« Le Rattrapage », un piège politique pour Alassane Ouattara ! Découragement n’est pas ivoirien.

De tous les concepts politiques qui ont guidé les différents présidents Ivoiriens, seul le concept créer par Félix Houphouet-Boigny était un concept unificateur. « Découragement n’est pas ivoirien », était créé par le premier président Ivoirien. Ce concept avait guidé la politique, l’économie, scolaire-universitaire et monde sportif ivoirien. Après une défaite de l’équipe nationale de football, le président Félix Houphouet-Boigny disait aux joueurs : « Vous êtes encore des éléphanteaux et dans quelques années cous deviendrez des éléphants. Ne vous découragez pas, car découragement n’est pas ivoirien » !…fin de citation.

Henri Konan Bédié créa à son tour, le concept du « Progrès pour tous, le bonheur pour chacun » ; c’était en 1995 et les ivoiriens trouvèrent dans ce concept un facteur nouveau, prometteur et ambitieux pour la Cote d’Ivoire. Malheureusement, Bédié s’était très vite entouré par des universitaires égoïstes qui poussèrent celui-ci sur la voie de l’ivoirité. Le concept de « l’ivoirité » n’était mauvais en soi, s’il restait sur le terrain culturel et économique, puisque la Cote d’Ivoire, qui traversait une crise économique en ce moment là avait besoin d’un collant culturel pour sa cohésion interne. Malheureusement « l’ivoirité » qui devait donner un élan culturel et économique aux ivoiriens, fut hélas, galvaudé par les politiciens. Konan Bédié fut piteusement balayé par « le père Noel en treillis », le 24 décembre 1999.

Arriva Robert Guéï avec son concept du « balayeur ». « Nous sommes venus balayer la maison commune », disait-il a qui l’écoutait. Ensemble avec Gbagbo, ils inventèrent un deuxième concept : « OU et ET ». Il fallait être de « père et de mère » ivoiriens pour être président de la république. Tous les observateurs voyaient très bien que ce concept portait les germes de la division et sans trahir, dix mois après, « les balayeurs » furent à leur tour balayés par la rue, poussée par Gbagbo Laurent. Robert Guéï, surpris par son allié, le surnommera le « boulanger ».

Le Woody de Mama entre en scène après une élection calamiteuse et créa le concept : « on gagne ou gagne ». On comprenait très bien par ce concept, qu’il n’était pas disponible à quitter le pouvoir. Tout le monde sait aujourd’hui où ce concept « on gagne ou gagne » l’a conduit.
Quel message ce sinistre concept « ON GAGNE OU ON GAGNE ( ?) », voulait traduire aux Ivoiriens, aux militants du FPI ? La réponse, c’est qu’il faut passer sur leur corps pour arriver au palais de la présidence. Et pendant des une dizaine d’années, Gbagbo et son régime vont ruser avec tout le monde pour ne pas aller aux élections. Nous savons tous que ce concept avait signé l’arrêt de mort du régime FPI !

Cette histoire aurait servi de leçon à Alassane Ouattara et à son parti, le RDR. Lorsqu’il est arrivé au 2°tour de l’élection présidentielle, après que Konan Bédié fut éliminé par le concept « on gagne ou on gagne » de Gbagbo Laurent, le candidat du RHDP, M. Alassane Ouattara avait créé son concept de« vivre ensemble », pour répondre à toutes les attaques des LMP de Gbagbo Laurent qui voulaient jouer sur la fibre patriotique des ivoiriens. Résultat: Gbagbo Laurent et son régime se sont retrouvés au tapis.

On pensait que Alassane Ouattara avait appris les leçons des précédents régimes qui ont gouverné la Cote d’Ivoire avec leurs concepts politiques porteurs de division. Malheureusement, c’est avec une stupéfiante désinvolture que le monde entier avait entendu M. Ouattara, sur une chaine de télévision occidentale, parler de « RATTRAPAGE ». Et pourtant, il venait d’être élu sur un thème de campagne unificateur de la nation ivoirienne, le « vivre ensemble ». On croyait qu’avec lui, la Cote d’Ivoire allait tourner définitivement la page de la division ethnique et régionale pour regarder l’avenir.

Alassane Ouattara représentait aux yeux des Ivoiriens et de l’opinion publique internationale « une nouvelle chance » pour la Cote d’Ivoire ; pas seulement sur le plan économique, mais surtout sur le plan de la cohésion et de la justice sociale. A la question d’un journaliste français voulait savoir pourquoi il y a trop de nordistes dans les nominations de Ouattara, celui-ci expliquait en disant : « ces nominations répondent à une politique de rattrapage parce que 40% des populations du nord ont été pendant longtemps ignorée par les différents régimes du pays.

Bien que M. Alassane Ouattara sait très bien qu’une des principales causes de la crise ivoirienne est la division des ivoiriens, il a décidé, seul contre tous, de faire un politique de rattrapage ; sans tenir compte que son parti politique le RDR n’a pas gagné tout seul les élections. Alassane Ouattara estime que faire du « rattrapage » est plus important pour son parti, le RDR. Toujours la même politique de division et de privilège est en train de faire surface. Comme si la Cote d’Ivoire ne veut pas tourner la page noire de son histoire.

Aujourd’hui avec ce nouveau concept de « rattrapage », Alassane Ouattara est entré dans la phase LMP de sa gestion du pouvoir. Depuis des mois, la télévision nationale est devenue le symbole de cette politique de rattrapage. On fait le culte de sa personne et la presse écrite proche de son parti affiche ses images à chaque page de leur journal. Chaque jour, ou presque, se dégrade la capital sympathie que les militants du RHDP, qui l’ont porté au pouvoir, ont pour lui. Sur le plan de l’intérieur de nouveaux fronts sont ouverts: la réconciliation coince, puis les tueries et arrestations arbitraires des proches de Gbagbo, puis les Burkinabés qui arrivent en masse dans les zones forestières et fertiles de la Cote d’Ivoire, puis les ministres affairistes de son gouvernement ( le cas Adama Bictogo, le cas Anne Ouleto, le cas Kandia Kamara, le cas de « photocopie, le vrai vice-président bis de la Cote d’Ivoire », le cas Gon Coulibaly, cité dans les affaires de la filière Café-Cacao,.etc., tous des ministres du RDR !. le cas du découpage électoral trop favorable au RDR et au nord.etc. C’est un vrai chemin de croix qui se présente pour Alassane Ouattara qui se montre comme si rien ne bouge autour de lui. Il reste raide comme un boxeur dans les cordes.

Tout le monde se souvient que M. Alassane Ouattara avait fait beaucoup de promesses électorales aux Ivoiriens pendant ses campagnes. Aujourd’hui Il est pris dans son propre piège politique. S’il ne change pas de ligne politique, il traînera ce boulet jusqu’à la fin de son premier mandat. Il doit quitter aussi la présidence de son parti, le RDR, comme le dit constitution Ivoirienne. S’il ne quitte pas la présidence du RDR, cela montrera l’existence d’un vrai conflit d’intérêt. Il a promis à plusieurs reprises de publier la liste de ses biens. Malheureusement aux annonces , les ivoiriens ne voient rien venir. Et la crédibilité d’Alassane Ouattara est en train de prendre un coup.

Certaines personnes proches de lui considéreront banal ce que je dis, bien qu’ils reconnaissent que la cherté de la vie est devenue un vrai problème pour les Ivoiriens après le départ des LMP. La réalité commence à rattraper Alassane Ouattara, qui se rendra compte qu’il est lui-même responsable de ce piège qui se referme sur lui. Il est coupable de sa politique de « rattrapage », coupables de n’avoir pas agi avec suffisamment de vigueur pour réconcilier les ivoiriens.

Estimer que seule la croissance économique emmènera la paix en Cote d’Ivoire, est faux. Par exemple, le géant économique de l’Afrique Occidentale, le Nigeria, n’est pas en paix parce que ce pays estime que l’argent du pétrole est plus important que la cohésion sociale interne. Les actions menées par les islamistes de BOKO HARAM montrent bien que le seul facteur économique ne peut pas résoudre les problèmes de cohésion sociale d’un pays. Il faut être aveugle pour ne pas comprendre que l’arrivée en masse des investisseurs étrangers ne pourra pas emmener la paix en Cote d’Ivoire, si une vraie politique de cohésion sociale n’est pas mise en place par les partis politiques qui ont pris ensemble le pouvoir à Abidjan.

Le concept de « rattrapage » de M. Ouattara est en train de bouleverser les équilibres au sein du RHDP et d’attiser les tensions des autres militants de cette coalition politique. En fait, le RDR commence à être vu par tous les ivoiriens comme étant un parti politique qui veut gérer tout seul la Cote d’Ivoire. A cela le parti de M. Ouattara n’est pas très différent du FPI de Gbagbo Laurent. L’histoire retiendra que le RDR est aussi comptable de la crise politique qui a secoué la Cote d’Ivoire et Alassane Ouattara en est une figure emblématique. Il doit lui aussi répondre devant la justice. Pas seulement Gbagbo.

Claude Gallagher (Canada)

Sun, 22 Jul 2012 04:54:00 +0200

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