En Argentine, à Madagascar, en Ouganda, en Chine ou en Russie ! Avant la création officielle de l’État d’Israël en 1948, plusieurs alternatives ont existé.
Si l’expression « Terre promise » n’apparaît pas telle quelle dans les Écritures, elle s’est développée dans la pensée juive à partir de la destruction du second Temple de Jérusalem par les Romains en l’an 70. Les Juifs se dispersent alors à travers le monde et attendent, pendant des siècles, la venue d’un messie qui les ramènera vers cette « Terre promise ». 1500 ans plus tard, point de Messie, mais des pogroms à la chaîne. Une centaine de Juifs massacrés à Séville en 1391, 360 victimes dans le quartier juif de Modica en Sicile en 1474… Voilà qui amène au projet de Yassef Nassi en Galilée. Mais l’éphémère roi de Tibériade ne pourra achever son plan : un changement de sultan fait hélas tout tomber à l’eau. Puisque Jérusalem est hors d’atteinte, une idée fait son chemin.
Pourquoi ne pas se créer une « Terre promise » ailleurs ? En 1658, deux Juifs séfarades tentent l’aventure sur la rive du fleuve Suriname, en plein territoire « sauvage » ! Grâce au soutien des PaysBas, leur partenaire en affaires, David Cohen Nassi et Paulo Jacomo Pinto créent une colonie juive. Mais bien vite, les attaques des indigènes ont raison de leur rêve sud-américain. Au XIXème siècle, face à l’antisémitisme galopant, des Juifs européens créent le mouvement sioniste. Leur credo : un État-nation pour sauver les Juifs. La Palestine reste l’option numéro un, mais elle « a déjà ses habitants », rappelle Israel Zangwill, l’un des théoriciens du sionisme. Alors, entre 1890 et 1948, les plans se multiplient pour trouver un territoire. En voici cinq que nous avons passés à la loupe.
1889 : des colonies agricoles dans la pampa argentine
En 1876, l’Argentine promulgue une loi d’«immigration et colonisation ». L’objectif ? Civiliser son vaste territoire en attirant des migrants de type européen ! Maurice de Hirsch saisit l’occasion. Ce banquier juif de Bavière cherche une solution pour mettre à l’abri ses coreligionnaires de Russie, victimes des pogroms. En 1889, il décide d’installer des colonies agricoles, dont il confiera la gestion à la Jewish Colonization Association (JCA). À Moisés Ville ou Villa Clara, plus de 1000 familles posent leurs bagages en six ans. Leur rêve vire au cauchemar. Elles ont pour obligation de travailler la terre. Toute autre activité est interdite, même quand les récoltes sont ravagées ! Le banquier n’hésite pas à demander le remboursement des frais d’installation « avec 5% d’intérêts ». Les administrateurs de la JCA sont autoritaires et ne parlent pas le yiddish, la langue des colons. Dans ces conditions, les candidats jettent l’éponge. En 1909, quelque 55 000 Juifs d’Europe s’étaient bien installés en Argentine, la plupart via le projet de Hirsch. Mais les colonies de la JCA, elles, étaient désertées.
1903 : le père du sionisme rêve d’un état en Ouganda
Ce 26 août 1903, à Bâle, les membres du 6ème congrès de l’Organisation sioniste mondiale (OSM) n’ont qu’un mot à la bouche : l’Ouganda. Le ministre britannique des Colonies Joseph Chamberlain vient de proposer à Theodor Herzl, le président de l’OSM, un territoire (situé dans l’actuel Kenya) pour implanter un État juif. C’est en Afrique, sur les hauts plateaux de la vallée du Rift. Les sionistes râlent. « Traître », hurlent des Juifs russes à Herzl. Depuis 1897, le mouvement sioniste cherche activement un territoire pour « abriter la nation juive ». Car rien ne va plus ! Enthousiasmés par l’héritage de la pensée des Lumières, les Juifs ont un temps cru que l’assimilation dans une Europe devenue tolérante était possible. Mais en 1895, l’affaire Dreyfus éclate. Pour le journaliste austro-hongrois Theodor Herzl, c’est le choc. Il fonde le sionisme, un mouvement politique visant à établir un foyer national juif.
Mais il y a un « hic ». La Palestine n’est pas libre. L’Empire ottoman refuse les propositions d’achat sionistes. Quand en avril 1903, à Kichinev en Russie, 50 Juifs sont tués, Herzl écrit : « Les pauvres masses ont besoin d’aide immédiate. » Quitte à envisager d’autres solutions, même en Afrique ! D’où le plan B : l’Ouganda. L’option divise les sionistes en deux courants. Les « territoritalistes » envisagent la création d’un État, peu importe l’endroit, pour les autres, c’est la Palestine et rien d’autre. Une commission d’investigation est tout de même envoyée en Afrique. Elle décrit un climat « idéal ». Un autre argument choc se répand : les Massaïs seraient des descendants de Cham, le fils de Noé ! Sans attendre, quelques familles de Pologne et de Russie s’installent en Afrique de l’Est dès 1904. Mais un an plus tard, l’OSM rejette le projet Ouganda.
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