Côte d’Ivoire : « Quand est ce que, dans les hautes sphères du RHDP, poindra l’idée que pour diriger demain, il faut, dès aujourd’hui, s’alimenter de véritable volonté de paix, de réconciliation, d’ouverture et de partage ? »

Ivoiriennes, Ivoiriens,

Nous disions, il y a quelques jours, que le congrès électif du PDCI, prévu le 16 décembre 2023, accaparait toutes les attentions, en Côte d’Ivoire comme à l’international.

Les responsables du PDCI RDA, instruits de l’expérience que leur a bâti une longue histoire, ont orchestré avec grand art le prologue qui devait conditionner  tout le monde à attendre avec impatience, et même fébrilité, le final du samedi 16 décembre.

Le consensus attendu sur une candidature unique à la tête du parti, en succession de feu le Président Henri Konan Bédié, n’ étant que la dernière cerise sur le gâteau.

Même au siècle présent, les senteurs des cours royales Akan restent persistantes !

Nous avions même osé avancer que le Chef de l’État, le Président Alassane Ouattara, Président du RHDP, était forcément celui qui était le plus impliqué politiquement par cet événement qui dépasse, de très loin, le cadre d’une succession interne dans l’association privée qu’est avant tout un parti politique.

Le candidat, porté par tous, l’a magistralement rendu en disant, ce samedi 9 décembre, à Yamoussoukro, que << chaque Ivoirien se sent concerné par ce qui se passe au PDCI, car chaque Ivoirien a un bout de PDCI en lui >>.

Cette grande messe du PDCI a côtoyé l’élection du Président des jeunes du RHDP, suivie de la célébration du 3 ieme anniversaire du mandat en cours du Président Alassane Ouattara, amorcé après les évènements malheureux et douloureux de 2020.

Cette célébration ne mérite pas que l’on s’y attarde, et l’on pourrait même légitimement se demander, s’il est de bon ton de s’entêter à revenir sur cette dernière crise sociale et politique qui a ébranlé la Côte d’Ivoire  jusque dans ses fondements ; avec, à la clef, le spectre d’une tête humaine servant de ballon de football à des nervis opérant à visage découvert, et à ce jour encore impunis.

Nous apprenons que le Secrétaire Général Exécutif du PDCI, de même que le Président du FPI, viennent de voir levées leurs obligations de contrôle judiciaire. Que cela survienne brusquement, en pleine période d’examen des candidatures pour la Présidence du PDCI, montre bien que l’ogre veille, même s’il n’arrive pas, quelques fois, à anticiper.

– Toute la Côte d’Ivoire ne peut que s’en réjouir et applaudir des quatre mains ; ce qui lui permet “d’avaler” la question consécutive : << le Président Konan Bédié n’avait-il pas également la même épée de Damoclès sur la tête ? >>. Son récent rappel à Dieu est quelque part libérateur, deux ans avant 2025.

– Pour l’heure, la seule fausse note dans cette semaine politique ivoirienne relativement calme et apaisée, le focus mondial étant la COP de Dubaï, s’est glissée dans une partie des allocutions des dirigeants du RHDP qui ont organisé la célébration d’un mandat qui était, dès le départ, toxique, parce qu’étant un troisième.

La constitution ivoirienne et le bon sens de tout un chacun l’ont pris pour ce qu’il est et demeurera, quels que soient les oripeaux d’habillage : Le mandat de trop.

Le 9 décembre, à Yamoussoukro, le candidat à la présidence du PDCI a délivré un discours qui valait référence en matière de concision, de modération, de courtoisie et de savoir vivre. 

Un petit trop plein de civilité même, dans l’adresse à l’unique et évident adversaire – cible , qui pourrait même troubler des non initiés ; mais passons. Le contexte n’appelle pas encore à la prise d’armes, même si la scène politique est en permanence une arène.

Mais c’était méconnaître l’ambiance des cirques surchauffés du RHDP où il ne se conçoit pas que l’on termine son ataluku au grand leader et à ses mérites sans décocher des flèches à tout ce qui peut être supposé  ne pas célébrer la nouvelle déité. 

Les grands ovins devant l’Éternel n’eurent pas besoin d’être grands clercs pour nous convaincre tous que si on édifie des sanctuaires pour célébrer une personne qui a créé une université, que ne devrait il pas être déployé en l’honneur du thaumaturge qui en a construit 9 en si peu d’années !

Mais, du temps du premier établissement, la totalité de la population ivoirienne à former dans des écoles supérieures ou universités ne dépassait pas 5000 éléments, la moitié étant à l’étranger ; en 2021, le chiffre dépasse 210.000. 

Cela s’inscrit dans le cadre de la continuité de l’action de l’État, car tout pays vit et va de l’avant. Il n’y a rien de révolutionnaire ou de nobelisable en cela.

Les 9 universités sont donc largement en deçà des besoins réels, et de nombreuses universités ou établissements d’enseignement supérieur et technologique privés sont supposés compenser les limites de l’offre de l’état régalien. 

Les véritables actionnaires et propriétaires de ces établissements qui sont des investissements financiers juteux se retrouvent dans le même sérail. Ce n’est plus un secret. La seule inconnue est de savoir si la formation vraie est au rendez-vous.

Désormais, en Côte d’Ivoire, la différence entre un Ingénieur et un Economiste vaudra débat, et bientôt thèse, puisque c’est le point qui a retenu l’attention aussi vigilante qu’aggressive des béliers / sofas de l’Empereur.

Et pourtant, d’autres points, importants mais déroulés avec élégance et finesse, auraient dû causer beaucoup plus de palpitations chez ces preux chevaliers.

Auxquels nous pardonnons tout puisqu’ils annoncent qu’ils sont en période de mise en forme, attendant de savoir bientôt, pour chaque parti de l’opposition, qui constituera la pierre à combattre et abattre.

Voici une armée dont les 8000 fantassins de l’avant garde ont été formés et instruits, devant les caméras, de tout ce que l’on attend d’eux en 2025. Charger, frapper, écraser, pour la victoire de la cause unique… Pas la Côte d’Ivoire, mais la déité qui n’arrête de veiller au grain.

Notre seule inquiétude: si un Président de parti et Chef d’État, âgé de plus de 80 ans, est entouré d’éléments tels que ceux que nous avons vus, ne risquons nous pas, encore une fois, en Côte d’Ivoire, de nous retrouver dans un cycle toxique de lutte pour la succession, et, donc, de porte ouverte à la spirale des ambitions personnelles et au chaos ? 

Quand est ce que, dans les hautes sphères du RHDP, poindra l’idée que pour diriger demain, il faut, dès aujourd’hui, s’alimenter de véritable volonté de paix, de réconciliation,  d’ouverture et de partage ?

Que le Seigneur bénisse la Côte d’Ivoire et l’ait en miséricorde.

Le 13 décembre 2023

Ministre KOBENA. I. ANAKY

Président du MFA

 

Retrouvez La chronique du Président Kobena I. Anaky, tous les mercredis, sur www.ladepechedabidjan.info

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