Côte d’Ivoire / Bédié, Ouattara, Soro, Sagem… Comment Gbagbo va tous les fatiguer !

Photo : DR
Coups bas dans les vestiaires du FPI

Surnommé "l’idéologue du FPI" (Front populaire ivoirien), le professeur Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée nationale, a envoyé une boule puante dans la besace de Désiré Tagro, ministre de l’Intérieur et fidèle tonton flingueur du chef de l’Etat. Koulibaly accuse, entre autres, Tagro de tribalisme. La presse locale a élargi l’attaque contre le ministre de l’Intérieur à un partage, avec le premier ministre Guillaume Soro, d’une commission de 10 milliards F CFA de Sagem Sécurité sur le contrat de gestion du processus électoral. Au palais de Cocody, Laurent Gbagbo a compris tout l’intérêt d’instrumentaliser cette guérilla entre ses dauphins de 2015. Il a immédiatement désigné le procureur de la République, Raymond Tchimou, pour enquêter… Nul doute que Tchimou rapportera d’abord au chef de l’Etat ses investigations. Si la première dame Simone Gbagbo a défendu Désiré Tagro, on n’a pas beaucoup entendu le ministre d’Etat Paul Bohoun Bouabré, frère ennemi de Tagro à Issia (centre-ouest du pays). En attendant, le président arbitre…

Mercato présidentiel au RDR et au PDCI

Après avoir taclé la défense dans son propre camp, Laurent Gbagbo va ainsi pouvoir mieux tenter de séduire les attaquants des autres équipes. Il aurait déjà "repacté" avec le premier ministre Guillaume Soro, qui lui passe déjà souvent le ballon. Dans son mercato de nuit, le président croit aussi tenir deux buteurs maous costauds du RDR (Rassemblement des républicains) de son challenger Alassane Dramane Ouattara "ADO". Le premier est Hamed Bakayoko, dit "Hamback", ancien ministre des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) – il avait géré le jackpot des licences de téléphonie mobile – et aujourd’hui conseiller spécial de Soro. Le second est Amadou Gon Coulibaly, le directeur de la campagne d’"ADO". Enfin, Marcel Amon Tanoh, autre cacique du RDR, est aussi sur la liste… Au PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire), dont le leader est Henri Konan Bédié "HKB", c’est Patrick Achi, l’ancien ministre des infrastructures économiques, qui est "sélectionné". Tous ont un contact direct avec "Laurent".

Carton rouge pour Sagem sécurité ?

Ceux qui n’ont pas la mémoire courte se rappelleront que c’est l’Elysée qui a "vivement conseillé" de prendre Sagem pour crédibiliser l’élection ivoirienne (le groupe français était en concurrence avec le belge Zetes). Cette désignation était inscrite dans les textes complémentaires de l’accord politique de Ouagadougou, du 27 novembre 2007. Jusqu’alors, Laurent Gbagbo n’avait missionné que l’INS (Institut national de la statistique) pour la préparation technique de l’élection. C’est dire si tout discrédit jeté aujourd’hui sur la Sagem sera sur-interprété sur le plan politique à Abidjan. On peut faire confi ance à Gbagbo… A l’époque, c’est eff ectivement, comme nous l’avions écrit, Sagem qui avait réussi à mettre d’accord les frères ennemis Tagro et Soro (LC nº533). Le troisième homme qui était présent au palais, le 5 décembre 2007, pour la signature du contrat, était l’ex-roi du coton Mohamed Sidi Kagnassi, qui est devenu le "monsieur Afrique" du groupe français. Le processus électoral sans élection flirte aujourd’hui avec les 200 milliards F CFA. La Côte d’Ivoire, une exception africaine ?

In La Lettre du continent n° 591 du 1er/ 07/ 2010

Thu, 01 Jul 2010 02:30:00 +0200

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