Chaque génération doit mener les combats de son temps

De nombreux Français croient et soutiennent que leur pays a construit en Afrique des hôpitaux, écoles, ponts, routes et chemins de fer, que leurs soldats, missionnaires et entreprises y sont de manière désintéressée et que, sans leur “aide”, les Africains crèveraient de faim.

Eva Joly, Franco-Norvégienne et ancienne juge d´instruction au pôle financier du Palais de justice de Paris a tordu le cou à ces mensonges dans « La force qui nous manque » (Paris, Éditions Les Arènes, 2007).

Je voudrais proposer ici trois passages significatifs de cet ouvrage que chacun de nous devrait avoir dans sa bibliothèque :
« On maintient là-bas des régimes assis sur la misère, cette longue mèche d’un monde explosif. »
« La France fait semblant d’aider des pays qui sont riches en matières premières. »
« Notre prospérité est nourrie de richesses que nous détournons. À certains de ces sans-papiers qui risquent leur vie pour gagner l’Europe, il pourrait être versé une rente au lieu d’un avis d’expulsion. »

4 ans après la parution de l’ouvrage d’Eva Joly, certains étaient encore convaincus dans l’Hexagone que leur pays accueillait la misère du monde, que les immigrés coûtaient cher parce qu’ils recevaient plus d’aides sociales et prenaient les emplois des natifs. Faux, répondirent 30 parlementaires français dans un rapport rendu public le 11 mai 2011. Pour eux, les immigrés rapportent plus qu’ils ne coûtent à l’économie française.
Philippe Legrain leur emboîtera le pas en mai 2016 dans son rapport « Refugees Work » qui révèle que les réfugiés donnent plus qu’ils ne reçoivent.

Conclusion : L’Afrique n’a jamais été aidée par la France. Elle ne lui coûte rien du tout. Que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de ses frontières, l’Afrique a plutôt donné à la France. En retour, elle a été pillée et brutalisée par ceux qui se disaient civilisés.
« Une France digne de son idéal et de son héritage de 1789 est incompatible avec la Françafrique ; ce qu’une génération a fait, une autre peut le défaire. C’est possible », rêve Eva Joly. La génération des Houphouët et Victor Biaka-Boda a mis fin aux travaux forcés. Celle des Laurent et Simone Gbagbo, Bernard Zadi, Francis Wodié, Bamba Moriféré a arraché le multipartisme. Que fera la nôtre? Quel(s) acte (s) fort(s) posera-t-elle pour qu’on se souvienne d’elle ? Comment compte-t-elle entrer positivement dans l’Histoire ? Ce n’est certainement pas en nous abritant toujours derrière Houphouët et Laurent Gbagbo, en parlant de ce qu’ils ont apporté au pays. Eux ont mené les combats de leur temps. Assimi Goïta, Ibrahim Traoré et Abdourahamane Tiani sont en train de livrer les batailles de notre époque. Les Ivoiriens qui ont entre 20 et 60 ans les rejoindront-ils?

Jean-Claude DJEEREÉKEÉ

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