Quelle lutte mènera le PDCI pour la Côte d’Ivoire ? – Par Kobena I. Anaky (Ancien ministre ivoirien, auteur de « ALASSANE OUATTARA CONTRE LA NATION IVOIRIENNE»)

Toute l’Afrique de l’Ouest, au moment où la zone de turbulence qui a fait se précipiter des coups d’État militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger semble s’éloigner, n’a pour le moment, comme grand sujet d’actualité politique, que les revers diplomatiques de la France dans la sous-région, et, comment, en Côte d’Ivoire, les partis politiques s’organisent en vue de la présidentielle de 2025.
Nous nous bornerons cette semaine à vous entretenir de la Côte d’Ivoire et de l’élection présidentielle de 2025.

Pour faire un état des lieux, au moment où nous écrivons ces lignes, on peut estimer, à l’enseigne des trois grands blocs politiques de Côte d’Ivoire, que :

A/ Le RHDP/RDR du Président Alassane Ouattara, grand vainqueur des dernières élections municipales, régionales et sénatoriales, vient de tenir une revue des résultats. Il ne semble pas douter que cette présidentielle 2025 lui est déjà acquise.

Il se fait même la petite coquetterie de ne pas encore avoir pour acquis le nom du militant qui ira déposer son dossier de candidature sous sa bannière.

Même si, déjà, tous ses élus et responsables ont tous, au moins une fois, estimé, que, dès lors qu’on ne change pas le capitaine d’une équipe qui gagne, la question n’a pas lieu d’être posée.
Son électorat qui, depuis toujours, n’a même jamais imaginé autre chose, se contente de prier pour que le souffle de vie soit toujours en bonne et due place.

B/ Le PPA-CI et ses nombreux alliés et assimilés : c’est le grand branlebas. L’on suit avec intérêt le grand parti historique qui retrouve progressivement vigueur et voix.
Mais l’on a autant l’œil sur l’autre grande partie des anciens de la gauche ivoirienne qui ne pourront qu’opter pour la réunification.

Certaines fractures, douleurs et rancœurs, nées de dysfonctionnements dans la gouvernance d’ensemble du passé, semblent encore vives, mais se doivent de disparaitre dès 2024 ; ceci pour que le bloc puisse aborder l’année 2025 léger et en mesure d’assurer sa partition.

Les séquelles des interrogations, doutes et rancœurs suite à la récente élection municipale d’Abobo, vraiment surmédiatisées sur les réseaux sociaux, ne devront relever que du souvenir.

Ce challenge pourrait paraitre irréalisable si l’on se fie aux déclarations des leaders vedettes.
Mais il convient de ne pas oublier qu’en matière de stratégie et mobilisation autour d’un enjeu électoral, les partis politiques formés dans l’ancienne gauche socialiste sont réputés plus réactifs et performants que ceux de la droite centriste ou conservatrice.
Espoir donc….

C/ Le PDCI-RDA : Ce parti, fondé par Félix Houphouët Boigny il y a déjà longtemps, doit se donner un nouveau président suite à la disparition de Henri Konan Bédié, qui avait reçu le bâton de relais de Houphouët lui-même.
C’est dans quelques jours, le 16 décembre 2023, que se tiendra son grand congrès extraordinaire pour cette élection qui retient tous les souffles, en Côte d’Ivoire comme dans la sous-région ouest africaine.

Bien entendu, tous les États soucieux de développer leur présence en Afrique, tout comme les organisations à compétence mondiale et panafricaine, ont les yeux rivés sur ce qui va forcément dépasser le cadre de la vie interne d’un parti politique ivoirien, puisse-t-il être le plus représentatif et prééminent en légitimité historique.

En effet, si l’on s’accorde à considérer que la Côte d’Ivoire sociale et politique peut être ramenée à un tabouret à trois pieds, le PDCI demeure toujours le pied du fond, pilier de l’édifice, le RHDP/RDR et le PPA-CI représentant ceux de l’avant.

Le PDCI devrait, de 2023 à 2025, vivre l’étape la plus décisive et même historiquement fatidique de son existence, car après un retour au pouvoir tenu pour acquis, mais perdu en 2015, et les péripéties et troubles de 2018 à 2021, seule une victoire à la prochaine présidentielle lui permettrait de se retrouver : d’abord pour lui-même et ses fidèles, et ensuite pour le reste de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique.

Il est donc évident que c’est le RHDP/RDR et le Président Ouattara qui seront les observateurs les plus attentifs – quoique forcément discrets et opérant en off – de ce congrès du PDCI du 16 décembre 2023.

Le RHDP/RDR et le Président Alassane Ouattara sont même condamnés à anticiper et à mettre la main à la pâte, une attente passive des résultats des scrutins étant impensable pour un pouvoir aussi présent sur la scène ouest africaine. Ce pouvoir Ouattara qui représente désormais tant, d’un point de vue géostratégique et militaire, pour le grand Occident, Europe et OTAN compris. Ces derniers ne ménageront rien pour que se perpétue en Côte d’Ivoire une gouvernance politique qui continuera de les assurer de sa fidélité à leurs intérêts, dans ce grand espace Sud Atlantique qui s’étale de la Mauritanie au Cap. Zone qui deviendra la première route maritime au monde lorsque, au Proche Orient, le conflit israélo/arabe conduira à des embrasements qui détourneront du Canal de Suez. Cela sans évoquer le potentiel minier et en hydrocarbures de l’Afrique Noire, sous les pieds de la démographie la plus dynamique et attractive au monde.

Tout cela pour dire que, certes, pour la majorité des Ivoiriens, le 16 décembre sera le jour du jour du PDCI. Mais tous les grands de ce monde compteront les apartés et alliances qui, à l’issue du scrutin, présenteront un PDCI nouveau.

Nous pourrons voir se profiler un parti de combat, prêt à rassembler toute l’opposition politique et toute la Côte d’Ivoire pour rouvrir de nouveaux chantiers de développement et d’émancipation à partir de 2025.

Nous pourrons, par contre, aussi assister à la renaissance d’un parti marqué par la nostalgie de ses longues années au pouvoir. Et qui, alors, privilégiera une alliance avec le pouvoir RHDP/Ouattara en bonne place et posture, les points de convergence au cours des trois dernières décennies n’étant plus à relever.

Ce sera alors la victoire finale des nombreux hauts cadres PDCI qui ont poliment, mais fermement, refusé de suivre leur Président, Henri Konan Bédié, lorsqu’il décida, en ce 9 août 2018 de vive mémoire, de retirer le PDCI de l’alliance RHDP.

L’histoire ne s’arrête pas, les pays et les peuples évoluent, mais peut être que le 16 décembre donnera un éclairage vif sur les élections présidentielles de 2025.
Que vive la Côte d’Ivoire !

Le 29 novembre 2023
Ministre KOBENA I. ANAKY
Président du MFA

Retrouvez La chronique du Président Kobena I. Anaky, tous les mercredis, sur www.ladepechedabidjan.info

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