Il n’y a pas d’eau mais les factures pleuvent
qui ont préféré partir à cause du problème crucial d’eau. Elle s’indigne, car, malgré le manque d’eau, les factures continuent de pleuvoir. « Cela fait huit mois qu’on n’a même pas une seule goutte d’eau et c’est très difficile, même pour boire. On est obligé d’aller au Maroc pour se ravitailler et la barrique coûte 1500 Fcfa sans compter les frais de déplacement, car le porteur doit faire monter l’eau par l’escalier. On reçoit des factures ici tous les trois mois et elles varient entre 2.000Fcfa et 3.000 Fcfa. On nous a expliqué que c’est pour les frais d’entretien. C’est le propriétaire qui règle les factures et certains des locataires ont déménagé sans payer ces factures, car ils estimaient anormal de régler la facture sans avoir consommé », relate notre interlocuteur. Un propriétaire d’immeuble, Bassolé Aboulaye, a pris la résolution de ne régler aucune facture. Cela fait, selon lui, trois ans que ce quartier est privé d’eau et ce problème est même devenu critique depuis huit mois. « Il y a trois ans, à peine la construction de mon immeuble terminée que les problèmes d’eau ont commencé à se faire sentir. Mais depuis huit mois, cette situation est devenue critique et a empiré. On m’a envoyé une facture de 400.000 Fcfa, mais il a fallu que je parte faire un scandale à leur base à Niangon pour qu’on ramène ma facture à 41.000Fcfa. Mais je ne règle pas mes factures tant que cette pénurie n’a pas trouvé de solution », s’indigne Bassolé. A la cité Cie, la pénurie d’eau commence également à se faire sentir. Depuis deux mois, les riverains peinent à obtenir de l’eau. Ils en sont privés toute une journée. L’eau ne revient qu’aux environs de minuit ou une heure du matin. Une riveraine confie que cette situation est très pénible, car il faut rester éveillé toute la nuit pour ne pas rater l’occasion de recueillir de l’eau. Mais les habitants du quartier Maroc et Ananeraie Bonikro ne sont pas restés passifs devant cette situation. Adié Angenor confie que les femmes du quartier s’étaient mobilisées récemment pour faire des sit-in devant la Sodeci du quartier pour exprimer leur ras-le bol. « Et cela a payé. Ils nous ont rencontrés et on a exposé nos problèmes. Depuis ce jour, une fois dans la semaine, la citerne de la Sodeci sillonne le quartier pour nous apporter de l’eau. Le processus est le suivant : parfois ils nous appellent pour savoir si on a besoin d’eau et la citerne vient, dans le cas contraire, c’est nous qui appelons lorsque nous sommes dans le besoin », explique une habitante. Cette mesure, à en croire les riverains, n’est pas salutaire car ils sont toujours en manque d’eau. « Bien sûr qu’elle n’est pas salutaire sinon on ne se rendrait pas tous derrière le goudron. Quand la citerne vient, ce n’est pas tout le monde qui est servi parce qu’il y a trop de monde. En plus, elle ne vient qu’une fois dans la semaine et parfois, elle ne vient pas », se désole B.C, un autre riverain.
Encadré : Sodeci, un déficit de 40.000 m3 à Yopougon
Les habitants des quartiers Maroc, Ananeraie Bonikro ont le regard tourné vers les nouvelles autorités. Ils espèrent qu’elles trouveront une solution adéquate au problème qui les mine depuis huit mois. Mais en attendant, selon un technicien supérieur à la Sodeci, cette pénurie est due à une insuffisance de la production d’eau à Abidjan. Il révèle qu’à Yopougon particulièrement, c’est un déficit de 40.000 mètres cubes d’eau par jour qui est noté. « Mais des projets sont en cours pour améliorer cette situation. Une nouvelle unité de production est en construction à Niangon (Yopougon). Les travaux ont démarré en décembre. Cette unité sera prête en 2013. Pour les quartiers de Maroc, Ananeraie Bonikro, la situation s’est légèrement améliorée, car un forage supplémentaire a été construit à Niangon depuis décembre. C’est insuffisant mais mieux que par le passé. Vu la situation précédente, on peut dire que c’est un grand progrès et pour les quartiers aux situations plus difficiles, on utilise des camions citernes pour approvisionner les habitants », dévoile la source.
Napargalè Marie in L’expression
Tue, 20 Mar 2012 10:48:00 +0100