Sergio Brizio : “La Côte d’Ivoire est une prison à ciel ouvert.”


La violation des droits est la chose la mieux partagée en Côte d’Ivoire ces dernières années

Cinq ans après les dernières élections présidentielles en Côte d’Ivoire, la liste des prisonniers politiques ne fait que s’allonger.
Dans ce pays de l’Afrique de l’ouest, que j’ai eu la chance de connaitre, et que j’aime, s’y passe des choses incroyables avec ce gouvernement. Ce n’est pas de trop d’affirmer que la Côte d’Ivoire est une prison à ciel ouvert.

Soudain, les Ivoiriens fiers de leurs niveaux d’instruction et de leur parfaite maîtrise de la langue française, qui s’exprimaient avec plaisir sur tous les sujets, se contraignent aujourd’hui au silence pour espérer vivre en dehors des prisons. Il suffit que n’importe lequel des citoyens exprime un avis contraire aux tenants du pouvoir, pour qu’il soit inquiété par la justice et par les forces de l’ordre aux ordres.
Cette attitude n’épargne personne, allant des hommes religieux aux politiques, tout en passant par la jeunesse qui refuse le musèlement. Vous vous retrouvez de toute évidence en prison sans aucune forme de procès.
Le 10 juin dernier, trois jeunes leaders de l’opposition (Cisse Mariam Marie France, Alain Sepo et Alain Durand Zagol) en conférence de presse sont arrêtés manu militari et jetés en prison.
Rallongeant ainsi la liste des prisonniers politiques. Comme pour dire la parole vous est interdite.
Quinze jours après leur arrestation, le Président Ouattara ne déclarait-il pas lors d’une interview télévisée qu’il n’était pas normal d’interdire une conférence de presse, et qu’il ne savait pas que des jeunes avaient été arrêtés? C’est le comble de la supercherie.
Mettre des opposants en prison sans que le gouvernement n’en soit informé? Le Ministre de l’Intérieur serait-il un dieu agissant en toute autonomie sans risque de représailles ?

Hélas! Mais depuis, ils sont toujours en prison. Nous avons affaire à un pouvoir prompt à emprisonner même s’il fallait créer un motif. Lorsqu’il s’agit cependant de mise en liberté, ils prétendent respecter les procédures judiciaires.
Combien sont-ils les prisonniers politiques qui croupissent en prison sans procédures, sans jugements et sans soins, comme sous la loi de la jungle? Disons-le clairement, la violation des droits est la chose la mieux partagé en Côte d’Ivoire ces dernières années.

La liberté d’expression s’est volatilisée.

Pour avoir revendiqué de meilleures conditions de travail face à la cherté de la vie, 24 agents assermentés du Ministère du Commerce ont rejoint le mardi 28 juillet la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan(MACA). Le 29, c’était le tour du Directeur de Publication du quotidien Aujourd’hui. Sans oublier ces jeunes leaders de l’opposition, Koua Justin et Dahi Nestor, arrêtés puis déportés dans des prisons à l’intérieur du pays.

Au moment où le gouvernement annonce le dépôt des candidatures pour de nouvelles élections présidentielles qui couteront assurément à leur tour des milliers de morts, nous nous préoccupons sérieusement de l’état de droit dans ce pays. C’est pourquoi, nous attirons avec urgence l’attention des Autorités de l’Italie, de la France, de l’Allemagne et de toute l’Union Européenne sur ce qui s’y passe en matière des droits de l’homme, que les attitudes ambiguës de la Cour Pénale Internationale et de la division de l’ONU en Côte d’Ivoire ont contribué à renforcer.

Nous condamnons avec véhémence le silence coupable de l’Union Européenne, et de l’Union Africaine sur ces violations graves et flagrantes des droits de l’homme, et attirons l’attention d’Amnesty Internationale, Human Right Watch et de toutes les structures qui font des droits de l’homme leur préoccupation.
Nous nous souvenons encore comment l’Union Européenne avec la France de Sarkozy en locomotive, donnait de la voix. Soudain ils sont devenus aphone. Il est bon que les Ambassadeurs accrédités dans ce pays donnent de la voix afin que le monde se rende compte des graves violations des droits de l’homme menaçant la quiétude des habitants de ce pays.

C’est pour un tel gouvernement que l’Union Européenne s’est trempée dans du vinaigre? Nous nous souvenons encore de l’embargo sur les médicaments.

Quelle honte? Après, ce sera des simulacres de compassions à la vue des milliers d’immigrés débarquant sur les côtes italiennes. Ahhh! Pauvre Italie. Tu paies seule le prix de la politique extérieure de l’occident et des multinationales.

Sergio Brizio
Ingénieur Architecte
Vice-Président de l’Organizzazione Ivoriana in Italia ONLUS
ivorianinitalia@yahoo.it
Source : Le Quotidien

Sun, 02 Aug 2015 19:18:00 +0200

0

Laisser un commentaire

Nous utilisons des cookies afin de vous offrir la meilleure expérience possible sur notre site Web. En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez notre utilisation des cookies.
Accepter
Refuser
Privacy Policy