L’UMP refuse un «Front Républicain» contre le Front national: une bonne leçon pour le Parti socialiste.

L’UMP a refusé de soutenir le Parti socialiste dans sa stratégie dite de « désistement républicain » contre le Front national au second tour des législatives françaises. Si elle était acceptée, cette stratégie devait amener tout « candidat socialiste ou UMP » qui aurait très peu de chance face au Front national (FN) dans une circonscription donnée de se retirer au profit de l’autre « candidat socialiste ou UMP » en pole position pour battre le candidat de Marine le Pen. Mais le mot d’ordre de l’UMP est sans appel : « ni Front national, ni Front républicain».
Il n’en fallait pas plus pour que le parti de Jean-François Copé reçoive une volée de bois vert de la part du ministre socialiste Pierre Moscovici, qui sur Europe 1 dénonçait « [une] droite républicaine, qui aujourd’hui n’existe plus, n’a plus de clarté idéologique, n’a plus de principes, n’a plus d’ordre… ». Les socialistes se rendent ainsi aujourd’hui compte, peut-être sur le tard, que l’UMP est un regroupement politique « sans principes, ni d’ordre» et sans foi ni loi.
Dans « Du Contrat Social », J.-J. Rousseau a défini la république comme « tout État régi par des lois, sous quelque forme d’administration que ce puisse être ; car alors seulement l’intérêt public gouverne, et la chose publique est quelque chose… ». En clair, le terme « république » rime avec le triomphe de l’intérêt général ou du bien commun au détriment de l’intérêt partisan et des réseaux clientélistes. Il suppose aussi le respect scrupuleux des lois fondamentales, des principes politiques et moraux sur lesquels un pays est bâti. Ainsi, tout parti politique « républicain » français serait aussi celui qui s’impose le devoir de respecter les principes hérités de la Révolution de 1789 sur lesquels la France moderne s’est construite, c’est-à-dire son credo national « Liberté, Égalité, Fraternité », les règles de la démocratie et les droits de l’homme sur le sol français et ailleurs dans le monde.
Or, avec le passage de l’UMP à la tête de France, l’élan républicain avait foutu le camp. En lieu et place d’un parti politique sensé agir au nom et pour la république, l’UMP était devenue une simple coterie politique. Avec elle, la France était dirigée par une bande de copains, mais eux-mêmes tenus en laisse par un monarque des temps modernes : Nicolas Sarkozy qui, omniprésent et omnipotent comme un « roi divin », contrôlait, décidait, faisait et défaisait, construisait et détruisait tout. Enivré par le déluge d’éloges que faisaient pleuvoir ses thuriféraires sur lui, il s’était cru investi d’un pouvoir de conquérant et s’apprêtait à construire l’histoire d’une gloire meurtrière personnelle.
Mais avec Nicolas Sarkozy, la classe politique française, ploutocrate, prévaricatrice et affairiste par reflexe et par coutume dans sa large majorité l’était devenue encore plus. Elle était animée par des barbouzes et autres chercheurs de primes en col blanc, partisans du profit sur fond de combines mafieuses et meurtrières. Avec eux, la Françafrique s’était radicalisée sous forme d’une machine encore plus infernale. Les résultats : La Libye prospère a été détruite et le Colonel Kadhafi, père de l’Union africaine, fait passer de vie à trépas ; la locomotive économique qu’était la Côte d’Ivoire en Afrique de l’Ouest fut faite dérailler, son digne président Laurent Gbagbo déporté à la CPI pour que le « petit copain » de Sarkozy, Dramane Ouattara, puisse « régner » en paix.
En outre sous l’UMP, la France s’est « extrême-droitisée », s’écartant ainsi de ses principes fondateurs que sont « Liberté, Égalité, Fraternité », le respect de l’humain et de ses droits. Il s’est développé dans ce pays un nouveau spécimen de français : celui qui a tué en lui « l’humain » pour y élever la « bête brute ». L’extrême droite s’est construite d’un côté autour des français aux reflexes congénitalement racistes et nostalgiques d’une France esclavagiste et colonialiste, et de l’autre autour des français que le désarroi socio-économique de ces dernières années a jeté dans les bras du sectarisme, de la xénophobie et du racisme jouisseux d’une Marine le Pen et de l’UMP.
Mais le plus révoltant est que le parti socialiste s’était laissé embarquer dans les aventures suicidaires et meurtrières dans lesquelles l’UMP avait engagé la France. Par son silence coupable et par l’activisme avéré de certains de ses leaders politiques aux côtés de Sarkozy, ce parti avait vendu son âme aux forces de l’apocalypse qui ont ravagé la Côte d’Ivoire et la Libye. On se souvient encore d’une Martine Aubry, première secrétaire de ce parti, qui main dans la main et à l’unisson avec Sarkozy, tirait à boulets rouges sur le président Gbagbo et appelait à la destruction de son pays.
Le refus de l’UMP de s’allier au parti socialiste vient à point nommé. Premièrement, il amène les socialistes à découvrir au grand jour la vraie face du parti de Nicolas Sarkozy, en tant que regroupement politique dont la survie dépend de l’avancée de l’extrême droite en France. Créer un Front républicain contre le Front national serait pour les partisans de l’UMP se faire hara-kiri, puisque l’extrême droite c’est avant tout eux aussi. Deuxièmement, c’est une occasion pour le parti socialiste de faire l’expérience amère de la lâcheté ou la couardise politique qui caractérise la droite française qui l’avait entraîné dans ses croisades meurtrières contre les petits peuples de Libye et de Côte d’Ivoire, qui ne représentaient pourtant aucune menace pour la République française.
La vraie menace contre la « France républicaine » est l’hydre de l’extrême droite qui est aujourd’hui en pleine expansion. Et c’est contre elle qu’il faut agir dans un sursaut républicain, comme ce fut le cas en 2002 quand il fallait faire réélire le candidat UMP Jacques Chirac. Le refus de l’UMP d’agir autant est de la haute trahison politique, qui devra servir de leçon au parti socialiste pour le futur.

Jesse Gadji
(Londres, United Kingdom)

Fri, 15 Jun 2012 00:01:00 +0200

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