Côte d’Ivoire à la CAN : Une défaite sportive qui cache une défaite politique
Mais alors, cela suffit-il pour que certains Ivoiriens attribuent cette défaite à la présence sur place d’Alassane Dramane Ouattara ? En quoi ADO a-t-il commis une erreur en allant apporter son soutien aux joueurs qui quelques heures plus tard étaient censés aller défendre les couleurs nationales ? Ne l’aurait-il pas fait que les mêmes personnes n’auraient-elles pas fustigé un manque de considération et d’égard de la part de la première autorité de l’Etat ? Il faut peut-être mieux revisiter les propos qui ces derniers jours ont fusé sur internet, dans certains journaux et sur certains sites internet pour comprendre que l’amertume de la défaite réveille les rancœurs politiques enterrées ou simplement cachées il y a peu. Selon les uns, la simple présence du président ivoirien à Libreville a suffi à faire perdre le match aux Eléphants. Pour d’autres, c’est l’excès de pression induit par cette présence. Pour d’autres encore, c’est la mine réjouie du président avant l’exécution du pénalty qui a fait s’envoler le ballon de Didier Drogba.
Que de superstitions ! N’avez-vous déjà pas entendu accabler certains autres dirigeants africains de la sorte ? ADO n’est pas le premier et ne sera pas le dernier. L’amertume de la défaite fait parfois dire tout et n’importe quoi. Dans le cas d’un Etat qui sort difficilement d’une guerre et d’une crise politico-militaire qui a duré plus d’une dizaine d’années, au terme de laquelle le nouveau président a dû imposer sa légitimité par la force des armes, cela est encore plus normal. La fonction pacificatrice qu’aurait dû jouer la victoire des Eléphants laisse place à une acrimonie dans laquelle se régénèrent très vite les rancœurs d’hier et où se préparent les affrontements de demain. Si les Eléphants avaient gagné la CAN, les dizaines de milliers de supporters qui seraient venus les accueillir à l’aéroport auraient indistinctement été membres du FPI, parti de l’ex-président Gbagbo, du PDCI d’Henri Konan Bédié et bien sûr du RDR d’Alassane Ouattara. Mais il est fort à parier que les quelques milliers de personnes qui se sont décidées à aller consoler les joueurs rentrés bredouilles ne sont pour la plupart que des partisans du Président ADO.
James-William GBAGUIDI in lanouvelletribune.info
Thu, 16 Feb 2012 14:58:00 +0100
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