Cheikh Anta Diop : et l’Égypte retrouva sa boussole africaine
Naissance et évolution au cœur du Sénégal
Cheikh Anta Diop naît le 29 décembre 1923 à Caytu, un village à une centaine de kilomètres à l’est de Dakar. Il est le fils unique de Massamba Sassoum Diop, qui décède peu de temps après sa naissance, et de Magatte Diop, une mère qui a laissé la trace d’une femme droite, courageuse et généreuse. Le petit garçon qu’il était tient son nom de « Vieux Cheikh Anta », son oncle maternel par alliance. Et pour la petite histoire, c’est un autre de ses oncles, Cheikh Amadou Bamba, qui a fondé en 1883 au Sénégal la confrérie des Mourides avant de porter sur les fonts baptismaux la ville sainte de Touba. Envoyé dès 5 ans auprès de celui qu’on appellera Serigne Touba ou Khadimou Rassoul, il quitte sa mère pour le village de Koki, fief des Diop. À l’école coranique, le petit garçon apprend la vie selon l’éthique mouride.
L’étude d’abord, car un bon mouride doit avoir une bonne connaissance des textes sacrés ; le travail ensuite, « comme si tu ne devais jamais mourir » ; et aussi, la prière « comme si tu devais mourir demain ». Dans cette famille d’érudits mais aussi de résistants à l’occupation française (ces 2 oncles seront exilés au Mali et au Gabon par l’administration coloniale qui redoute le succès de leurs idées nationales auprès du peuple), il apprend à connaître et à aimer sa culture, à confronter son intelligence à la logique, à s’imprégner d’une certaine morale, de théologie, de philosophie, de grammaire et de mathématiques.
Une approche précoce du fait culturel africain
Au collège, le jeune Cheikh Anta est sur une orbite originale. Le voilà qui s’emploie à créer un alphabet à destination de toutes les langues africaines, à rédiger une histoire du Sénégal, à traduire des philosophes européens en wolof… Autant dire que le jeune Cheikh Anta met à l’épreuve sa soif de connaissances et de communication.
Après son bac en mathématiques et philosophie obtenu à Saint Louis et à Dakar, il se destine à une carrière d’ingénieur en aéronautique. C’est ainsi qu’il arrive en France en 1946. Il se retrouve en classe de mathématiques supérieures au lycée Henri-IV de Paris. Parallèlement inscrit à la Sorbonne, il y obtient une licence en philosophie dans la classe de Gaston Bachelard tout en poursuivant ses travaux en linguistique, et chimie dont il obtient deux certificats et une spécialisation en physique et chimie nucléaire. Il est alors maître-auxiliaire de physique-chimie au lycée Claude-Bernard à Paris.
Après les maths, la chimie, la linguistique… l’histoire
Bien qu’adossé à sa culture wolof à laquelle il est très attaché, le jeune homme ressent un « vide culturel ». Son désir de se réaliser en tant qu’être humain le mène tout naturellement à l’histoire, la sienne, et non celle apprise dans les manuels scolaires, une histoire qu’il qualifiera de « falsifiée » parce que partant dans une logique inacceptable à ses yeux, celle où la « race noire » est dominée, et la « race blanche » dominante.
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Sun, 25 Apr 2021 18:30:00 +0200
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