Femua 2015, un festival social et citoyen

© RFI / Sébastien Nemeth Les Sud-Africains de Freshly Ground, mercredi au FEMUA d'Abdjan.
C’est l’un des grands rendez-vous musicaux de l’année sur la scène africaine. Le Femua, le Festival des Musiques Urbaines d’Anoumabo se tient jusqu’à dimanche à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Les organisateurs espèrent rassembler 100.000 personnes en 5 jours. Un événement créé et porté par le groupe ivoirien Magic System, star internationale qui cette année a invité 13 artistes de renom, du Congolais Fally Ipupa, à l’Ivoirien Bailly Spinto, en passant par les Sud-africains de Freshly Ground ou le Malien Habib Koité.

"Feel the magic in the air, Allez, allez, allez, Levez les mains en l’air, Allez, allez, allez". Les enceintes fatiguées d’Oumar Chaïbou crachent les paroles d’un des tubes de Magic System. Le vendeur de vêtements, comme tous les habitants d’Anoumabo, connaît le groupe ivoirien. Le groupe a grandi dans ce quartier pauvre d’Abidjan aux ruelles sablonneuses où les enfants jouent au foot avec un tas de sacs plastiques roulés en boule. Et même si ses musiciens ne vivent plus ici, ils n’ont jamais oublié leurs racines.

"Ce festival symbolise la reconnaissance des jeunes qui ont partagé nos souffrances et nos peinent pendant un certain moment et qui ont aujourd’hui du succès. Ce sont des jeunes que nous avons connus. Nous savons d’où ils viennent, et s’ils ont atteint une telle notoriété, c’est un plaisir pour nous", explique Anza Ouattara en regardant les techniciens monter la grande scène du Femua au milieu des passants et des boutiques. "L’important, c’est qu’ils n’ont pas oublié le village. Ce genre de festival ne court pas les rues. Il fait du bien à tout le monde. La jeunesse vient s’épanouir sainement ici et découvrir certaines vedettes", ajoute cet enseignant.

Donner de l’espoir

En effet, le volet social reste une clé du Femua. En marge du festival, grâce aux financements de partenaires, une école primaire de 6 classes sera construite à Bangolo, dans l’ouest du pays, zone particulièrement touchée par la dernière guerre. A cette initiative, s’ajoutent des rencontres sportives, un cross où l’on attend 6000 participants, ainsi qu’un tournoi de football.

"C’est toujours important d’être apprécié par les siens. Lorsqu’on voit la galère dans laquelle nous avons vécu ici, partir, puis revenir donner de l’espoir à ceux qui avaient baissé les bras, nous pouvons en être fier", confie A’Salfo, leader des Magic System et commissaire du Femua. "Mais en même temps, nous avons une responsabilité pour continuer à inculquer à cette jeunesse la force du travail, la persévérance et la foi en soi. Il ne faut jamais baisser les bras", ajoute celui dont le vrai nom est Salif Traoré.

Au volet social s’ajoute un véritable plus pour la vie économique du quartier. Les commerçants se frottent les mains, car avec des dizaines de milliers de spectateurs, le Femua relance les affaires. Zacharie Chaibou, vendeur de viande, a sa boutique au pied du podium : "Je suis content. Avec le festival, les ventes sont bonnes. Je suis allé au port pour remplir mon stock à l’avance, car je vais avoir beaucoup de travail, les clients sont très nombreux".

Année électorale
Ce 8e Femua englobe aussi une dimension citoyenne. Le festival a pour thème "Intégration et rapprochement des peuples". Un sujet choisi alors que l’Afrique connaît une année électorale très intense avec des scrutins au Togo, au Bénin, en RDC, au Burkina, en Guinée et même en Côte d’Ivoire. Avec déjà des manifestations dans certains pays, des débats houleux autour de possibles modifications constitutionnelles pour maintenir certains chefs d’état au pouvoir, 2015 est une année à risque pour l’Afrique. "C’était important pour nous de passer par la musique pour apaiser ces tensions. La musique est un facteur de rassemblement. Donc, on profite de ce canal pour passer le message de paix, de cohésion sociale et du vivre ensemble", indique A’Salfo.

L’artiste reste toutefois optimiste étant donné certains événements majeurs survenus récemment sur le continent. "Vu la leçon de démocratie donnée par le Nigéria [NDLR : la présidentielle vient de se dérouler dans un climat apaisé], je crois que cela procure de l’espoir pour une issue démocratique. C’est une Afrique qui commence à s’éveiller et à prendre conscience. Vous avez vu avec le cas Blaise Compaoré [L’ex-président burkinabé renversé par une révolte populaire]. Les hommes politiques ont commencé à comprendre qu’avant tout, c’est l’intérêt du peuple qui doit être prioritaire", conclut A’Salfo.
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Fri, 24 Apr 2015 11:38:00 +0200

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