Assassinat du colonel-major Dosso Hier, à la barre, le sergent Lago Léo (prévenu) : « Nous avons reçu l’ordre de le tuer, je l’ai exécuté… »

Sous bonne escorte, les prévenus dont Lago Léo (3e à partir de la gauche), faisant leur entrée dans la salle d’audience
La tête rasée, la moustache bien peignée, le prévenu est devant le juge qui donne lecture des crimes pour lesquels il comparait. Lago Léo se veut formel. Du haut de ses 1,85 m, il revendique la balle qui a donné la mort au colonel-major Dosso Adama. Hier mercredi 3 octobre 2012, à l’ouverture de la deuxième journée du procès relatif à l’assassinat de l’ex-commandant du Gatl, l’élément de la garde républicaine n’a pas varié dans sa déclaration. « La crise a été difficile pour tous. Nous devons tous dire la vérité. Il faut arrêter de rouler les Ivoiriens dans la farine. J’ai posé un acte, je l’assume, je le regrette…je demande pardon », lâche le prévenu, l’air agacé par les questions de la Cour et des avocats.

Lago Léo explique qu’il était, le 12 mars 2011, au bureau – à la Présidence- du commandant Kipré Yagba, l’un des plus proches collaborateurs du général Dogbo Blé. « Il m’a demandé d’aller rejoindre des éléments au blocus du Golf qui ont mis la main sur le colonel-major Dosso pour exécuter une mission : tuer le colonel. Et que cela était un ordre du général Dogbo Blé. Une fois sur les lieux, j’ai vu le colonel Dosso aux mains des sergents Lobé Lobé, Yapi Yapo Alain (en fuite : Ndlr). Ces deux sergents ont appelé le général et le commandant pour leur dire qu’ils avaient le colonel entre leurs mains. Nous avons reçu l’ordre d’aller le tuer. Nous l’avons conduit sur l’autoroute du Nord et c’est moi qui l’ai tué », déclare le soldat. « Pourquoi n’as tu pas refusé l’ordre de tuer », interroge le parquet militaire. « J’ai reçu un ordre, je devais l’exécuter car ma vie aussi était en jeu », répond Lago Léo qui ajoute que la guerre, en ce moment-là, était telle que le refus d’exécuter un ordre était difficile à faire. Le parquet fait alors remarquer que même si le militaire exécute des ordres, la loi lui donne le droit de dire non à son supérieur, au cas où il se rend compte que l’ordre est illégal. Les ordres qui auraient été donnés l’ont été au moyen du téléphone. Sur cette base, Me Gohi Bi Raoul, l’un des avocats, a déploré que l’on n’ait pas fait de traçabilité en interrogeant les maisons de téléphonies quant aux conversations.

A l’ouverture de l’audience, c’est d’abord le sergent Toualy Jean Noël, un des prévenus, qui déclare à la barre que, ce jour-là, c’est au environ de 16 h que le colonel-major Dosso s’est présenté au blocus dressé non loin de l’ambassade des Etats-Unis par les forces loyalistes. « Il est venu à moi et c’est d’abord présenté comme un Camerounais. C’est après qu’il a avoué être le colonel-major Dosso. Je l’ai vérifié quand il a sorti sa carte professionnelle. Il m’a dit qu’il souhaitait voir le général Dogbo Blé. J’ai alors joint le chauffeur de ce dernier. Il a demandé que je le fouille. C’est alors que plus tard, le général Dogbo Blé a appelé pour avoir ma position. Une heure plus tard, c’est un équipage qui est venu chercher le colonel et ils sont partis avec lui », raconte-t-il. Cette version est contestée par le parquet qui donne lecture de la déposition d’un témoin qui prend le contre-pied des déclarations du sergent Toualy Jean-Noël. Par ailleurs, le ministère public a fait savoir qu’une sorte de plan de la ville d’Abidjan a été arraché au colonel-major.

Alain BOUABRE in Soir info

Thu, 04 Oct 2012 01:36:00 +0200

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