Finance / 45èmes assises de la BAD : Les enseignements à tirer de la rencontre d’Abidjan

Photo : DR
La Côte d’Ivoire n’a certes plus la présidence du conseil des gouverneurs de la Banque africaine de développement. Mais elle a gagné en notoriété après l’organisation des assises de la BAD. Si le retour de l’institution à Abidjan tarde encore, Abidjan a réussi tout de même un coup. On dirait même un grand coup. Pour un pays qui peine à panser ses blessures d’une crise qui a terni son image auprès de certains bailleurs. Ce qui avait constitué la cause principale du départ de certaines grandes institutions dont la BAD, y compris OIT (Office international du travail) et bien d’autres structures. Ainsi, réussir à mobiliser près 2500 personnalités du monde des affaires, principalement de la haute finance et de l’économie, dans le cadre des assises de la BAD, est un bon point à prendre pour les autorités ivoiriennes. Qui ont besoin de soigner leur capital-confiance et de crédibilité auprès de tous. A ce niveau, loin d’être trop affirmatif, les autorités ivoiriennes, ont réussi ce grand pari, en démontrant qu’Abidjan, et partant toute la Côte d’Ivoire, demeure une terre d’accueil et d’hospitalité. Et qu’en aucun cas, la BAD ne doit rester de façon permanente en dehors de son siège habituel. «J’avoue que c’est la première fois que je vienne à Abidjan. L’hospitalité que j’ai vécue ici m’a tellement impressionné que je ne cesse pas d’en parler. Et en plus de cela, la façon dont vous avez organisé ces assemblées m’a comblé de joie. Et au regard de ce qui a été dit, certainement que les choses vont changer. Parce qu’on s’attend vraiment à ce que les choses changent. On attend qu’il y ait beaucoup de financement au niveau des pays africains afin que nous sortions de cette pauvreté. Honnêtement, je suis fier de la manière dont les choses ont été préparées », apprécié à sa manière, M. Lansana Condé, fonctionnaires au ministère de la coopération internationale de la République de la Guinée. Au-delà de l’aspect organisationnel des assises de la BAD, tous les participants se sont accordés sur le retour de son institution à son siège à Abidjan, mais à condition que la partie ivoirienne joue sa partition. «On a bien noté les messages qui sont passés pour le retour de la BAD à Abidjan. Et on attend de voir si tout cela va se concrétiser. Et pour le reste les affaires se passent bien. Les choses marchent correctement », apprécie un observateur se réclamant représentant d’une ONG internationale.

Deux conditions majeures à satisfaire pour le retour de la BAD à Abidjan
La première condition à remplir avant le retour de la Banque africaine de développement concerne la sortie de crise en Côte d’Ivoire à travers des élections crédibles. Cette condition qui semble la plus importante constitue le point de discorde entre l’Etat de Côte d’Ivoire et les actionnaires de l’institution. Le ministre d’Etat, ministre du Plan et du Développement, Paul Antoine Bohoun Bouabré, anciennement président du Conseil des gouverneurs, à maintes fois fait des propositions pour obtenir le retour de l’institution, mais jamais cela n’a été possible. Les actionnaires veulent toujours des garanties à travers les élections. C’est cette situation de statut-quo qui a failli fait perdre à la Côte d’Ivoire l’organisation des assises des 45èmes assemblées annuelles de l’institution à Abidjan. C’est au regard de cette situation que certains observateurs jugent de flatteur et politique la déclaration de Donal Kaberuka à la clôture. Selon le président du Groupe de la BAD, le retour de l’institution ne dépend pas des élections, mais des gouverneurs. En clair la BAD ne reviendra à Abidjan qu’après les élections. Et pour être plus prudent, le Professeur Tchétché N’guessan, administrateur de la Côte d’Ivoire à la Banque africaine de développement, a souligné que l’institution ne sera de retour avant 2012. En plus des élections qui doivent constituer une porte de renégociation pour le retour de la BAD, il y a le fait que le siège de l’institution doit être entièrement rénové, comme l’est aujourd’hui le complexe Hôtel Ivoire. Tant que la rénovation n’est pas faite, il sera impossible que les actionnaires autorisent le retour de la banque. A côté de ces conditions, des fonctionnaires de l’institution exigent la réhabilitation des écoles françaises dont Mermoz où depuis les événements de novembre 2004, elle est restée fermée.

La mission inachevée de Bohoun Bouabré
Président sortant du Conseil des gouverneurs de la BAD, le ministre d’Etat, ministre du Plan et du développement aurait accompli toute sa mission s’il avait obtenu le retour de l’institution. Que non ! Les actionnaires sont restés campés sur leur position. Celle d’avoir une visibilité en Côte d’Ivoire avant un éventuel retour de la banque à la ‘’maison’’. Mais à défaut d’obtenir ce que les Ivoiriens souhaitent de tout leur vœu, le ministre se console avec l’obtention de l’organisation des assises des 45èmes assemblées annuelles dont la présence des actionnaires hisse la Côte d’Ivoire de nouveau sur la scène internationale. «Je fier de ce que tout le monde soit venu », déclarait le ministre le vendredi à la clôture des assises. Qui a relevé que ce n’était pas évident que les choses se passent ainsi. Une façon de saluer son propre courage et son engagement à travailler pour le retour de la banque. Un retour certain , mais pas pour le moment. En attendant, il se réjouit qu’Abidjan ait abrité les assises de la BAD. Toute chose qui console ses efforts retardés par l’absence des élections.

Le Grand absent des assises d’Abidjan…
Président honoraire de la Banque africaine de développement, Omar Kabaj, homme par qui l’institution a relocalisé ses activités à Tunis était sensé se rendre à Abidjan. En tant qu’ancien président de la Banque, sa voix porterait dans les différents échanges. Malheureusement, il n’était pas au rendez-vous. Une absence qui porte à croire que l’ancien président de la BAD prend définitivement congé d’Abidjan, parce qu’il ne voudrait pas prendre de risque.

Bonne conduite des FDS, mais trop d’armes autour de l’Hôtel Ivoire
Les FDS (Forces de défense et de sécurité) auront contribué à la réussite des assises d’Abidjan. Par leur mobilisation et l’application stricte des consignes, elles ont assuré la couverture sécuritaire de la rencontre. Ainsi ne pouvaient avoir accès au périmètre de l’Hôtel Ivoire que ceux qui ont des badges. L’on retient que durant ces assises, aucun incident majeur n’a été enregistré. Seulement que certains participants ont déploré la présence massive d’armes que détenaient certains agents des FDS. Ces participants qui connaissent bien Abidjan pour y avoir pris part à plusieurs rencontres de la BAD, se sont fait une idée de la situation en Côte d’Ivoire. Abidjan a abrité 19 assises de la BAD. Celles qui viennent d’avoir lieu porte le nombre à 20 et la première depuis les événements de 2002.

Avec le partenariat de l’Intelligent d’Abidjan / Par Honoré Kouassi

Tue, 01 Jun 2010 09:10:00 +0200

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