses, celles avec qui nous avons partagé tant de moments difficiles. Chaque acte de l’homme a une portée sur sa vie. Et ceux qui viennent dans un lieu de culte pour écouter la parole de Dieu pour que leurs mœurs soient réglées, résistent à la tentation de l’infidélité et au fantasme de leur nouveau statut social. Ceux dont le fantasme du pouvoir d’achat les pousse à courtiser d’autres femmes et à brimer leurs épouses, ne sont pas réconciliées avec Dieu et ne sont pas conduits par le Seigneur. (Ainsi, l’esprit de Dieu qui donne la sagesse ne peut les convaincre ni de pêcher, ni d’être juste et de jugement), a-t-il précisé. Et Mme Pongathié Nathalié, de relever que des hommes et des femmes naguère très fidèles se sont mués par la suite en infidèles notoires suite à une ascension sociale. « Des hommes surtout qui étaient cités en exemple deviennent très insatiables après. En réalité, c’est l’argent qui leur monte à la tête. Des vices naissent en eux après avoir réussi et ils s’autorisent des amours clandestins », note-t-elle. Non sans exhorter ses paires à éviter de tirer sur la corde raide. « L’épouse doit éviter de tirer sur la corde en voulant contrôler l’homme, ses entrées et ses sorties etc. il faut éviter de laisser le linge, le ménage, la cuisine seulement aux employés de maison. Entre autres corvées, c’est moi qui lave, qui amidonne et fait repasser le linge de mon époux parce que je l’ai appris de mes parents. Et quand il s’habille, il sait que c’est l’œuvre de son épouse et il en est fier. La femme doit œuvrer à l’équilibre, à la stabilité de son foyer et cela passe aussi par une culture de la confiance et non fouiner à chaque fois dans les affaires du mari. Cette culture de la confiance fait appel à l’éducation qui permet en outre avec une bonne communication dans le couple de faire du mari un confident, un frère, un ami, en somme un partenaire à tout point de vue », a-t-elle relevé. Mais, pourquoi un homme naguère fidèle se métamorphose aussi brutalement pour se donner une âme d’infidèle indécrottable ? Selon le Pr Noel Adjoguébi, enseignant à l’Université de Cocody, le sexe étant l’opium des sociétés défavorisées, le nouveau riche qui, pour lui est un parvenu, va de conquête en conquête, de femmes en femmes, pour affirmer son nouveau statut. « Moi, je ne connais pas de nouveaux riches sobres, humbles. Etant l’incarnation de frustrations diverses, le parvenu ou le nouveau riche dont la vie antérieure est un ensemble de frustrations, se dit aujourd’hui qu’il a de l’argent. Ce que je ne pouvais pas faire avant, il faut que je le fasse maintenant. Ce n’est donc pas surprenant que le nouveau riche, bien que marié, passe de femme en femme ou qu’il jette son dévolu sur une femme célèbre dans un milieu donné quand bien même qu’il ait une femme à la maison», estime-t-il.

Les infidèles font la pluie et le beau temps…
Surhomme parmi les autres surhommes, le nouveau riche qui connaissait naguère de loin les lieux de loisirs de la haute bourgeoisie, va vivre cette ambiance en direct. A l’image « du colonisé en mal de publicité qui préfère le bijou le plus médiocre en provenance d’Europe au joyau le plus pur de la tradition » dépeint par l’écrivain Albert Memni, le nouveau riche rejette tout son passé. Au volant de voitures de luxe, le nouveau infidèle fortuné, avant de s’offrir un week-end de rêve soit sur la somptueuse plage d’Assouindé ou celle d’Assinie dans le département de Grand-Bassam, s’offre un déjeuner copieux à N’Dotré. Dans ce lieu de bouffe fortement prisé dans le district d’Abidjan pour ses mets locaux succulents cuits à la villageoise dans un décor pittoresque, se côtoient nouveaux riches et anciens, nouveaux infidèles et anciens fortunés ou non désirant communiquer une flamme à l’élue du cœur du jour. « C’était mon lieu de prédilection en compagnie d’une étudiante avec qui je sortais à l’époque. J’ai dû éviter ce lieu parce qu’un jour j’ai appris de ma femme que son patron l’avait invité un jour à y prendre un déjeuner. Aujourd’hui, le site n’est plus méconnu du grand public. Même les nouveaux amoureux en ont fait leur lieu de sortie de prédilection. N’Dotré est devenu populaire. Ce qui ne nous arrange pas nous autres. Je me suis donc chercher ailleurs pour éviter toute surprise désagréable », nous a instruit Sanogo Aboulaye, Informaticien. Si lui, n’a pour l’heure pas été surpris par son épouse, ce n’est pas le cas de S.D dont l’épouse a versé au visage de ‘’sa rivale’’ la sauce toute chaude d’aubergine à l’agouti fumé. « C’est une scène que je n’oublierai jamais », nous a-t-il affirmé. Non sans signifier que les incursions surprises des épouses a fini par faire perdre à N’Dotré de nombreux clients. « Avant tu pouvais venir ici et mettre suffisamment de temps pour te trouver une bonne place et te faire servir vite. Maintenant ce n’est plus le cas si je m’en tiens aux propos d’un de mes amis mariés qui s’y rend chaque samedi avec son épouse. Nous nous cherchons avec nos petites fraichinies (jeunes filles célibataires) dans d’autres lieux moins connus », a-t-il souligné. N’Dotré avec ses spécialités à pâlir d’envie de mordre dans de la bonne viande de brousse, n’étant plus prisée, les infidèles se sont trouvés un autre site : Niangon Lokoa. Sous des paillottes dont la location revient à 1500 F pour trois heures, les infidèles vivent leurs amours avec pour seul témoin Dieu et les vagues lentes de la lagune Ebrié qui viennent mourir aux pieds des premières paillottes en bordure. « C’est mon professeur de Marketing qui m’a fait connaître ce lieu. Une fois, il m’a doublé, trompé pour aller avec une autre fille. Quand je suis allée là bas à Lokoa, je l’ai effectivement trouvé dans les bras d’une autre qui n’est pas son épouse. Imaginez la suite », a déclaré miss Olivia. Courtisée actuellement par un homme marié, miss Olivia a reçu une invitation pour passer un week-end sur la plage d’Assouindé. Une localité qui abritait avant la crise du 19 septembre 2002, les plus grands réceptifs hôteliers appartenant à des opérateurs économiques Français et Italiens. « Pour l’heure, j’hésite à me lancer dans cette relation dans laquelle j’ai la conviction que je ne jouerai que le second rôle. Il aime trop sa femme et je ne comprends pas pourquoi il ne peut s’empêcher de la tromper. Je vais réfléchir. Je vais lui imposer un projet. S’il le réalise, je le suis. Ce sera ma condition », dira-t-elle. C’est d’ailleurs ce qu’avait fait sa copine Ange K. qui a finit par se payer un ticket à destination des Etats-Unis où elle suivrait des études actuellement de mannequinat. Son métier de rêve. « Ange a été invitée à passer un week-end dans une suite à l’hôtel Président de Yamoussoukro. Son copain un homme marié, un ex-baron de la filière Café-Cacao, a assuré tout le séjour. Mais elle a exigé de lui un chèque de 10 millions pour des études ici à Abidjan. Je ne sais pas comment elle s’y est prise mais elle a eu le double. A son retour de Yamoussoukro, elle s’est envolée pour l’aventure. Je compte suivre sa trace pour éviter des histoires », a-t-elle ajouté. Comme on le voit, c’est cette vie de luxure qui séduit tout nouveau riche. Il s’en suit donc une comparaison envieuse avec ses joies, ses frustrations pour l’épouse patiente abandonnée à un lit plus douillet que par le passé. Seulement, cette comparaison envieuse à se faire voir et à faire comme et même mieux que les autres surhommes, n’est pas l’apanage exclusif des hommes.

Les femmes mariées dans la danse dans des hôtels huppés pour les unes…
Les femmes sont également dans la danse. Disons plutôt que décidées à ne plus construire leur vie dans les pleurs, dans les larmes, elles se sont lancées dans la danse. Certes, il existe une différence de comportement entre les hommes et les femmes (8 à 10 % des femmes seraient infidèles aujourd’hui, contre 20 à 25 % des hommes), selon les statistiques non officielles relevées dans un rapport de thèse de Dahoué Namory, Etudiant au département de Sociologie de l’université de Cocody. Mais la situation a sensiblement évolué. Ce, d’autant plus que l’autonomie sexuelle dépend entre autres choses de l’autonomie financière. Dans un passé récent, la plupart des femmes n’avaient pas leur autonomie financière. Lorsque leurs maris avaient une aventure, n’étant pas en position de dire quoi que ce soit, elles se confiaient à Dieu pour chercher consolation. En revanche, elles ne pouvaient s’autoriser une escapade : elles dépendaient pour vivre des revenus de leur époux et ne pouvaient se permettre d’être rejetées surtout lorsqu’elles avaient été parachutées par parcours de circonstance dans une famille aisée. Ce qui était perçu comme une main de Dieu ayant permis d’arracher le jack pot. Avec la valorisation du travail aujourd’hui (et la dévalorisation du rôle de femme au foyer), suite aux diverses activités de lobbying des organisations féminines ivoiriennes dont l’Ofaci de Mme Namizata Sangaré, Playdoo-Côte d’Ivoire du Dr Marie Paule Kodjo, la Coordination générale de lutte contre la pauvreté de Mme Maimouna Faber Koné, qui ont mobilisé des fonds pour le financement des micro-projets, les femmes exercent de plus en plus des activités professionnelles. Elles se sont même lancées dans les affaires où sous la houlette de la Fédération des femmes entrepreneurs et femmes d’Affaires de la Cedeao section Côte d’Ivoire dirigée par Mme Touré Massogbè, elles battent le pavé et tiennent la dragée haute aux hommes d’affaires. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire enregistre 179 femmes entrepreneurs à la tête d’entreprises de tous les secteurs de l’activité économique nationale. Ce nombre de femmes entrepreneurs est fort significatif si bien que les femmes n’attendent presque plus rien ou tout de l’homme. Elles sont ainsi beaucoup plus libres. Mais le monde professionnel est une source de rencontres. L’apparition des “célibattantes”, qui font leur vie sans mari, une décennie en arrière, rappelle à dessein que cette autonomisation ne garantie toujours pas la stabilité du couple. Le pouvoir de l’autonomie monte à la tête des femmes qui se découvrent subitement des atouts de courtiser et de mordre du plus jeune ayant tous ses nerfs au top. La cible, les petits pompiers : des jeunes hommes ambitieux dont la tranche d’âge varie de 20 à 35 ans en quête d’ascension sociale. En gagnant en autonomie, les femmes qui ont adopté un comportement “un peu plus masculin” se livrent à une concurrence avec les hommes ayant une double vie. Leurs stratégies : les missions professionnelles. Ces sorties se transforment en séjour pour des ébats sexuels dans le secret dans des hôtels huppés généralement à l’intérieur du pays. En tout cas loin d’Abidjan où l’époux a de solides contacts avec des responsables et gestionnaires d’hôtels et autres lieux de loisirs de haut standing. « Ma patronne m’a envoyé en mission à San-Pedro. Elle m’a rejoint un jour plus tard. A son arrivée, elle m’a demandé de la trouver à Sophia Hôtel où elle s’est offerte une suite. Sur les lieux, elle m’a fait entrer dans la chambre où j’ai finalement passé la nuit dans ses bras. Je dois avouer que je ne voulais pas parce que j’avais beaucoup de respect et d’admiration pour cette dame qui avait presque l’âge de ma mère (47) ans et qui m’appréciait pour mon ardeur au travail. Je n’ai jamais imaginé qu’elle voulait de moi et moi dans cette chambre au luxe insolent, je n’ai pu lui résister au risque d’encourir son courroux et me retrouver au chômage. Au début, ce ne fut pas facile de m’adapter à cette relation extra conjugale avec ma patronne qui passe plus de temps avec moi soit à Sophia Hôtel ou à Monogaga que son mari en poste à Abidjan. Mais, je vis aujourd’hui où je te parle cette situation bien sûr secrètement sans complexe puisque je ne l’ai pas draguée. C’est elle qui m’a désiré et piégé », a relaté C.M, un employé d’une entreprise d’import-export de la place. Non sans révéler que la patronne infidèle met en exergue l’impuissance de son époux qui ne la satisferait pas au lit. « Elle m’a dit être en manque de tendresse, de chaleur parce que son époux ne la satisfait pas. Mon rôle, c’est de lui donner des sensations fortes et folles qu’elle n’a pas dans son foyer. Ce n’est pas de gaieté de cœur que je raconte cela, mais je m’y emploie car je n’ai pas le choix », argue-t-il. Si sa patronne cocufie son époux dans un hôtel de luxe (Sophia) ou sur le sable fin de Monogaga, ce n’est pas le cas pour celles d’un niveau social modeste ou dans le « sous sol de la pauvreté » pour paraphraser Mme Maimouna Faber, fortement engagée aux côtés des femmes démunies.

Et des hôtels de fortune en bicoque pour les autres…
Ces femmes aux revenus modestes et/ou démunies pour compléter l’argent de popote jettent leur dévolu sur les commerçants, les bouchers etc… dans des hôtels de fortune (en bicoque) à proximité des marchés municipaux. En ces lieux, se développent un commerce illégal de sexe. Toute honte bue, des mères de famille engagées dans un serment de fidélité relative au mariage entretiennent des rapports extra conjugaux. « Généralement, ces femmes sont brimées dans leur foyer. Or, toute femme veut se sentir aimée de son époux. Toute femme veut avoir l’affection autour d’elle dans son foyer. Non seulement, elles n’ont pas l’affection, mais aussi et surtout elles vivent dans le dénuement. Pour éviter d’être couvertes de honte et vivre l’humiliation au quotidien pour n’avoir pas eu de quoi préparer le diner, ou offrir un bol de riz à ses enfants, ces femmes, une fois arrivées au marché, elles glissent sur le côté dans des hôtels en bois où elles vont entretenir des rapports soit avec le boucher, soit avec un riche commerçant. C’est cela le phénomène des nassonkondafa. C’est regrettable mais c’est la triste réalité », déplore Métouba Dahoué. La fin ne justifie-t-elle pas les moyens ? Face à l’indigence, l’esprit est peu enclin à la réflexion. C’est connu. Mais ce qui serait dommage est qu’une escapade pour espérer s’évader un temps soit peu de son triste quotidien, se mue en tragédie. Car les maladies dont le Vih-Sida, les hépatites virales, les MST ne sont toujours pas loin et l’infidélité n’est toujours pas sans conséquences. De l’avis de l’Imam Mohamed Diomandé, la première sanction, c’est la colère de Dieu. « L’infidélité fait encourir à l’homme la colère de Dieu. A ce propos, l’infidélité entraîne des blocages dans la vie de l’infidèle et dans ses affaires», note le guide musulman. En outre, si l’on en croit la Sociologue Touré Ténin Diabaté, le plus souvent, la révélation de l’adultère est vécue comme un cataclysme, même des années après. Il existe alors une blessure narcissique (comment as-tu pu préférer quelqu’un d’autre ?) et un sentiment de perfidie (comment as-tu pu me mentir ainsi ?). « Le problème est que l’adultère ne peut exister en dehors du mensonge : la personne doit cacher sa double vie. L’infidélité fait de son auteur un menteur, ce qui moralement scandalise", instruit le Dr Touré Ténin. Non sans préciser que les réactions face à cette situation sont très variables, allant d’une attitude constructive, l’un et l’autre acceptant de se remettre en cause face à "ce moment d’égarement". « Parfois, au contraire, cela va cristalliser une certaine violence. La victime, sûre de son bon droit et s’estimant bafouée, n’aura de cesse que de faire payer ce moment d’égarement à l’autre, parfois des années durant », a-t-elle ajouté. Comme on le voit, l’infidélité, qui de l’avis de M. Touré Ladji, n’est le propre de ceux et celles qui aiment changer de voitures et de parfum, ce qui en l’espèce, conseille-t-il, « est un raccourci qu’il faut éviter, tout le monde ayant ses passions », n’est donc pas sans conséquences. Mais, faut-il pour autant divorcer ?

Le divorce, pas la meilleure solution…
« Non », assure la sociologue Ténin Touré car un infidèle qu’on fuit peut en appeler un autre pire que le précédent. A ce propos, dira-t-elle : « L’infidélité fait partie de la nature de l’Humain a dit une américaine qui eu une vie de couple de 30 ans. Ayant vécu une vie séparée de 10 ans d’avec son époux, avant de revenir vivre avec son époux. Cette femme américaine, devenue aujourd’hui conseillère matrimoniale, dans son analyse a fustigé l’église chrétienne dans sa philosophie du couple idéal avant de conclure que l’homme a besoin de changer d’environnement pour mieux "s’apprécier". Selon elle la religion Judéo-chrétienne a imposé la monogamie, alors que la nature humaine a besoin d’environnements nouveaux. Donc l’homme est changeant. Avec ce changement lié à sa nature, naît l’infidélité, qui est et reste avant tout un comportement lié "à la recherche du nouveau", "à la découverte d’un idéal" à la découverte de quelque chose que l’on n’a pas trouvé dans son environnement immédiat ». Avant d’ouvrir des réflexions. « Quels en sont les résultats dans un Etat laïque comme la Côte d’Ivoire, où le droit moderne exclu les femmes issues de mariages polygames et n’ayant pas bénéficié d’un mariage officiel? Que deviennent les enfants naturels issus de mariages polygames ou de concubinages? Que deviennent les familles élargies, telles les familles musulmanes, très souvent élargies et exclues du circuit officiel (critères limitatifs du nombre des enfants pris en charge dans le calcul de la pension, absence d’actes administratifs, etc.) ». Les réponses à ces interrogations ne sont pas évidentes, tant l’infidélité est complexe et se complexifie selon les cas. Si le divorce ne semble pas être de l’avis de la sociologue Touré la meilleure solution, que faire pour sortir de l’impasse ? Faut-il une législation forte la sanctionnant à des peines privatives de liberté de la nature du crime ? Là encore, M. Touré répond par la négative. « Les lois sont prises par les hommes mais ils ont toujours les moyens de les contourner. Il faut renforcer la promotion des valeurs morales », propose-t-il. Une législation forte réprimant la fidélité ne semble donc pas être la meilleure solution. Et cela achève de convaincre que la fidélité ou l’infidélité ressemble à la liberté et à la justice. Autant de termes qui renferment en eux un relativisme attaché aux sociétés humaines. Nous ne pouvons pas dire qu’il existe de façon absolue une fidélité ou une infidélité. Etant donné la désacralisation des valeurs, du sexe, des mœurs, étant donné l’évolution de l’humanité, de la techno science.

Mais, la communication et la culture de la confiance
Le monde n’est plus dans la civilisation traditionnelle. Mais dans l’ère des sociétés modernes, des sociétés évoluées où la fidélité n’a plus un sens assez important. Où il ne faut plus parler d’infidélité mais bien au contraire, de la culture de la confiance. C’est-à-dire cette culture qu’on a à l’égard de sa femme, de son époux, pour son entourage et faire fi de toute hypocrisie, de tout égoïsme et accepter ce que le partenaire présente dans le couple.

Avec notre partenaire L’Intelligent d’Abidjan / Par M. Tié Traoré

Caricature : Gbich !

Fri, 02 Apr 2010 10:13:00 +0200

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