DIASPORA, BIENVENUE EN ALLEMAGNE «POURQUOI EST-CE QU´ILS GÂTENT LES JOBS?»

Ce sont les grandes vacances. On aurait souhaité être à Douala, à Kribi, à Yaoundé ou à Bamenda au Cameroun en train de prendre l´air du pays et de se reposer sous le doux soleil. Hélas! Il faut penser aux factures à payer et aux dettes à éponger. Pour les étudiants qui n´ont plus d´examens à passer, c´est le moment de se mettre complètement dans les petits jobs étudiants afin de démarrer le semestre à venir avec moins de soucis financiers. Pour ceux qui doivent encore se préparer pour les examens, il faut négocier et naviguer entre les cahiers, la bibliothèque et l´usine. Cet engrainage études-job-études place l´étudiant et en particulier l´étudiant étranger dans un cercle qui ne lui laisse aucune marge pour le repos et les vacances. Face à la pression de valider les matières et de financer les études en même temps, il faut avoir un peu de chance pour décrocher un boulot bien payé quelques semaines après la fin des cours. Dans ce cas, une bonne connexion aux réseaux communautaires reste «le geste qui sauve».

Malgré la forte industrialisation de plusieurs villes allemandes, les étudiants ont de plus en plus du mal à trouver un boulot bien payé pour assurer le reste de l´année académique. Les anciens racontent avec nostalgie leurs expériences des années 1990, années durant lesquelles ils trouvaient de petits jobs sans difficultés majeures et pouvaient «expédier avec aisance une voiture aux parents au pays». Comme avoir de la chance dans le malheur, ils tirent la conclusion que la rareté des jobs pousse de nos jours les jeunes à mieux se concentrer sur leurs études. Dans ce climat de la baisse de l´offre des jobs et de l´augmentation de la demande, nombreux sont ceux qui, un mois après la fin des cours, sont encore à la recherche du travail d´été et dénoncent une attitude cachotière, un repli identitaire et la méfiance chez certains compatriotes qui fermeraient les portes des sociétés où ils sont recrutés et souhaiteraient dans un cynisme absurde voir leurs compatriotes privés de moyens et crever dans la précarité.

Pour quel intérêt quelqu´un cacherait-il une adresse qui peut être utile à son prochain? Répondant à cette question, ceux à qui on reproche le fait de «cacher les jobs» vont en guerre contre une attitude nuisible chez bon nombre de personnes ayant profité de leur aide pour trouver du travail. Une attitude qui consiste à chercher inlassablement le travail pendant des semaines, à afficher une volonté déterminée à travailler avec assiduité et discipline. Une fois embauché, notre collègue arrive toujours en retard et se pointe le premier à la porte de sortie. Lorsque ses compatriotes lui reprochent de bafouer les règles du travail, il présente des arguments saugrenus et éloigne tout le monde du sujet. Outre sa façon distinguée qui n´est pas du tout favorable à l´image des frères et sœurs qu´on a ici tendance à jeter dans le même sac, ses distractions pendant les heures de travail, l´excédant des pauses et le non respect des normes finissent par affecter négativement sa performance et celle de ses collègues.

A ceci s´ajoute le dénigrement du travail pour lequel il est payé, brandissant à quiconque veut l´attendre qu´un futur ingénieur ou universitaire de sa classe ne saurait accomplir une telle besogne et ne peut se soumettre à l´autorité d´un patron qui n´a pas fait les études supérieures. Face à cette attitude de mépris, les compatriotes qui travaillent dans la même société depuis des années et y gagnent leur pain quotidien se sentent non seulement humiliés mais doivent aussi faire face aux multiples questions et généralisations de ces collègues toujours prêts à faire payer la facture d´une faute de l´africain à un autre africain. C´est ainsi que le compatriote A recommande B à son patron, cependant risque ou finit par perdre son gagne-pain à cause du comportement de B qui vient semer de la zizanie et sabote A. A devient méfiant, pense que seules ses connaissances proches pourront écouter ses conseils et ne point le décevoir. C´est ainsi qu´un comportement clanique se développe dans la communauté, nuisant l´atmosphère agréable ainsi que les efforts de ceux qui à travers les réseaux informels ou les structures comme les associations nationales s´évertuent à construire les ponts solides dans une communauté camerounaise forte, fondée sur l´entraide, la modestie, la solidarité, l´amour du prochain, la tolérance et le sentiment d´appartenance ensemble.

Ceci dit, il s´avère important d´effectuer comme il se doit le travail pour lequel nous gagnons notre argent sans toutefois exhiber nos diplômes ou nos futurs diplômes qui n´ont souvent rien à faire avec le poste en question et savoir surpasser ou dénoncer certaines situations qui nous semblent injustes ou discriminatoires. A l´image de la pensée de Martin Luther KING, nous devons, partout où une tâche nous est confiée, donner le meilleur de nous et laisser les marques positives. Ceci est la meilleure recommandation qui nous fait quitter les postes en laissant de bons souvenirs et les portes ouvertes à nos cadets.
En ce sens, bonnes vacances!

Florence TSAGUÉ A in Camer.be

Fri, 24 Aug 2012 10:16:00 +0200

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