Kobena Anaky depuis Paris : « Aujourd’hui, il y a une Côte d’Ivoire du nord, une Côte d’Ivoire du sud, il y a la Côte d’Ivoire des chrétiens et la Côte d’Ivoire des musulmans »

Auteur du livre « Alassane Ouattara contre la nation ivoirienne », Kobena Anaky, le président du Mouvement des Forces de l’Avenir était présent au Salon du Livre Africain à Paris. Dans une déclaration faite à La Dépêche d’Abidjan, l’ancien ministre ivoirien des transports soutient qu’ « Aujourd’hui, il y a une Côte d’Ivoire du nord, une Côte d’Ivoire du sud, il y a la Côte d’Ivoire des chrétiens et la Côte d’Ivoire des musulmans. » Son constat est que Alassane Ouattara contribue à accroître le faux clivage entre le nord et le sud, entre les musulmans et les non-musulmans, sans pour autant l’effacer malgré ses prétentions. Nous vous proposons l’intégralité de son message.

 

« Je suis actuellement à Paris, à la mairie du 6e arrondissement, et je suis venu participer au salon du livre africain, qui a débuté il y a trois jours.

Je suis venu d’abord en tant que personne aimant la lecture et les livres, mais aussi parce que je suis moi-même l’un des auteurs présents aujourd’hui pour la dédicace.

Et quand je dis dédicace, je parle de la sortie officielle du livre que j’ai écrit et qui a été édité par l’Harmattan, une maison d’édition bien connue, intitulé « Alassane Ouattara contre la nation ivoirienne ».

C’est un titre qui peut surprendre ou étonner, et pour lequel on m’a déjà posé beaucoup de questions, mais c’est un titre qui a été bien choisi, bien pesé, parce que dans ce livre, je ne m’attarde pas trop sur ce qu’on pourrait appeler la gouvernance habituelle d’Alassane Ouattara, à savoir chef d’État, bon chef d’État, les choses bien gérées, mal gérées.

Je pense qu’avec le temps, puisqu’il en est à sa 13e année au pouvoir, tout le monde a eu le temps de voir ce qu’il peut vraiment apporter à la Côte d’Ivoire, et surtout, ce qu’il n’apporte pas, et dans quoi il enfonce le pays.

Donc, je ne me suis pas trop attardé sur la corruption qui est aujourd’hui généralisée, sur le fait que nous avons atteint un niveau d’endettement tellement élevé que même la semaine dernière, tous les parlementaires de l’opposition ont exigé qu’il y ait une commission d’enquête pour examiner la totalité de l’endettement de la Côte d’Ivoire depuis qu’Alassane Ouattara est arrivé au pouvoir. Il y a donc beaucoup, beaucoup de choses qui ne vont pas.

On ne parle pas de l’école qui continue à s’enfoncer dans le gouffre. Nos enfants ne reçoivent pas de vraies formations, ils ne reçoivent pas de véritables éducations. Vraiment, on pourrait en parler longuement.

Alassane Ouattara a récemment remporté un grand succès international avec la Coupe d’Afrique des Nations.

Les choses se sont bien passées pour la Côte d’Ivoire. En tant qu’Ivoiriens, nous nous réjouissons tous et nous avons entendu des louanges un peu partout, « C’est la meilleure des 34 CAN qui ont été organisées, on a vu un pays merveilleux, un pays avec de nouvelles infrastructures développées, du même niveau que ce qu’on voit en Occident ou ailleurs et ainsi de suite. »

Une fois pour toutes, entendons-nous bien : la méthode d’Alassane Ouattara, qui consiste à s’endetter et à accumuler les dettes pour construire sans cesse, avec la complicité de certaines multinationales, démontre qu’après un laps de temps très court, l’état déplorable des infrastructures devient évident. On a vu comment les routes se dégradaient après la saison des pluies, on a même vu le grand stade d’Ébimpé, où il a fièrement donné son nom, prendre l’eau après la pluie. Il y a donc tous ces points qui sont connus en Côte d’Ivoire, mais qui doivent  être observés à l’étranger.

Mais là où il y a un problème, et c’est ce qui m’a poussé à écrire ce livre et à le proposer, en dehors de toute élection ou quoi que ce soit d’autre, c’est que, aujourd’hui, la nation ivoirienne est en danger.

La nation ivoirienne est en danger, ce qui signifie qu’Alassane Ouattara a commencé à tout faire pour qu’il soit impossible, dans quelques années, de reconnaître une nation ivoirienne. Et que la nationalité ivoirienne ne signifie rien.

Dès son arrivée, son premier souci a été d’accroître le faux clivage entre le nord et le sud, entre les musulmans et les non-musulmans.

Malgré le prétexte qu’il serait le premier à venir effacer cela et à faire comme si cela n’avait jamais existé, c’est tout à fait le contraire.

Aujourd’hui, il y a une Côte d’Ivoire du nord, une Côte d’Ivoire du sud, il y a la Côte d’Ivoire des chrétiens, la Côte d’Ivoire des musulmans, ce qui risque de nous conduire très loin si, dès maintenant, nous n’arrêtons pas cela. Parce que si nous n’arrêtons pas cela, dès maintenant, si nous ne marquons pas une pause, avec l’immigration et nos frontières ouvertes, tous nos frères de la sous-région ouest-africaine, que nous n’interpellons pas, que nous acceptons toujours de bon cœur, sont venus se joindre à nous, ont travaillé avec nous, nous avons construit le pays ensemble, et nous continuerons à le faire ensemble, mais à un moment donné, ce qu’on appelle la nation ivoirienne elle-même va se diluer. Or, une chose est aujourd’hui expérimentée sur tous les continents, tous les États et toutes les grandes nations doivent d’abord se battre autour d’un noyau, et c’est à partir de ce noyau que tout le reste se construit.

Si, comme semble le vouloir Alassane Ouattara, pour lui la Côte d’Ivoire n’a pas de sens, ce n’est rien, s’il n’y a pas d’Ivoiriens, si tout le monde est venu se retrouver dans une sorte de terrain, de pirogue commune, alors dans deux ou trois générations, nos enfants n’auront pas de repères identitaires solides.

Et si nous en arrivons là, nous aurons tout perdu. Et cela, nous ne pouvons pas le permettre, pas du tout, pas du tout, pas du tout. Ce que je suis en train de dire, c’est que cela n’a pas encore frappé l’esprit ou la conscience de beaucoup d’Ivoiriens qui vivent leur vie normalement et qui ne sont pas conscients. »

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