Boa Thiémélé Ramsès : « La sorcellerie n’existe pas »

La Croix Africa : Qu’est-ce qui vous avait poussé, il y a dix ans, à écrire ce livre sur la sorcellerie ?

Boa Thiémélé Ramsès : C’était en 2008, à Sahuyé, un village de la sous-préfecture de Gomon dans le département de Sikensi, en Côte d’Ivoire. Un jeune homme accusé de sorcellerie avait été enterré vivant sous le cercueil contenant le corps de sa présumée victime.

L’indignation que j’ai ressentie en lisant ce fait divers, m’a rappelé quelque chose qui s’est passé quand j’étais enfant. Ma tante, au village, s’était disputée avec son fils et celui-ci en rentrant à Abidjan, est mort dans un accident de voiture. Pendant les funérailles, rongée par la culpabilité, elle disait qu’elle avait tué son fils. Et tout le monde a pris cela pour un aveu de sorcellerie. Ces deux événements qui se sont déroulés à des époques différentes m’ont poussé à écrire un ouvrage de révolte contre la croyance en la sorcellerie qui conduit bien souvent à des chasses aux sorcières.

La sorcellerie existe-t-elle ?

Boa Thiémélé Ramsès : Non, elle n’existe pas. Ou du moins, la sorcellerie, telle qu’elle est comprise par le sens commun, n’existe pas. Elle est un mécanisme que nos ancêtres ont trouvé pour parler du mal et du négatif. Mais derrière cette explication simple, il y a tout un enrobage de mystification qui est faite. L’on confère au sorcier le pouvoir de se métamorphoser ou de poser d’autres actes surnaturels. La sorcellerie est alors définie comme la capacité d’un individu à avoir des pouvoirs surnaturels qui lui permettraient de se métamorphoser et de faire du mal à d’autres par-delà l’espace et le temps. Si c’est cela que l’on entend par sorcellerie, elle n’existe pas. Aucun individu n’a le pouvoir de se métamorphoser ou d’influencer le cours de la vie de quelqu’un d’autre, rien que par des incantations ou autres pratiques mystiques. Il existe bien des gens qui prétendent avoir ces facultés mais c’est de la pure mystification. Il faut plutôt chercher à interpréter leur parole qui n’est pas à prendre à la lettre. Ce que l’on appelle sorcellerie, ce sont des actes de méchanceté, de calomnie, de malveillance, de médisance etc. Je suis de groupe ethnique Agni-Akan : dans ma culture, le sorcier est appelé « Bayé Foué », ce qui signifie « l’homme négatif, celui qui fait et dit le mal ». Le sorcier est alors celui qui détruit l’énergie vitale des autres par ses paroles et ses manières d’être.
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Sat, 15 May 2021 12:36:00 +0200

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