Après avoir lu quelques lignes sur la démarche illisible de certains pontes de la Refondation et sur les failles qui pourraient se creuser dans le mur de la résistance avec les polémiques que soulèvent la tenue d’une convention prochaine du FPI, un ami, fidèle lecteur du journal Aujourd’hui m’a joint au téléphone pour me rappeler entre autres choses la fonction sociale et politique du journalisme. « Vous êtes des conseillers et vous tenez la position d’avant-garde dans les grandes luttes politiques comme celle que nous menons pour la liberté totale du continent africain… il faut donc que vous meniez des réflexions pour réorienter la résistance qui semble aller dans tous les sens. J’ai lu hier dans un organe de la place les déclarations alambiquées du professeur Danon Djédjé qui semblait célébrer le 11 avril comme un jour de délivrance et recommander au FPI d’aller aux négociations avec le pouvoir RHDP sans condition… Il faut s’inspirer du modèle sud africain. Jusqu’à ce qu’on ne libère Nelson Mandela, qui ne voulait d’ailleurs pas l’être sous conditions, et jusqu’à ce qu’on leur reconnaisse l’égalité politique et démocratique d’une personne-une voix, les résistants sud-africains ne se sont jamais satisfaits des strapontins politiques que le système de l’apartheid pouvait leur offrir pour soulager sa conscience face aux pressions du monde entier. L’ANC est né en 1912, si nous comptons à partir de cette date où le mouvement de résistance a pris conscience de lui-même dans une organisation politique, on peut dire sans se tromper, que la lutte pour la liberté totale a duré plus de cent ans. Avec à la clé le sacrifice de plusieurs générations de politiciens qui n’ont pas voulu donner dans la compromission pour que celle d’aujourd’hui marche la tête haute dans un monde toujours dominé par des esclavagistes de tout acabit. Nous sommes aujourd’hui dans la même configuration avec l’emprisonnement de Laurent Gbagbo. Personne n’ignore la politique de rattrapage ethnique de Dramane Ouattara qui n’a rien à envier à Peter Botha et la pression internationale sur ce régime politique innommable commence à poindre du nez. Libérez Gbagbo a remplacé aujourd’hui Libérez Nelson Mandela dans tous les rassemblements du monde et la question s’est même invitée dans la campagne électorale du pays parrain de la dramanie. Ce n’est donc pas le moment de vendre la lutte aux forces rétrogrades en se jetant à bras raccourcis sur des prébendes que pourraient offrir des négociations de contrebandiers.» Je n’ai rien eu à ajouter à l’écoute de ce cri de cœur récurrent dans l’opinion de la résistance ivoirienne. Sauf que j’avais lu Un long chemin vers la liberté de Nelson Mandela et qu’il y a des luttes qu’on ne vend qu’à ses dépens. Celle que Laurent Gbagbo a continué à mener en dépit de toutes les tentations et sous des bombes assassines d’un impérialisme barbare est tout simplement invendable.
Joseph Marat
Mon, 16 Apr 2012 00:46:00 +0200
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