Attaques répétées contre la Côte d’Ivoire Quand le pouvoir joue avec le feu

La Côte d’Ivoire va mal. Depuis quelques mois – et quasiment de façon quotidienne, ces derniers jours –, le pays de Félix Houphouët-Boigny est plongé dans une guerre larvée qui ne dit pas son nom. La Côte d’Ivoire est attaquée de toutes parts. Des individus puissamment armés ont entrepris, lâchement (de préférence la nuit), de s’attaquer à des populations plus ou moins ciblées, les criblant de balles sans qu’ils n’aient bien souvent le temps de réaliser ce qu’il leur arrive. Le bilan – provisoire, il faut le craindre – de cette expédition meurtrière, pour le moins lourd, se chiffre en plusieurs dizaines de tués, plongeant du coup la population dans une psychose. De plus en plus, l’angoisse s’empare de nos compatriotes, qui s’interrogent sur les conséquences de cette situation, mais davantage sur les dispositions prises par les autorités pour mettre fin à ce déferlement macabre.
Pourtant, là où leurs yeux sont rivés, c’est-à-dire au sommet de l’Etat, ils ont comme l’impression que les choses ne bougent pas vraiment dans le sens adéquat. Ils ne voient pas la main vigoureuse, ferme et dissuasive de l’Etat. Ils ne voient pas la puissance protectrice de la machine de l’Etat. Et chaque jour, des Ivoiriens tombent.
Et les voilà donc, nos chers compatriotes, se posant de simples questions : mais qu’est-ce qui empêchent vraiment nos autorités de mettre fin à ce carnage ? Pourquoi, diantre, alors que les agresseurs n’en sont pas à leurs premiers forfaits, sont-elles toujours réduites à constater les dégâts ? Pourquoi ce manque palpable d’anticipation ?
Ils se posent ces questions parce qu’en lieu et place d’une réaction appropriée face à ces actes de guerre qui continuent d’endeuiller des familles, les mesures prises par le gouvernement ne rassurent guère. Pis, aujourd’hui, une certaine opinion pense que tout ce qui se passe vient des dissensions au sein des Forces républicaines de Côte d’Ivoire. Plus grave, cette version est même actuellement relayée par des télévisons, radios et organismes internationaux. Lorsqu’on écoute une chaine comme RFI ou on lit les dépêches de l’AFP, il faut rechercher les vrais auteurs de ces attaques dans le camp du président Ouattara. Plus précisément dans les rangs des démobilisés mécontents. Certaines ONG et associations de défense des droits de l’Homme la Ligue ivoirienne des Droits de l’Homme (LIDHO), lors de leurs dernières sorties, se sont engouffrées dans cette brèche. Au point qu’aujourd’hui, pour de nombreux Ivoiriens et pour certaines chancelleries, ce sont les pro-Ouattara qui s’entretuent.
Or, la logique la plus simple – et même le constat que tous les observateurs font – est que veut tout le monde sait qui attaque la Côte d’Ivoire. Comme on le dit couramment : « Dans ce pays, on se connait en détail ». Dans le cas qui est celui de la Côte d’Ivoire, les assaillants ne peuvent se situer que du côté de ceux qui n’ont jamais accepté la victoire du président actuel et qui ont toujours affiché leur volonté de mettre tout en ?uvre pour l’empêcher de gouverner. Or, dans leurs discours et attitudes, les tenants actuels du FPI ne font pas mystère de leur hostilité vis-à-vis la gouvernance Ouattara. On le voit clairement dans leur refus de la réconciliation, du dialogue politique, de la participation au gouvernement d’ouverture, du refus de participer aux élections législatives et, sans doute, locales. Quand on refuse la réconciliation, n’est-ce pas qu’on se met dans la disposition d’esprit contraire ? N’est-ce pas qu’on se met dans la position du belligérant ? Le FPI est le seul parti qui a intérêt à ce que la Côte d’Ivoire replonge dans le chaos. Miaka et ses camarades ont beau le nier, personne n’est dupe. Ce qui a cours en ce moment, porte bien la marque des, pro-Gbagbo et donc des refondateurs.
Mais pendant ce temps que fait-on au sein de la coalition au pouvoir pour empêcher que les bourreaux ne se proclament victimes ? Rien du tout ! Aucune réplique. Aucun démenti pour combattre cette thèse pernicieuse qui, comme une gangrène, commence insidieusement à gagner du terrain. Apparemment, le pouvoir semble ne pas avoir pris la pleine mesure du danger qui guette la Côte d’Ivoire. Le RHDP a tendance à oublier que le FPI est ce parti trotskiste rompu dans l’art de la manipulation et de la désinformation. Le parti de Laurent Gbagbo a une capacité de nuisance qui n’est plus à démontrer. Mais au RHDP, l’on feint parfois de l’ignorer. L’ancien parti au pouvoir – il ne faut se voiler la face – n’est pas étranger à tout ce qui se passe. Au niveau du gouvernement, on l’a même, à maintes reprises, dénoncé. Mais l’on a l’impression que jusqu’à présent, on s’en tient seulement au discours. Alors que le moment est venu pour le gouvernement de poser des actes concrets pour décourager tous les fauteurs de trouble. En véritable pyromane silencieux, le FPI avance masqué dans cette affaire. Chaque jour, le parti de Laurent Gbagbo essaye quelque chose et avance à petits pas dans son projet de déstabilisation. Hier, c’était le départ des FRCI qui était réclamé dans certaines villes. Aujourd’hui, ce sont des attaques contre les positions de soldats de la République. Demain, sans doute, ce sera des mouvements militaro-civiles pour exiger le départ du gouvernement. Et cette hypothèse n’est pas une fiction. Elle est plus que plausible. C’est d’ailleurs ce à quoi travaille en ce moment le directoire de l’ex-parti au pouvoir et sa branche armée. Miaka Oureto et ses camarades gardent pour le moment le silence et clament à qui veut les entendre que le FPI n’est pas abonné aux putschs. Mais si une des mèches que des mains obscures, quoique visibles, tentent d’allumer, arrivait à provoquer la déflagration générale tant rêvée, l’on ne serait pas étonné de voir applaudir des dix doigts tout le comité central du parti à la rose. La Côte d’Ivoire aujourd’hui ressemble à une poudrière où le FPI de temps à autre s’amuse à jeter des étincelles. Il appartient donc au pouvoir de cesser de jouer avec le feu en arrachant le briquet à ce dangereux pyromane qui joue à la roulette russe avec la vie des Ivoiriens.

Jean-Claude Coulibaly in Le Patriote

Sat, 18 Aug 2012 11:36:00 +0200

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