“Ils sont nombreux les historiens qui refusent d’interroger l’histoire écrite par les Occidentaux”

Ils sont nombreux ceux qui ne veulent pas entendre que des matières comme la philosophie et l’histoire nous ont enseigné des “vérités de couleur ou de race”.
Ma publication (…) appelant les Africains à construire leurs vérités pour aller vers la liberté suscite de nombreux commentaires. Et les positions sont partagées. On pourrait parler des conservateurs et des progressistes. Je fais partie du second groupe. Il y a une catégorie d’Africains qui sont contents de leurs diplômes, des études qu’ils ont faites et de la position sociale que ces diplômes leur ont permis d’atteindre. Ces gens ne veulent pas qu’on remette en cause le système occidental qui, en réalité, les avantage. Et ils ont tous les arguments pour défendre leurs théories et leurs thèses. ” Ce n’est pas votre domaine, vous parlez de ce que vous ne connaissez pas, vous n’avez pas le niveau, vous n’avez pas de grands diplômes”. Voilà les arguments faciles qu’ils utilisent pour défendre le système. Quand ils rentrent dans le débat, ce n’est pas pour apporter des arguments convaincants, c’est pour se moquer, c’est pour railler, c’est pour mépriser. Quelqu’un est venu dire que mon analyse ressemble à celle d’un élève de terminale. Que c’est facile !! On ne débat pas du sujet. On se lance dans le mépris, sinon dans l’infatuation ou dans la fatuité. C’est la même pratique.
Je n’ai pas assez lu Cheick Anta DIOP et la profondeur de sa pensée m’échappe. Mais, j’ai lu toutes les oeuvres de KI-ZERBO que je considère comme l’intellectuel le plus accompli au Burkina Faso. KI- ZERBO, diplômé d’une université française, refuse la singerie et la vile imitation. Il entame dans toutes ses œuvres une pensée originale. Kant même dit: ” il n’y a pas de philosophie que l’on puisse apprendre, on ne peut qu’apprendre à philosopher”. Entre celui qui ne fait que répéter la pensée des autres, entre un homme spécialiste de la pensée de Montesquieu, de Hume, de Niestsche, de Descartes et un homme spécialiste de sa propre pensée, qui a vraiment pensé ? KI-ZERBO s’inscrit dans l’originalité, dans le questionnement, dans la remise en cause. Et c’est cela la philosophie de Socrate.
KI-ZERBO est un historien de formation et ils sont nombreux les historiens qui refusent d’interroger l’histoire écrite par les Occidentaux. À l’école primaire, comme au lycée, on nous a enseigné la préhistoire. Et nous sommes d’accord. Combien de professeurs d’histoire acceptent que la préhistoire est un mensonge. En 2010, j’étais étudiant au département de lettres modernes de l’université de Ouagadougou. Après avoir lu le livre “A quand l’Afrique” de KI-ZERBO, j’ai demandé à un ami qui achevait sa licence d’histoire à l’université de Ouagadougou:” KI-ZERBO pense que la préhistoire est un voile jeté sur l’histoire africaine. Qu’en penses- tu? Que disent vos professeurs? “. Il ne m’a pas répondu.
Aujourd’hui encore, on continue d’enseigner la préhistoire alors que la raison montre que c’est un véritable mensonge. Il n’y a pas eu d’époque avant l’histoire. C’est pratiquement une bêtise. Il n’y a pas eu de période sans histoire et il n’y a aucun lien entre l’histoire et l’invention de l’écriture. L’histoire concerne les hommes et elle commence avec le premier homme. Mais voilà une vérité “blanche”: la préhistoire. Et cette vérité “blanche” est faite pour arranger un peuple qui construit sa vérité en suivant la logique de Hegel. Personnellement, j’essaie chaque jour de pousser la réflexion dans une totale liberté. Comme j’aime dire aux diplômés qui me détractent :” si vous pensez que je n’ai pas tous les diplômes, vous avez raison. Je n’ai pas eu le temps pour les chercher. Mais, j’ai consacré toute une vie à lire, à fouiller les livres, à faire de la recherche, et je reste convaincu qu’on peut accumuler autant de diplômes sans lire le tiers des livres que j’ai lus.
Aujourd’hui, nous ne pouvons pas continuer à gober des vérités blanches ou européennes parce qu’elles sont soutenues par des professeurs d’université ou par de grands diplômés. Non! Il y a un âge pour l’enfance et un âge pour la maturité. Les Africains ont atteint l’âge de la maturité. Nous devons réfléchir avec notre intelligence et non pas avec l’intelligence des autres. Il est de notre devoir de refuser les courroies de la pensée. Nous ne sommes pas d’éternels chérubins pour continuer à répéter, à imiter et à singer au 21e siècle. Allons vers l’autonomie la pensée. J’en fais mon cheval de bataille.
Écrivain Professionnel/ Consultant.
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