Au cœur de la Cité du “Poro“, Comment Korhogo vit avec Gbagbo

Un des quartiers généraux de l’ex-rébellion armée, baptisée ” Forces nouvelles”, la cité du ”poro” a souffert des dix dernières années de crise militaro-politique qui a secoué la Côte d’Ivoire. Depuis la signature des accords politiques de Ouagadougou, jusqu’à la prise du pouvoir d’État par Alassane Ouattara, Korhogo, en l’absence de certains démembrements de l’Administration publique, essaie de retrouver un second souffle. Cette ville qui peut se vanter de la bonne tracée de ses voies traîne malheureusement la réputation d’une localité poussiéreuse, car la plupart de ses artères ne sont pas revêtues, lui donnant parfois l’aspect d’une ville abandonnée…La reprise de l’activité économique est effective, à en juger par l’ouverture de presque toutes les agences de banques aux clients , l’approvisionnement des marchés et le transport des voyageurs et des marchandises. Au plan sanitaire, l’hôpital général de la ville, malgré les problèmes d’équipement et d’effectif, enregistre, selon des sources médicales, près de cent consultations par jour. Quelques cliniques offrent des prestations, mais cela ne couvre pas les besoins en santé des populations. Pour ce qui concerne l’éducation, les établissements publics (lycée moderne, collège moderne, lycée Houphouët…) et ceux du privé continuent de dispenser les cours, dans la droite ligne des examens de fin d’année. La préfecture, les sous-préfectures, la mairie sont ouvertes et jouent leur partition et administrent la région et la commune dans la mesure de leurs moyens…C’est donc cette ville qui porte, à l’instar de bien de collectivités du pays, les séquelles (l’arrêt des travaux de réhabilitation des édifices publics, perturbation de l’activité économique, etc. ) de la crise militaro-politique et tente de se frayer un chemin vers le développement, qui a accueilli, le 13 avril 2011, le président Laurent Gbagbo, chef d’État déchu, qui y a été assigné à résidence. Si dans la première semaine de son arrivée, le sujet était au centre de toutes les conversations au point que tout ce qui touchait à l’ancien chef d’Etat ne manquait pas d’intérêt pour les populations, aujourd’hui 3 mois et demi après, cette présence n’a nullement modifié les habitudes des Korhogolais qui en sont de plus en plus indifférents. ” Ce que nous savons c’est qu’il est à Korhogo. Et depuis qu’il est là, rien fondamentalement n’a changé dans la ville. Ni sur le plan de l’activité économique, ni sur le plan de la sécurité. La vie se déroule ici le plus normalement du monde”, explique Ouattara Poufouré, agent commercial, habitant de la ville. ” Par moments, on oublie carrément qu’il est Korhogo. Moi je ne l’ai jamais vu depuis qu’il est ici. Comme on le dit bien souvent, sa présence à Korhogo est égale à son absence”, renchérit Koné Djénaba, vendeuse de légumes au marché de la ville. Il en est de même de la détention des militaires haut gradés restés loyaux à Laurent Gbagbo, à la Compagnie territoriale, ce camp militaire qui est aussi la base du commandant Fofié Kouakou Martin, commandant de la zone, un des chef de guerre des Forces nouvelles.
Cette indifférence des populations au sujet de la présence de ces prisonniers politiques est d’ailleurs entretenue par le calme qui règne au quartier ”Résidentiel 1 ” où est située la résidence présidentielle à Korhogo. Devant ce ”palais”, aucun dispositif dissuasif, indiquant la présence de quelqu’un d’important en ces lieux, n’est remarquable. Des barricades ont été dressées à quelques endroits dans le périmètre de la résidence, mais n’enfreignent en rien la circulation. A l’entrée principale, deux soldats assis semblent se tourner les pouces. Quelques volontaires s’attèlent à arracher les mauvaises herbes aux alentours. ” Si on ne te dis pas que Gbagbo dort dans cette maison, tu ne le sauras jamais. On n’entend aucun bruit et on ne voit aucun mouvement”, laisse entendre un habitant du quartier ”Résidentiel 1 ”. Une demie heure plus tard, nous empruntons un taxi pour le quartier ”Petit Paris”, dans le prolongement de la zone industrielle. Cette partie de la ville abrite la Compagnie territoriale de Korhogo (Ctk) où sont détenus l’ancien commandant de la garde républicaine, le Général Dogbo Blé; l’aide de camp de Laurent Gbagbo, le chef de bataillon Dua Norbert; le commissaire de police, Guédé Zakali, et bien d’autres militaires. Là également, la surveillance est discrète. Trois soldats, armes au point filtrent les entrées. A l’intérieur du camp, deux sentinelles logées chacune dans un mirador qui surplombe la clôture du camp, veillent au grain. Dans ce quartier, des habitants vaquent tranquillement à leurs occupations nullement influencés par les détenus militaires.

Alain BOUABRE in Soir Info
Envoyé spécial

Quelques jours après son arrivée à Korhogo,Comment l`ancien chef de l`Etat a semé la panique

Assigné à résidence à Korhogo depuis le mois d`avril 2011, l`ancien chef de l`Etat, Laurent Gbagbo était -et continue de l`être- un mythe pour bien de Korhogolais. Lorsque la nouvelle de son arrivée s`est répandue dans la ville, de nombreux habitants ont accouru vers la résidence présidentielle dans l`intention de le voir et pourquoi pas le toucher. Ainsi toute information, dans cette période, concernant l`ancien chef d`État déchu suscitait beaucoup d`intérêts et plus dans cette localité voulaient en savoir davantage. C`est bien dans cet esprit que l`on a entendu dire que le président Gbagbo, quatre jours après son arrivée dans la cité du “poro“, aurait réussi à s`échapper de sa “ prison“ par des moyens métaphysiques. Il se serait, en effet, transformé en un cheval blanc, puis se serait retrouvé en dehors de la résidence. Une histoire bien salasse qui n`a pas laissé des Korhogolais indifférents, confirmant dans leur esprit que Gbagbo était bel et bien un personnage mythique comme on en retrouve dans la mythologie. Très vite, l`information a fait le tour de la ville de Korhogo. Principalement au marché, “l`évasion“ de Gbagbo, transformé en cheval blanc, a semé une véritable panique. Mais d`où est partie cette information prise au sérieux par certains habitants ? De fait, de petits malins ont scanné la photo d`un cheval blanc et par des procédés informatiques, ont posé le buste du président Gbagbo à la place de la tête de l`animal. “ Cette photo dupliquée du cheval blanc avec la tête de Gbagbo a été vendue comme de petits pains à des personnes crédules. Ces individus se sont fait de l`argent avant de s`éclipser quelques jours après dans la nature “, a-t-on appris auprès d`un cadre de la ville.“ Cette photo était tellement bien conçue qu`il était difficile de douter de son authenticité, puisqu`on voyait en arrière plan la résidence présidentielle où l`ancien président a été assigné “, a justifié Yao Kouassi, employé de commerce qui a précisé qu`en réalité, tout cela n`était qu`une vaste escroquerie. Au cours de notre séjour à Korhogo, nous n`avons pas pu nous procurer cette “fameuse“ photo qui a fait tant de bruits dans la ville et visiblement a cessé de circuler.

A. BOUABRE in Soir Info

Tue, 26 Jul 2011 09:16:00 +0200

0

Laisser un commentaire

Nous utilisons des cookies afin de vous offrir la meilleure expérience possible sur notre site Web. En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez notre utilisation des cookies.
Accepter
Refuser
Privacy Policy