Spectacle / Festival International du rire d’Abidjan : 31 octobre 2010, une date ‘’provisoire’’ à laquelle Dahico ne croit pas

Photo : DR
Le public qui n’a pas boudé ce plaisir, a fait le choix du Fira, un week-end de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire où plusieurs activités étaient au rendez-vous dans le District d’Abidjan. Savoir le contenu de la Comédie Electorale ivoirienne, thème principal de la Nuit du « One man show » (le vendredi), n’a pas échappé à la Commission Electorale Indépendante (CEI) représentée à la salle de 1500 places par Baba Coulibaly. Interpellé par ce thème qui n’est autre qu’une critique non voilée de ladite institution, Celui-ci a dit : ‘’nous sommes venus voir le spectacle’’, d’un ton amusant. Rire de nous-mêmes, tourner en dérision l’actualité et l’environnement est le parchemin de chacun des humoristes invités au Fira 2010 : Agalawal, Koro Abou, Magnifik, Zongo, Koby. Au-delà de la CEI, les artistes épinglent les acteurs politiques, dénoncent certains comportements sociaux, parlent de la moralisation de la vie publique et portent un regard sur le cinquantenaire. Débutant la série du « One man show », Alain Koby (14 mn) dévoile le Parti Ivoirien du Rire (Pir) auquel appartient chacun d’entre eux. Ce sont les membres du bureau politique (les humoristes) qui développent, devant le public, les idéaux du parti. L’Ambassadeur Agalawal (16 mn) est d’avis que 50 ans dans la vie d’une nation représentent l’âge de la maturité parce qu’admet-il ‘’on est adulte’’. ‘’Ce qui veut dire désormais qu’on est dans un pays d’adultère’’, ironise-t-il. Si le comédien abandonne sa théorie de ‘’deux cas’’, il développe une réflexion où le problème mineur soit-il, peut gangrener tout un système. Sa représentation s’achève sur une chorégraphie, montée par lui, au son de la musique de Debordeau Likufa qui remplace sa chorégraphie au rythme de Bobaraba. Quand la scène se transforme en un plateau de télévision, l’on assiste au ‘’2è numéro’’ de l’émission ‘’La course au palais’’ présentée par Beugré Djepp qui a pour invités ADO (Diomandé Bakary) et HKB (Koloko Germain). Processus de paix, alliance politique, marche du 15, place de la jeunesse dans le programme de gouvernement, prestations des équipes africaines au Mondial en Afrique du Sud sont les sujets abordés… Place à Zongo. Habillé d’un bel ensemble Faso Dafani, l’humoriste donne en 20 mn le sens du cinquantenaire qui doit pouvoir dire ‘’indépendance spirituelle et vestimentaire’’. Au public il fait ‘’la confidence de sa vie’’, son mariage avec Tao, un homme. Une critique de la société qui vit une perpétuelle crise de valeur morale. Le clou du One man show a été donné par Dahico, en 35 mn. Il jette à souhait des pierres dans le jardin de certains leaders et hommes politiques qui ont toujours manqué, soutient-il, de respecter leurs promesses. Ce qui lui fait dire que la date fixée du 31 octobre 2010, pour les élections en Côte d’Ivoire, est une ‘’date provisoire’’. Cependant, il réclame en plus d’une indemnisation, son argent à Fatoumata Diop. Le second jour, le samedi, la scène de l’Espace Anoumabo est transformée en un ‘’Palais de la justice et de l’injustice’’ avec pour ‘’Procureur du rire’’ Dahico. Magistralement habillé, il fait savoir que ‘’nous sommes là pour la moralisation de la vie publique’’. Racket, mandat à délai indéterminé des chefs d’Etats africaines, l’école ivoirienne, la corruption. Tout y passe avec des prévenus accusés ‘’d’escroquerire et de piraterire’’ (Koro Abou), de déversement de déchets toxiques (Le Magnifik), de braquage et de banditisme (Zongo). Mais, contre toute attente, le Procureur du rire suspend, pendant 20 minutes, l’audience de Le Magnifik, perturbée par le feu d’artifice du côté de la Place de la République, au Plateau. La scène distrait certes mais, Dahico n’attendra pas sa fin pour reprendre son spectacle que suit le public jusqu’à la fin, après le passage de Zongo

Koné Saydoo

Encadré

Le Dolo, cette boisson qui saoule de rire

Des militants pas comme on en voit dans d’autres partis. Au Parti Ivoirien du Rire (Pir), les militants ‘’paient’’ pour être au meeting (du rire), pour voir leur leader sur scène. Comique à souhait, Dahico porte, sans protocole, au-dessus de la tête son fauteuil présidentiel au style Louis XIV. ‘’J’ai mon fauteuil, le siège pour lequel on se bat. Donnez-moi le pouvoir, je vous le rendrai par le rire’’, propose Dahico dont le spectacle aguiche toujours. Pourtant, nombreux sont ceux qui, quand ce fils (Dolo Adama) d’immigrés maliens, naturalisé ivoirien a payé sa caution de 20 millions pour être – dans la réalité – candidat aux prochaines élections présidentielles en Côte d’Ivoire, ont prédit la fin d’une carrière artistique. ‘’Quand j’étais artiste, je rêvais de mourir sur la scène comme Molière. Maintenant que je suis candidat, je veux mourir au pouvoir’’, dit-il. Pour se rendre compte si ses militants ou son public, étaient de ceux qui prédisaient cette fin, il fallait bien attendre le Fira 2010. ‘’Le temps est arrivé, on va rire’’, chante Dahico dans une chanson composée. A dire vrai, au PIR, le Dolo de chez Dahico dont s’abreuvent les spectateurs-militants n’est autre que cette boisson qui saoule de rire et qui rivalise avec toute autre stratégie de mobilisation car le public est toujours au rendez-vous. Même si l’humoriste-candidat, complexe dans sa politique, est drôle aux yeux de certains dans ses habits de candidat, il sait prendre et donner des coups et prendre des points. ‘’Depuis que j’ai commencé à mettre dans la ville mes affiches (pour le Fira), vous voyez bien qu’ils ont fixé la date des élections’’, se défend le candidat Dolo Adama. Même s’il n’y croit pas parce qu’annonce-t-il, le 31 octobre est une ‘’date provisoire’’, il milite pour le retour de la paix

KS

Avec le partenariat de l’Intelligent d’Abidjan

Tue, 10 Aug 2010 02:29:00 +0200

0

Laisser un commentaire

Nous utilisons des cookies afin de vous offrir la meilleure expérience possible sur notre site Web. En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez notre utilisation des cookies.
Accepter
Refuser
Privacy Policy