Guy-André Kieffer avait des attaches en Bretagne

Le corps du journaliste franco-canadien, disparu en 2004, a peut-être été retrouvé en Côte d’Ivoire. À Plouër-sur-Rance, près de Dinan, où il passait ses vacances, ses amis retiennent leur souffle.

« Si les analyses ADN confirment que le corps retrouvé en Côte d’Ivoire est bien celui de Guy-André, nous accueillerons cette nouvelle avec tristesse mais aussi soulagement. Nous pourrons faire notre deuil. » Depuis l’enlèvement du journaliste franco-canadien à Abidjan en 2004, Françoise Loeillet se bat pour qu’on sache ce qui s’est passé.
Par pur souci de la vérité ? Non. Aussi par amitié. Pendant plus de 20 ans, Guy-André Kieffer est venu passer ses vacances à côté de chez elle dans son village à Plouër-sur-Rance. « Je l’ai connu dans les années 1985, ainsi qu’Osange, son épouse. Nous faisions de la voile ensemble sur la Rance, qu’il adorait. »

Dix journaux tous les matins

Rapidement, le journaliste s’était fait accepter par les locaux. « Il était très attachant. Nous étions impressionnés par sa culture ¯ journaliste économique à la Tribune il nous racontait le dessous des cartes de la finance internationale ¯ et son côté fonceur, toujours à chercher la petite bête. » Une présence que les Plouërais n’ont pas oubliée. « C’est la seule personne qui achetait tous les matins dix journaux au kiosque du bourg ! »

Dès sa disparition, une bonne partie du village a créé un comité de soutien. Françoise Loeillet en est devenue la présidente. « Il y avait de sales rumeurs qui laissaient entendre qu’il n’était pas journaliste et appartenait au milieu de la Mafia. Ce qui était faux bien sûr. S’il s’est fait enlever, c’est parce qu’il faisait son travail en enquêtant sur les malversations dans la filière cacao café en Côte d’Ivoire. » Un sujet tabou, et particulièrement risqué, dans ce pays alors sous la coupe de Laurent Gbagbo.

Il faudra encore quelques jours ¯ les ossements ont déjà été rapatriés à Paris ¯ avant de connaître les résultats d’analyse. Mais selon Françoise Loeillet, qui est en contact permanent avec la famille de Guy-André Kieffer, « le juge français Patrick Ramaël semble y croire cette fois. Nous avons eu tant de fausses pistes, de mensonges, durant toutes ces années. À plusieurs reprises, des gens nous ont dit qu’ils savaient où était le corps. Mais qu’ils le diraient contre de l’argent. C’était insupportable. »

En attendant, c’est tout le village breton qui retient son souffle. Comme Guillaume, le fils de Françoise Loeillet qui a dédié « à GAK, comme on l’appelait », sa thèse de doctorat… d’économie.

Jean-Valéry HÉQUETTE in ouest-france.fr

Tue, 10 Jan 2012 02:35:00 +0100

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