Afrique du Sud – La circoncision, un rite mortel pour devenir un homme

Chez les Xhosa, l’une des principales ethnies d’Afrique du Sud, on ne devient pas un homme sans douleur.

Sibusiso Gaca, l’élève d’une école prestigieuse de la région sud-africaine du Cap oriental, vient de commencer sa cérémonie d’initiation Xhosa durant laquelle il sera circoncis et séparé du reste du monde pendant trois semaines. Al Jazeera l’a suivi dans cette étape clef de sa vie d’homme Xhosa.

Il a laissé derrière lui son uniforme de lycéen modèle et son anglais soutenu, sa tête est rasée, son corps est recouvert d’une poudre blanche. Assis aux côtés de ses compagnons d’initiation, il est vêtu comme eux d’une couverture épaisse aux tons écossais.

«On donne naissance à ces garçons, on les nourrit, les élève et tout d’un coup ils disparaissent comme ça, dans le secret, pendant de longues semaines», témoigne la mère de Sibusiso.

Elle aurait préféré que son fils se fasse circoncire à l’hôpital, où le jeune homme peut prendre des sédatifs et est opéré dans des conditions d’hygiène optimales lors de l’ablation du prépuce.

Il faut dire que des associations sud-africaines commencent à tirer la sonnette d’alarme: l’opération pratiquée est le plus souvent réalisée par des hommes sans formation médicale.

Des dizaines de jeunes hommes confiés par leurs parents à ces initiateurs ont déjà péri. D’autres se sont retrouvés émasculés à la suite d’une infection. Plus de 500 garçons sont morts des suites d’une telle initiation depuis 2001 dans la région du Cap oriental.

«Pour moi c’est la brousse ou rien», répond comme en écho à sa mère Sibusiso, qui ne se considèrera «homme» que lorsqu’il aura été initié.

Chaque année, 40.000 garçons sont initiés lors de telles cérémonies. Et la cérémonie reste une marque essentielle de l’identité Xhosa, dont le plus célèbre représentant est Nelson Mandela. Ainsi, explique Al Jazeera, une partie de l’opinion a été choquée d’apprendre qu’avec son hospitalisation, Mandela n’allait probablement pas pouvoir assister à la cérémonie marquant la fin de l’initiation de son petit-fils.

«C’est la seule tradition qui nous permette d’avoir une identité. Elle n’est en rien mauvaise. Ce qui n’est pas bien c’est la manière dont elle est parfois pratiquée», explique un leader Xhosa traditionnel.

Et avant d’ajouter:

«Ceux qui ne sont pas initiés peuvent vieillir en bonne santé. Mais ils ne deviendront jamais des hommes.»

Certaines écoles d’initiation commencent à prendre leur précaution. Une information relayée par le site du Mail & Guardian à l’occasion de sa publication d’un portfolio sur les cérémonies d’initation.

Al Jazeera

Sun, 13 Jan 2013 05:14:00 +0100

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