De Mitterrand à Sarkozy, il n’y a eu que des frémissements ; que de promesses non tenues par les responsables de l’Elysée à l’égard de l’Afrique. Jacques Chirac au moins ne voilait pas sa grande envie de voir le mercenariat politique et économique entre Paris et les capitales africaines se poursuivre, au profit exponentiellement de sa terre natale. MM. Mitterrand et Sarkozy se différenciaient de l’enfant de la Corrèze par leur volonté affichée de tordre le cou à la « Françafrique ». Mais, que nenni.
L’histoire élyséenne retiendra que le courage mitterrandien et sarkozyste n’était en fait que du vernis. Le discours de la Baule ne jouissait d’aucune planification, de moyens d’actions pour aider l’Afrique à cesser d’être grabataire sur plusieurs plans. La preuve, plusieurs scandales politico-financiers (entre l’Hexagone et l’Afrique) comme « l’affaire Elf » conclue par des procès presque "complaisants" ont marqué la gouvernance Mitterrand.
Malgré le contenu "prometteur" du discours de la Baule, des dictateurs invétérés comme Eyadèma, Bongo, Conté, Mobutu, etc. ont continué tranquillement leur route sans que Paris ne liât « son aide économique à ces pays, en tablant sur des avancées démocratiques dont ils se seraient rendus auteurs ». L’échec de la gauche française à tenter de curer la dictature en Afrique francophone est d’autant plus saisissant par le fait que François Mitterrand reste dans l’histoire de la Vème République française comme le seul détenteur de la plus grande longévité : 14 ans passés au pouvoir !
La grande et burlesque comédie a pris une autre dimension sous M. Sarkozy qui a voulu rompre avec de vieilles habitudes en s’entourant de collaborateurs qui sont des meilleurs élèves et héritiers de la « Françafrique »…
Encore des moqueries
L’évidence que les relations incestueuses entre les dirigeants gaulois et leurs homologues africains va se poursuivre sous M. Hollande (favori des sondages de la présidentielle 2012) tire son essence de la quasi absence du continent noir dans la campagne qui vient de s’achever au pays de De Gaulle. Tout s’est passé comme si l’Afrique ne vaut aucun pesant d’or dans la planification du développement économique de la France. Les principaux candidats de la joute du 22 avril n’y ont consacré que des détours de phrases ou réaffiché leur inculture face aux convulsions et défis qui secouent le continent berceau de l’Humanité.
Même les médias français qui arrosent l’Afrique ont encouragé ce silence autour de la vie d’un milliard d’êtres humains dans les débats pré-vote dans l’Hexagone. Les opposants africains aux régimes indéboulonnables soutenus de l’étranger ont raison quand ils appellent leurs militants à ne compter que sur leurs propres énergies pour se libérer ! Au soir du 6 mai, le nouveau locataire de l’Elysée pourra faire la fine bouche envers l’Afrique. Il prêchera à coup sûr dans le désert si des actes osés et dignes de vrai démocrate ne suivent pas ses promesses. C’est Jean-Marie Bockel (ancien secrétaire d’Etat en charge de la Coopération sous Sarkozy, qui a voulu enterrer officiellement la Françafrique) qui devrait bien rire et des Africains et de ses compatriotes aux affaires. De la gauche comme de la droite.
Un commentaire de Ayida Maïga — La Rédaction AfriSCOOP
Mon, 23 Apr 2012 16:07:00 +0200
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