Brève histoire du mouvement Rastafari

Ce mouvement est né sur des bases spirituelles africaines, notamment celles de la tradition spirituelle des esprits Obeah dont une des importantes figures était la célèbre résistante Nanny.
Dans la tradition spirituelle Obeah, il s’agissait de conserver les connaissances, la spiritualité, les rites, les coutumes et traditions héritées des ancêtres les utiliser comme moyen de lutte, de rébellion, de résistance et de libération face aux oppressions esclavagistes de toutes sortes.
Il s’agissait ensuite d’accomplir un retour vers l’Afrique.
Comment devait se faire ce retour en Afrique en situation d’esclavage ?
Comme nous le savons tous, dans la spiritualité africaine, la vie après la mort (c’est-à-dire la résurrection) existe. La mort est tout simplement le passage de ce monde physique au monde ou se trouve le créateur. En situation d’esclavage (donc de privation de liberté) les adeptes de l’Obeah souhaitaient donc à défaut de pouvoir faire un retour physique en Afrique, accomplir un retour spirituel vers la terre des ancêtres (l’Afrique). Ce retour spirituel consistait à rester fidèles aux ancêtres et à la spiritualité ancestrale afin qu’après la mort (passage dans l’autre monde) l’esprit de l’adepte de l’Obeah puisse retourner en Afrique et rejoindre les esprits de ses ancêtres africains sur la terre d’Afrique.
Les adeptes d’Obeah portaient déjà les coiffures d’origine africaine qu’on voit sur les fresques pharaoniques qui sont connues aujourd’hui sous le nom de dreadlocks.

Toutes ces idées d’Obeah (luttes contre l’oppression, libération, retour vers l’Afrique, etc..), dont Marcus Garvey fut un excellent promoteur, ont transité dans ce qui est devenu le mouvement rastafari. C’est pourquoi le mouvement rasta prend Garvey pour un personnage important, un prophète. Certains pensent aujourd’hui même que Marcus Garvey lui-même est un descendant d’adeptes d’Obeah ou qu’il à été initié lui-même dans les rituels de cette tradition spirituelle d’origine africaine ( ce qui est tout à fait possible) , c’est pourquoi il prônait tant le retour vers l’Afrique et qu’il a même dit, dans son ouvrage Philosophy and Opinions concernant la spiritualité : « Laissons le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob exister pour la race qui croit au Dieu d’Isaac et de Jacob. Nous, les Noirs, croyons au Dieu d’Éthiopie, le Dieu éternel, Dieu le Fils, Dieu la Mère, le Dieu de tous les âges.
C’est le Dieu auquel nous croyons, et nous l’adorerons à travers les lunettes de l’Éthiopie. »

Eh bien il faut savoir que le terme Éthiopie n’a à l’origine rien à avoir avec l’Éthiopie actuelle. Le terme Éthiopie est à l’ origine un terme dérivant du grec et signifie étymologiquement visage brulé (donc visage noir). Donc l’Éthiopie à l’origine c’est la terre des visages brulés, la terre des visages noirs, la terre de tous ceux qui sont des noirs, la terre d’Afrique. À l’époque de Marcus Garvey, les termes Éthiopie ou Éthiopiens étaient souvent utilisés dans les traductions bibliques pour désigner l’Afrique et les Africains.
Donc lorsque Garvey parle ici d’Éthiopie il parle de l’Afrique. Lorsque Garvey parle ici du Dieu d’Ethiopie, il parle de Dieu tel qu’il était connu et vénéré dans la tradition spirituelle ancestrale de l’Afrique depuis des millénaires.
Rappelons que pour nos ancêtres le créateur est un être caché, invisible. C’est pourquoi nos ancêtres de la vallée du Nil l’appellent Amon (Nom qui signifie : celui qui est caché, invisible, insaisissable, etc.…ou le caché).Mais ce créateur caché se manifeste sous plusieurs facettes à la création. Ce sont ces multiples formes et facettes du créateur unique qu’on appelle (Osiris, Isis, Thot, Ra, etc..). donc les Osiris, Isis, Thot, Anubis, etc.. ne sont pas divers dieux (polythéisme), mais forment l’ensemble des facettes du créateur unique (Amon). Donc pour nos ancêtres le créateur est comme un diamant. C’est à dire que tout en étant un (comme le diamant), il a de multiples facettes (comme le diamant). Et ces multiple facettes n’enlèvent rien au fait qu’il est l’unique (Monothéisme).
Si Garvey parle ici donc de la spiritualité ancestrale africaine, ça signifie que lorsqu’il parle du Dieu éternel il parle ici d’Osiris, lorsqu’il parle de Dieu le Fils il fait Référence à Horus, et lorsqu’il parle de Dieu la mère il parle d’Isis. Voilà les principes profonds défendus par le mouvement rasta authentique et par Garvey dans son mouvement religieux d’Église Éthiopienne appelé encore Éthiopianisme.


D’après la version officielle la plus répandue, Hailé Sélassié (désigné à l’époque par l’éthiopianisme de Garvey comme un leader providentiel à suivre pour la libération du monde noir) serait le descendant d’une union ou d’une relation amoureuse entre le Roi Salomon et de la Reine de Saba, ce qui ferait d’Hailé Sélassié la « réincarnation du Christ » en ce sens que comme le Christ, Hailé Sélassié serait :
-Descendant du roi David puisque descendant de Salomon (Fils de David d’après la Bible)
-Sa venue confirmerait les prophéties bibliques annonçant le retour du Christ sur terre
Mais des problèmes concernant ce lien entre le mouvement Rastafari et le Christianisme subsistent car :
-En ce qui concerne Hailé Sélassié et le mouvement rastafari, la Bible même ne fait pas état d’une relation ou d’une aventure à caractère amoureuse entre le prétendu Roi Salomon et la Reine de Saba.
Si ces données ne sont pas bibliques et ne viennent pas de la tradition des religions révélées, d’où viennent-elles alors ?
Ces données sur Hailé Sélassié concernant Salomon et la Reine de Saba furent répandues par un livre dénommé le Kebra Nagast mais ces données du Kebra Nagast ne sont pas confirmées par l’archéologie et les recherches.
-C’est-à-dire que les recherches n’ont jamais permis de prouver qu’il a eu une quelconque relation amoureuse entre Salomon et la Reine de Saba ou qu’ils ont eu un enfant ensemble. Les recherches n’ont aussi jamais permis de prouver que Hailé Sélassié soit le descendant d’une union entre Salomon et la Reine de Saba, dont les rastas seraient les descendants.
Il n’y a donc aucun lien d’aucune façon entre le mouvement rasta et le christianisme ou le judaïsme.
Les données du Kebra Nagast concernant Hailé Sélassié comme descendant de Salomon et de la reine de Saba n’étant confirmés par aucune recherche archéologique ni aucune donnée historique sérieuse et authentique, cette tradition du Kebra Nagast n’est pas recevable.

Une deuxième tentative de destruction de ce mouvement a été tentée dans la mesure où les gens on tenté de décrire le mouvement rasta comme un mouvement folklorique uniquement fait de chanteurs de reggae, de drogués et de fumeurs, et c’est cette idée que beaucoup de gens croient lorsqu’il voient des rastas.
Par : African History- Histoire Africaine
Fri, 30 Aug 2013 09:19:00 +0200
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