Perquisitions à domicile : Attention aux dérives

Les derniers événements liés aux attaques meurtrières contre les éléments des Forces républicaines de sécurité (FRCI) donnent lieu à différentes actions en vue non seulement de neutraliser les auteurs ou complices, mais aussi de prévenir ce genre d`attentat. Dans ce sens, depuis le début de cette semaine, l`on note une présence massive de personnes en tenues militaires sur les principaux axes routiers de la capitale économique de Côte d`Ivoire, et également dans certains quartiers jugés « sensibles », au motif qu`ils regorgeraient de personnes suspectes. Bien avant, ces forces, sous l`action de la Police militaire du Commandant Koné Zacharia, étaient devenues presqu`invisibles dans les rues d`Abidjan. Ce qui augurait d`un retour à la normalité après les troubles post-électoraux. Aujourd`hui, l`atmosphère est quasi identique à celle qui a prévalu au cours de ce passé récent, avec une mosaïque d`éléments en tenue militaire, sans que l`on parvienne à distinguer le vrai du faux militaire. Les tueries qui ont eu lieu à Abidjan ces derniers temps ont été un alibi pour ces forces d`investir à nouveau les rues à travers des contrôles inopinés. La descente musclée faite par des militaires à Gesco, Sideci et Niangon dans la commune de Yopougon, entrent justement dans le cadre des opérations dites de « ratissage » menées dans ces agglomérations. Il s`agit certes d`une stratégie louable aux yeux de certains, qui recommandent beaucoup plus de vigilance de la part de l`Etat, si l`objectif visé est de déjouer toute atteinte à la sûreté de l`Etat. Reste que des inquiétudes subsistent quant à la bonne application des consignes données par la hiérarchie militaire. En effet, les opérations menées ces derniers jours laissent planer des doutes, voir des suspicions légitimes. Sur quelle base sont menées ces fouilles de domiciles ? La procédure en la manière est-elle respectée par les forces en charge de ces opérations avant de procéder à toute arrestation ? On a vu ce qui s`est passé à Gesco et Niangon, où les militaires ont d`abord procédé par des coups de feu, avant de faire des incursions dans des domiciles. De telles pratiques, loin de faire l`unanimité, contribuent beaucoup plus à créer la psychose au sein des populations déjà traumatisées par les remous socio-politiques. De l`avis de certains analystes, l`idéal serait de confier ce genre de procédure à la police et à la gendarmerie beaucoup plus outillées en la matière. L`armée étant essentiellement conçue pour mener des combats, envoyer les militaires faire des perquisitions risque d`être préjudiciable pour un Etat de droit soucieux de la protection des droits humains.

Bertrand GUEU in L’Inter

Sat, 11 Aug 2012 01:16:00 +0200

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