FRANÇOIS HOLLANDE À DAKAR : DANS LES PAS DE NICOLAS SARKOZY

Il faudrait être naïf, pour croire que la politique étrangère de la France changerait, simplement parce que ce pays a changé de président. On ne change pas de politique (étrangère) du jour au lendemain. Surtout lorsque celui qui doit conduire le pays a tout l’air d’un bon élève, donc un exécutant docile, plutôt que d’être un constructeur de l’histoire. Si en plus il s’agit de l’Afrique, la politique étrangère de la France s’ancrera dans le statu quo hérité de la colonisation. La France refuse obstinément de comprendre qu’elle peut concevoir son existence sans se servir de l’Afrique et des Africains comme marche pied.
Ce 12 octobre 2012 à Dakar, Monsieur François Hollande, président de la république française, comme Nicolas Sarkozy avant lui le 26 juillet 2007, est venu à Dakar, parler aux Africains, du regard que son pays a sur eux. A la différence du texte de son prédécesseur, que l’intellectuel Sénégalais Makhily Gassama a qualifié de « lyrisme de mauvais goût », en son temps, le discours de M. Hollande paraît plus sobre et plus responsable, dans le ton. Mais en ce qui concerne le fond, les idées, il n y a vraiment rien de nouveau.

Oui ! Si François Hollande arrive à se contenir, et à tenir des propos qui ne puent pas la morgue cavalière d’un Sarkozy totalement déluré, il n’en est pas moins accroché à cette conception des dirigeants français, à prendre les Africains pour les galériens du bien être de leur pays. On aura compris qu’on ne peut guère espérer de meilleures relations avec la France. Et ce ne sont pas les quelques points de l’apport de l’Afrique dans l’essor français qu’il reconnaît, au plan institutionnel, lorsqu’il cite Senghor, de même que le rôle des Africains dans la défense de son pays, lors des deux guerres mondiales, qui seraient une affirmation du contraire. Il a même regretté, le comportement de son pays dans l’odieux massacre de Tiarroye en 1944, ce qui est positif, même s’il omet de citer d’autres crimes de son pays sur le sol Africain. Tout cela, hélas, ne garantit pas de liens plus positifs pour l’Afrique avec la France. Monsieur Hollande ne peut se différencier de ses prédécesseurs, dès le moment où se posent les problèmes de la gestion de l’Etat au niveau des richesses et des hommes : autrement dit les questions économiques et les problèmes de démocratie ! Pour ces deux aspects de la vie de l’Etat, la France reste égale à elle-même : accro au colonialisme !

En matière de démocratie :

On est carrément sidéré, lorsqu’on entend le président de la France parler de «  faire vivre la démocratie par tous et pour tous » ! Et alors sonne instantanément dans les oreilles, le propos pour une fois juste d’Abdou Diouf, la marionnette de service à la tête de cet outil de domination qu’est la Francophonie. Il a dit à l’ouverture du 14ième sommet de son organisation, en parlant de démocratie, qu’il faut renoncer à l’attitude des deux poids deux mesures selon qu’il s’agisse de ce pays-ci ou de cet autre-là… Et on ne peut s’empêcher de penser aux crimes de la France en Côte d’Ivoire, crimes à l’issue desquelles le pays de M. Hollande a installé en Côte d’Ivoire une dictature sanguinaire des plus osée, et fait déporté l’élu du peuple à La Haye. Avec cela, le chef d’Etat français ose parler de « valeur universelle de la démocratie », là où on voit bien que le mot démocratie a pour les dirigeants français le sens qui les arrange ; et est démocrate celui qui peut les servir servilement.

En matière d’économie :

M. Hollande, la main sur le cœur, dit que l’Afrique est « la terre d’avenir pour l’économie mondiale. Cela est entièrement vrai ! Le président des Français fait cette déclaration après avoir rappelé que « l’Afrique est le berceau de l’humanité ». Beau concept qui fait penser à Check Anta Diop, cet illustre Africain qu’il a chaleureusement cité. Là où le bât blesse, c’est lorsque Monsieur Hollande parle, pour les Africains, de « renouveler les relations avec la France », et énonce sa conviction que « les pays africains de la zone franc doivent pouvoir assurer de manière active la gestion de leur monnaie et mobiliser davantage leurs réserves pour la croissance et l’emploi. » Et voilà la question de la monnaie, avec l’esclavage financier qu’est le franc cfa, vestige honteux de cette colonisation négatrice de personnalité, de dignité et de droits même, que la France a exercée sur les Africains et qu’elle s’emploie à perpétuer dans le néocolonialisme impudique qui ne recule devant aucun crime.

L’Afrique est la genèse ou la jeunesse du monde ?!

Il semble que M. Hollande ait dit ceci : « l’Afrique est la jeunesse du monde. Elle est aussi la terre de l’avenir pour l’économie mondiale !» Pour les esprits assez peu exercés comme nous autres, il aurait été plus heureux que le président français développe ce qu’il entend par « jeunesse du monde ». Il y a à craindre qu’il n’y ait trop à dire de ce terme de jeunesse, attaché à l’Afrique. On peu croire qu’il parle de ce qu’il subsiste sur ce continent des entités à explorer. Soit ! Il n’en demeure pas moins que l’idée qui est avancée de « berceau de l’humanité », qui fait de l’Afrique, avec la pertinence des travaux de Check Anta Diop, l’origine de l’humanité, il aurait été plus aisé d’entendre dire que « l’Afrique est la genèse du monde, en même temps qu’elle est aujourd’hui « l’avenir de l’économie mondiale ». Car, qu’on le veuille ou pas, l’Afrique est au départ et à l’arrivée. Aucun braquage, aucun crime ne transformera cette réalité. C’est pourquoi, la seule attitude sensée que la France doit avoir avec les Africains, c’est celle qui consistera à s’asseoir, avec les dignes fils de ce continent, non pas ces larbins, des tricheurs sans aucune dimension, qu’elle installe à la tête des Etats au détriment des peuples, s’asseoir donc avec des Africains dignes, et il en existe, autour d’ une table de franchise et de loyauté, pour définir des relations saines et honnêtes, sans tricheries, sans duperie, sans crime ! Alors le monde avancera dans la vérité et la solidarité vraie. En dehors de cela, les crises se succéderont et la faillite s’installera irrémédiablement. Et c’est un leurre pour l’Europe de croire que les crises qu’elle provoque l’épargneront. Tout bonheur bâti au détriment de l’autre reste factice et éphémère !

Que Dieu nous protège !

NDA ADJOUA SUZANNE, Enseignante

Mon, 15 Oct 2012 19:40:00 +0200

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