Liberté d’opinion et d’expression : Un nouveau rapport accable le régime

La Ligue ivoirienne des droits de l’homme (Lidho) a présenté hier une étude sur la situation des libertés d’opinion et d’expression.

La destruction et l’occupation des sièges d’organes de presse et de partis politiques de l’opposition, la suspension de parution de certains journaux d’opposition, l’arrestation et l’emprisonnement des militants et journalistes de l’opposition, les agressions physiques et verbales , les menaces contre les opposants politiques à l’occasion des manifestations publiques de partis politiques, l’interdiction des meetings de l’opposition. Tel est le résultat des investigations menées par la Ligue ivoirienne des droits de l’homme (Lidho) sur les libertés d’opinion, d’expression et de réunion en Côte d’Ivoire, d’avril 2011 à novembre 2012. Cette étude a été présentée hier au Centre d’étude et de recherche d’action pour la paix (Cerap), à Cocody, par le secrétaire général de l’organisation, Neth Willy Alexandre. Les Frci et les militants du RDR sont désignés comme auteurs présumés des violences. L’enquête fait état d’impunité dont jouissent les auteurs des violations graves des libertés civiles et politiques, car « les enquêtes diligentées par le gouvernement n’ont jamais été publiées, ni les auteurs des violations sanctionnées encore moins les victimes dédommagées ». Par ailleurs, la police, la gendarmerie et l’armée censées assurer la protection des personnes et des biens ont été désagrégées par la crise post-électorale. « Une situation aggravée par la prolifération des armes légères et de petits calibres et des armes de guerre, le port des armes par des personnes non habilités, le manque de moyens matériels et logistiques adéquats pour les forces de maintien d’ordre », indique le document.

Au chapitre des menaces et agressions contre les opposants politiques, l’enquête évoque les meetings vandalisés du Front populaire ivoirien (FPI) du samedi 8 octobre 2011 à Koumassi, 19 novembre 2011 à Bonoua, 20 novembre 2011 à la Place Cp1, le 21 janvier 2012 à la Place Ficgayo de Yopougon. A ce dernier meeting, un militant du FPI répondant au nom d’Innocent Brou Appiény a été tué. Une cinquantaine de blessées ont été enregistrés, des véhicules et des commerces saccagés. Autres faits rapportés, l’arrestation le 26 août 2012 du secrétaire général par intérim du FPI. Laurent Akoun a été arrêté alors qu’il revenait d’un meeting, à Akoupé. Le 31 août de la même année, il a été jugé et condamné à six mois de prison ferme pour trouble à l’ordre public. Le 24 février 2012 à Bonon Kouadio Konan Bertin, dit KKB, président la JPDCI a été tabassé par des militants du RDR, lors de la campagne pour les élections législatives partielles. D’après l’enquête, le climat d’insécurité et de violence qui entoure l’organisation des manifestations des partis de l’opposition est le fait de certains partisans du parti au pouvoir. En témoigne les propos ci-dessous, attribué à Amadou Soumahoro, secrétaire général du RDR. « Nous assumons la responsabilité de l’insécurité dont les militants du FPI parlent tant. Mais, Koulibaly Mamadou et Miaka Ouretto n’ont rien à nous enseigner. Désormais, nous allons demander à nos militants de se mettre en ordre de bataille pour mater tous les militants du FPI qui s’attaqueront au président Ouattara. Nous n’allons plus accepter les arrogances du FPI. Oui, nous allons les mater. Ils oublient que tous ceux qui s’attaquent Alassane se trouvent au cimetière. S’ils nous attaquent, nous allons répliquer du tac au tac (…) ».
Au chapitre des atteintes contre les libertés d’opinion et d’expression, le rapport rappel l’attaque du siège du quotidien Notre Voie, proche du FPI, le 22 avril 2011. Le siège de la Refondation S.A a été incendié par des hommes en treillis. Ces hommes ont détruit l’entièreté de l’outil de travail du journal. En outre, le rapport fait évoque les suspensions intempestives des journaux de l’opposition, l’arrestation de journalistes. A cet égard, le document fait mention de la détention depuis le 27 mars 2012 d’Ousmane Sy Savané, le directeur général du groupe Cyclone.

René Hokou Légré, président de la Lidho, a relevé un recul des acquis en matière de liberté d’opinions et d’expression. « Nous avons bien peur qu’il ne s’agisse là d’une remise en cause d’acquis, aussi minimes soient-ils, d’une lutte acharnée pour les libertés, menée deux décennies durant par des forces diverses », a-t-il affirmé.

L’enquête s’est déroulée dans le district d’Abidjan sur un échantillon de 98 personnes.

César Ebrokié in Notre Voie

Fri, 05 Apr 2013 01:06:00 +0200

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