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    Peut-on réellement espérer un changement significatif tant que l’impérialisme arabe, tout aussi pernicieux que l’influence occidentale en Afrique, continuera d’être ignoré ?

    ByLa Dépêche d'Abidjan

    Mar 27, 2024

    La victoire  de l’opposition à la dernière élection présidentielle au Sénégal suscite un espoir considérable au sein d’une partie de l’opinion africaine. Elle est perçue comme un triomphe sur le système françafricain, symbolisé par le président sortant, Macky Sall, et est interprétée comme un succès contre le colonialisme. Mais peut-on réellement espérer un changement significatif tant que l’impérialisme arabe, tout aussi pernicieux que l’influence occidentale en Afrique, continuera d’être ignoré ?

    Dans un discours diffusé sur les réseaux sociaux, alors que son parti était encore dans l’opposition, Ousmane Sanko incite à l’action et à la résistance contre ce qu’il considère comme les forces oppressives qui entravent le progrès de l’Afrique, notamment du Sénégal.

    Le leader du parti dissous des « Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité » souligne la nécessité de se libérer du mensonge et de la domination, souvent perpétrés avec la collusion des autorités locales.

    Critiquant vivement la gouvernance dans la plupart des pays africains, qualifiée de « scabreuse », l’ancien opposant à Mack Sall dénonce les conséquences néfastes sur le Sénégal, telles que le chômage et le manque d’infrastructures sanitaires et éducatives.

    Il aborde par ailleurs la soumission des dirigeants africains face à l’extérieur et fustige leur connivence avec les puissances étrangères. « Le combat que nous avons commencé, c’est un combat pour l’Afrique, pour sa libération. Le mensonge, la domination, avec la complicité de nos autorités complexées devant l’étranger, cela doit cesser et ça va cesser. Et c’est ce combat que nous avons lancé »,  soutient-il.  

    De fait,  cette déclaration expose un sérieux  problème  de dépendance envers des intérêts étrangers qui agissent sur les décisions politiques et économiques au détriment priorités nationales africaines.

    Le complexe évoqué découle de divers facteurs historiques, culturels et politiques, y compris les vestiges du colonialisme, les relations de pouvoir asymétriques et les pressions économiques externes. 

    En mettant en lumière ce phénomène, Ousmane Sanko cherche à susciter une prise de conscience quant à la nécessité pour les dirigeants africains de faire preuve de davantage d’indépendance et de fermeté dans la défense des intérêts de leurs peuples. 

    La réflexion du politicien sénégalais fait en effet ressortir l’importance d’une gouvernance plus autonome et souveraine, capable de promouvoir le développement et le bien-être des populations africaines sans se soumettre à des influences extérieures contraires à leurs besoins.

    Ousamane Sanko évoque également des figures historiques telles que  Sankara et Lumumba, afin d’établir un lien avec les luttes passées pour l’autonomie africaine, insistant sur les conséquences désastreuses de l’ingérence étrangère et des coups d’État sur le continent.

    Il met en garde contre les effets dévastateurs d’un échec dans ce combat, et souligne qu’une fois de plus, l’Afrique risque de sombrer dans la misère pour une durée considérable si l’on n’y prend garde.

    Malgré les défis, Ousmane Sanko exprime une détermination ferme à remporter cette lutte. Il indique que la victoire est nécessaire, quelle que soit la voie choisie. 

    Dans la même lancée, à l’occasion de sa première sortie après la proclamation des résultats présidentiels, Bassirou Diomaye Faye a déclaré être le « candidat du changement de système » et d’un « panafricanisme de gauche ». Le nouveau président sénégalais ambitionne le rétablissement de la « souveraineté » de son pays, qu’il estime avoir été bradée à l’étranger.

    À cet égard, une question fondamentale se pose : quel est cet « étranger » qui a soumis les Africains à un tel point qu’ils ont perdu le contrôle de leur destinée ? Sans conteste, l’Occident ! Il est largement désigné sur le continent comme le responsable qui pille les ressources de l’Afrique et entrave son développement. Admettons. Cependant, les conséquences de la domination arabe sont aussi significatives, bien qu’elles soient rarement abordées. En réalité, Il semble exister un tabou autour de l’implication des Arabes dans l’exploitation des Africains et dans la destruction de la culture africaine, avec toutes ses formes d’aliénation.

    Ousmane Sanko a affirmé avec conviction : « Notre combat est celui de la libération du Sénégal. Nous luttons contre toute forme de domination, ainsi que contre cette gouvernance corrompue qui sévit depuis 60 ans. »

    Il est manifeste que l’hégémonie n’est pas exclusivement occidentale, contrairement à ce que certains voudraient faire croire. Tout comme le christianisme est un vecteur de la civilisation occidentale, l’islam propage également la culture arabe en Afrique. Par exemple, la disparition des langues africaines est notable à travers l’usage prépondérant des langues coloniales au détriment des langues locales.

    En effet, cette suprématie culturelle s’inscrit dans un passé marqué par des traumatismes profonds. Le continent porte encore les lourdes séquelles d’un passé esclavagiste et colonialiste violent, une histoire qui doit être pleinement connue de ses habitants.

    Les tragédies subies par le peuple africain l’ont tellement aliéné qu’il est devenu étranger à sa propre identité. Être musulman ou chrétien est devenu banal pour les Africains contemporains, qui ignorent souvent que cela découle en grande partie de la brutalité de la traite négrière, de l’esclavage et de la colonisation.

    Il est indéniable que l’histoire de l’humanité et de l’Afrique ont été travesties par les puissances dominantes.

    Face au drame africain, l’Union africaine préconise le panafricanisme et la renaissance culturelle de l’Afrique afin de libérer le continent de l’impérialisme occidental et arabe, qui ont imposé des croyances étrangères aux Noirs, leur inculquant un paradigme totalement exogène.

    La conscience historique se révèle être le socle de l’émancipation. Elle est indispensable à la réalisation de la renaissance culturelle. En somme, la compréhension de l’histoire demeure essentielle pour parvenir à une libération et à un renouveau culturel.

    En ce sens, la Charte de la Renaissance culturelle de l’Afrique, adoptée par les chefs d’État africains, recommande l’enseignement de l’Histoire Générale de l’Afrique pour remédier à l’ignorance généralisée sur le passé du continent.

    Espérons que les nouveaux dirigeants africains, qui se réclament de plus en plus de l’idéologie panafricaniste, embrasseront ce projet comme le président Thabo Mbeki, qui en a fait son fer de lance.

    K.G.I.

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