Interview / Pascal Affi N’Guessan rompt le silence : ‘’Je ne suis pas d’accord avec le One Man Show de Koulibaly‘’

Photo : DR
M. le président comment appréciez-vous la médiation entreprise récemment par le chef de l’Etat auprès des présidents Bédié et Alassane Ouattara ?
Ce sont des sentiments d’espoir qui résultent de ces contacts ; parce qu’ils ont abouti au report de la manifestation du RHDP qui était prévue pour le 15 mai. Ce qui veut dire que si nous nous parlons, nous pouvons, sans médiation, trouver des compromis acceptables pour éviter des drames à notre pays. Ce qu’il faudrait, c’est de poursuivre sur cette lancée, pour que les uns et les autres comprennent qu’aujourd’hui, il y a une tâche importante qui incombe à tous les acteurs politiques, c’est la paix, la réunification de la Côte d’Ivoire. Ce n’est pas une tâche spécifique au FPI, au RDR, au PDCI ni même au chef de l’Etat. C’est la tâche de toute la nation ivoirienne, c’est la tâche de tous les Ivoiriens. Il faut donc que nous fassions les efforts nécessaires pour taire nos divergences, afin de privilégier l’intérêt national et mettre cet intérêt national au-dessus des considérations partisanes, des intérêts égoïstes. S’agissant de la réunification, il n’y a pas de consensus parce que certains veulent utiliser la situation actuelle pour affaiblir d’autres. Pour certains, la situation de crise est une opportunité, la réunification du pays n’est pas une urgence. Cela fait que les mouvements ne sont pas convergents, il n’y a pas de synergie dans les actions et cela se traduit sur le terrain par le fait que le processus n’avance pas comme on l’aurait souhaité. Si nous pouvons nous entendre pour différer une manifestation susceptible de causer des dommages au pays, entendons-nous sur la question du désarmement, de la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire, de manière à créer les conditions d’un jeu politique apaisé, serein et d’élections futures transparentes, justes et crédibles.

Il est de plus en plus question d’une probable alliance entre le FPI et le RDR. Qu’en est-il exactement ?
Je n’en suis pas informé.

Mais on en parle de plus en plus dans les journaux…
Oui, mais personne ne m’a parlé d’une alliance et je n’en ai parlé à personne. Donc, je ne suis pas au courant.

Vous n’envisagez donc pas une alliance avec le RDR ?
Ce n’est pas que je n’envisage pas une alliance, mais on n’envisage pas une alliance comme cela, dans le néant. Le parti dont vous parlez est dans une alliance et sur des positions qui sont pour le moment diamétralement opposées aux nôtres ; alors comment peut-on faire une alliance avec des contraires ? Si le RDR abandonne ces positions, à savoir qu’il refuse de perturber le jeu politique, refuse les manifestations intempestives pour gêner le processus de paix, refuse de soutenir plus longtemps la partition du pays, de s’opposer au désarmement et à la restauration de l’autorité de l’Etat ; si le RDR bascule dans la République et parle le langage de l’unité de la Côte d’Ivoire et de la paix, à partir de ce moment-là, les conditions sont créées. Si par ailleurs nous avons des convergences au plan politique, au plan de nos partis, de nos programmes et de nos ambitions pour la gestion du pouvoir, en ce moment-là on peut parler d’une alliance. Cela veut dire qu’à l’heure actuelle il y a une grande distance qui sépare le RDR du FPI. Pour qu’une telle éventualité se concrétise, il faut du temps et du chemin.

Le RHDP envisage la création d’un parti unique. Ne craignez-vous pas une défaite du camp présidentiel lors des futures élections, au cas où ce parti serait crée ?
Un autre élément qui prouve que tout ce qui se raconte, en ce qui concerne une alliance éventuelle n’est que pure spéculation. La réalité, c’est que les partis du RHDP ont décidé de se fondre pour donner naissance à un parti unifié. Je considère donc qu’ils ont pris conscience de leur faiblesse et qu’ils pensent que la fusion est la solution, s’ils veulent peser face au FPI et au camp présidentiel. Ils ont pris conscience qu’ils sont faibles, mais comme l’a dit quelqu’un ‘’l’union de deux faibles ne fait pas forcément un fort’’. Il ne suffit pas de dire qu’on fusionne, il faut réunir les conditions objectives, une dynamique de la fusion. Or, c’est une fusion au sommet. Au niveau de la base, des militants, c’est autre chose. Personnellement, je peux même exprimer le secret désir qu’ils fusionnent, cela facilitera notre tâche.

Lors d’un passage à Paris, vous avez donné un ultimatum au Premier ministre Guillaume Soro pour qu’il désarme ses combattants. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Nous attendons le désarmement et la réunification. A l’issue d’un conclave, les Forces nouvelles ont fait la promesse à la Nation que ce programme sera effectif autour du 10 ou 15 juin. Nous attendons cette date et nous nous réjouissons de cet engagement. Nous espérons qu’il se concrétisera pour nous sortir du cycle des promesses non tenues.

Que faites-vous pour ramener de l’ordre dans votre parti, à Bangolo, à Daoukro, dans le Zanzan, où les hommes que vous avez désignés sont contestés ?

Le contexte actuel est très difficile pour le FPI, dans la mesure où nous sommes amenés à aller aux élections dans le cadre d’une majorité présidentielle. La collaboration avec des personnalités issues de milieux divers, dans des cadres nouveaux en dehors du FPI, ne se passe toujours pas de façon fluide et harmonieuse. Jusque là, le FPI a été, dans le cadre des directions de campagne, la seule organisation qui avait en main l’intégralité des responsabilités. Le partage de ces responsabilités avec des personnalités issues d’autres milieux, a besoin d’être accompagner, pour aplanir les divergences et harmoniser les positions. Il n’y a pas d’autres solutions que d’assister, de réunir les gens, leur parler, de mettre en place des mécanismes pour que cette collaboration s’améliore progressivement, afin de créer une synergie entre les différentes potentialités qui existent sur le terrain. C’est plus une question de management que de légitimité. C’est la direction du FPI et de la DNC qui sont interpellées.

D’aucuns parlent de pro-Affi ou de pro-Simone Gbagbo. Est-ce le cas dans le Zanzan ou ailleurs ? Y-a-t-il un problème entre vous et la Première dame de Côte d’Ivoire ?

Cela se passe dans l’esprit de ceux qui le disent, sinon il n’y a pas de clans au FPI. Je suis le président du FPI, mon clan c’est le FPI et tous les cadres du FPI sont avec moi pour faire en sorte que le parti avance. Vous en avez vu la démonstration lors de la fête de la liberté. J’ai réuni tous les cadres du parti, je leur ai parlé et je leur ai demandé de se mobiliser pour que nos militants soient présents à la fête. Ils se sont tous mobilisés, vous avez le résultat. Avant cette fête, il y a eu les tournées financées par les cadres du parti à la demande du président à la suite de la dissolution de la CEI. Donc, le président du FPI ne peut pas être un homme de clans ; il est le président de tous les militants, de tous les cadres du FPI et c’est dans cet état d’esprit que je travaille. Je ne peux pas entretenir des clans, je n’ai pas intérêt à entretenir des clans, parce que le FPI n’est pas un parti de clans. Des cadres du parti peuvent nourrir des ambitions pour la direction du FPI ou pour toute autre chose. C’est tout à fait légitime. En tout état de cause, c’est dans la solidarité que nous avancerons. Tous pour un, un pour tous.

Est-ce que le FPI prépare aujourd’hui l’après-Gbagbo, de sorte à éviter le clash après son départ ?
L’après-Gbagbo n’est pas un programme. Il est évident qu’un jour ou l’autre, Gbagbo ne sera plus à la tête de l’Etat et qu’il faudra que le parti, comme tous les autres partis, s’engage dans la bataille pour la succession. Ce moment n’est pas arrivé. La meilleure façon de préparer ce moment, c’est d’avoir un parti fort, parce que dans tous les cas de figure, la personne qui sera choisie n’aura de chance de l’emporter, donc de remplacer Gbagbo, que si le FPI est fort. Les individus ne sont rien, s’ils n’ont pas un appareil fort derrière eux. Ce que nous devons faire, c’est de construire le parti, le consolider, faire en sorte qu’il soit crédible dans l’opinion. Si le parti est faible, il n’y a aucune chance qu’après Gbagbo, un militant du FPI, quel qu’il soit, puisse accéder au pouvoir pour continuer l’œuvre. C’est ce qui est fondamental et c’est ce travail que nous faisons. Le reste devient secondaire, le reste dépendra de la direction du parti qui sera en place à ce moment et cette direction saura trouver, en accord avec l’ensemble des militants, l’homme ou la femme qui a le profil adéquat pour conduire la bataille après Gbagbo.

Vous n’avez donc pas d’inquiétude à ce niveau ?
Aucune inquiétude. Mon inquiétude, ma préoccupation, c’est la santé du parti, son rayonnement, son audience. C’est à cela que je travaille personnellement pour que le parti soit toujours fort, crédible dans l’opinion, qu’il jouisse d’une bonne côte de popularité dans l’opinion. Une fois que c’est fait, l’essentiel est fait.

Les Ivoiriens qui ont souhaité le retour rapide de la BAD en Côte d’Ivoire, ont exprimé leur déception après les assises de cette institution financière. Est-ce le cas au niveau du Front populaire ivoirien ?

Non, nous ne sommes pas déçus. Nous pensons que cette rencontre est une grande réussite. C’est un signal fort qui augure du retour prochain de la BAD. Les Ivoiriens n’imaginaient tout de même pas qu’au lendemain de la réunion, Donald Kaberuka aille s’installer au Plateau et commence à travailler. Par rapport au chemin qui nous sépare du retour de la BAD à Abidjan, je pense que cette réunion nous a fait progresser énormément. La réunion s’est bien passée et le fait que les participants soient venus en masse, suppose que l’intérêt est manifeste. Tout ce que d’aucuns prédisaient comme risque ne s’est pas produit. Dans ce domaine, on n’a rien sans rien. Ce qu’on a c’est le résultat de ses efforts. Il ne suffit pas de tenir une réunion pour que la BAD revienne, au contraire, il faut poursuivre les efforts d’assainissement de notre environnement sociopolitique et les efforts pour sortir de la crise. Si nous sortons définitivement de la crise, ce sont des atouts qui vont parler d’eux-mêmes et nous n’aurons pas beaucoup de discours à faire pour que la BAD revienne. J’ai bon espoir, au regard de l’évolution actuelle des choses, que d’ici l’année prochaine la BAD sera de retour.

Quel est votre point de vue sur le sommet Afrique-France qui s’est tenu à Nice et auquel le Président Gbagbo a renoncé de prendre part ?
Personnellement, je ne suis pas de ceux qui condamnent, a priori, puisqu’aujourd’hui nous avons à faire à des Etats souverains. Ils peuvent donc se rencontrer, même si c’est en France, même si c’est à l’invitation du chef de l’Etat français. Il appartient à chaque pays de juger de l’opportunité, des avantages qu’il peut tirer d’une telle rencontre, d’y aller, de mener la diplomatie qu’il entend mener et de voir les résultats qu’il peut en tirer. De la même façon qu’il y a des sommets entre la Chine et des Etats africains, entre le Japon et des Etats africains, entre la Grande-Bretagne et certains Etats africains, les Français ont leur sommet. Chacun y participe en fonction de ses priorités, de ses projets et de ses ambitions, pourvu que cela fasse avancer la coopération internationale et l’Afrique. J’ai noté qu’à ce sommet, il a été question du réchauffement climatique, de la gouvernance mondiale et des conflits en Afrique. Ce sont des thèmes importants et je crois que c’est une opportunité qui est donnée à ces pays africains de dire leur position à un pays occidental, de continuer leur plaidoyer pour que l’Afrique soit de plus en plus présente sur la scène internationale et occupe une place en rapport avec son poids démographique, son potentiel économique et que sur la question du réchauffement climatique, l’Afrique poursuive le discours qu’il a tenu à Copenhague sur les voies et les moyens pour faire en sorte que la planète soit préservée d’une catastrophe naturelle et que les pays pollueurs soient astreints à réduire leur pollution et à financer une économie verte dans les pays qui constituent aujourd’hui des réserves d’oxygène. De sorte que le développement de l’Afrique emprunte une autre voie que celle prise par l’Occident, afin qu’elle apporte sa contribution à la préservation de la biodiversité. Je pense que ce sont des thèmes importants, c’est un sommet important. Evidemment, nous avons un problème avec les autorités françaises. Le Président de la République a donné sa position et la justification de son absence à ce sommet. Notre souhait, c’est que ce message soit entendu et déclenche ce dialogue, qui est incontournable, sur la coopération franco-ivoirienne, sur les contentieux qui existent entre nos deux pays, de manière à trouver les solutions définitives et durables et à faire en sorte que la Côte d’Ivoire puisse reprendre sa place dans l’ensemble des actions qui doivent aider l’Afrique à avancer sur la voie du développement.

Etes-vous satisfait du chemin parcouru par le FPI en vingt (20) années d’existence ?
Oui. Vous savez, vingt ans c’est beaucoup, mais c’est peu à l’échelle de l’histoire d’une nation. Je suis satisfait, parce qu’en définitive, le FPI a été le moteur des transformations que nous observons en Côte d’Ivoire, à l’heure actuelle. Le FPI a été la principale force qui fait qu’aujourd’hui la Côte d’Ivoire est ce qu’elle est, en termes de changement des mentalités, de culture des Droits de l’Homme. Nous avons apporté beaucoup dans l’évolution des mentalités, dans l’encrage de la démocratie, dans les reformes des politiques économiques, dans la vision de l’avenir de la Côte d’Ivoire, dans la prise de conscience de la force et de la dignité des Ivoiriens, des enjeux internationaux dans lesquels la Côte d’Ivoire est inséré, dans la prise de conscience du fait néocolonial et de la nécessité de s’armer de courage, de rester engagé dans la lutte, parce que le développement de la Côte d’Ivoire ne peut pas être exogène, ne peut pas venir d’une autre nation. Un peuple se développe, il ne développe pas d’autres peuples, a dit Alain Peyrefitte, c’est fondamental. Grâce au FPI, la Côte d’Ivoire a évolué sur ce terrain. Maintenant, il faut poursuivre les efforts, parce que cette révolution des mentalités doit se concrétiser par des réformes économiques, politiques et sociales pour que la Côte d’Ivoire devienne une grande nation. Quand on regarde le parcours des pays développés, nous remarquons que le chemin qu’ils ont parcouru pour atteindre ce stade, c’est ce même chemin que le FPI a permis à la Côte d’Ivoire de parcourir, ces vingt dernières années.

M. le président, partagez-vous l’avis du Pr Mamadou Koulibaly qui impute l’échec de l’APO au ministre Tagro qui devrait, selon lui, démissionner ?

Je ne suis pas d’accord avec le Pr Mamadou Koulibaly ni dans le fond, ni dans la forme. Sur le fond son analyse de la mise en œuvre de l’APO est superficielle et son jugement ne peut qu’être erroné. Sa position ne prend pas en compte la réalité de l’évolution du processus de paix depuis Ouaga. Même si le processus de sortie de crise a baissé de rythme ou connaît des soubresauts, il est injuste de nier les acquis fondamentaux, les avancées et de jeter le bébé avec l’eau du bain. La crise n’est pas terminée, mais la rébellion est finie depuis Ouaga. Elle est fracassée et la Direction officielle a rejoint la République. C’est un acquis important qu’il faut savoir apprécier par rapport à la situation dans les années 2004-2005. C’est vrai que des éléments réfractaires, encore attachés à la personne d’Alassane Ouattara et au RDR continuent de poser des problèmes et nous font piétiner dans les derniers pas qui nous séparent de l’objectif. Mais il est exagéré de penser que ces obstacles sont insurmontables et de conclure à l’échec de l’APO. De temps en temps nous mettons la pression sur le Premier ministre Soro Guillaume pour qu’il ne baisse pas les bras. Ce n’est pas parce qu’une défense résiste qu’il faut cesser d’attaquer. Il nous appartient de persévérer dans l’action et le moment venu, de donner le coup de pouce décisif pour réussir la réunification effective du pays. Certaines personnes sont amères parce qu’elles trouvent que les choses n’avancent pas assez vite. Elles sont meurtries par le pillage des ressources nationales que cette situation de crise favorise, en particulier dans les zones CNO. D’autres apprécient le fonctionnement du pays comme si nous étions dans un contexte normal, oubliant la partition du pays, les com’zones, le pseudo-gouvernement de sortie de crise, l’ONUCI et ses embargos, l’Onu et ses résolutions, la France et ses ambitions en Cote d’Ivoire, etc. Toutes choses qui compliquent la gouvernance de ce pays et plombent l’action des autorités légales et légitimes. Il ne faut pas oublier que nous venons de loin, que nous avons frôlé une catastrophe majeure et que l’on ne sort pas d’une crise comme d’un dîner de gala. Il est bon de savoir en outre que toute crise est criminogène, c’est-à-dire qu’elle génère et favorise des comportements criminels (fraudes, corruption, incivisme, violation des droits humains, violences, viols, etc) parce qu’elle correspond à un moment d’affaissement et de dispersion de l’autorité. Ce n’est pas une excuse aux maux auxquels notre pays est confronté à l’heure actuelle et qui nous affligent tous ; c’est une explication. Seul le travail de restauration de l’autorité de l’Etat à partir de la fin de la crise, la mise en place d’une véritable équipe gouvernementale autour d’un projet cohérent de renaissance de notre pays, permettra de mettre fin de façon efficace et durable aux maux que tous dénoncent. Il ne s’agit donc pas de pleurer et d’invectiver, mais d’agir en homme d’Etat, aujourd’hui pour limiter, demain pour éradiquer.

Sur la forme, je ne comprends pas l’attitude ni même les motivations du président Mamadou Koulibaly. J’ai le sentiment qu’il oublie trop rapidement qu’il est la deuxième personnalité de l’Etat et qu’il est 3ème vice-président du Front populaire ivoirien, parti dit au pouvoir. Quand on est à cette position, on n’a pas que des avantages, il n’y a pas que les honneurs et la considération. Il y a des obligations, des contraintes, à savoir qu’on ne parle pas n’importe comme qui et n’importe comment. On ne se comporte pas n’importe comment, même dans sa vie privée. Il y a un certain nombre d’obligations qu’on est obligé d’observer. Il faut qu’il en tienne compte et qu’il soit cohérent dans son attitude. Les autres qui ne parlent pas comme lui, ce n’est pas parce qu’ils sont bêtes ou lâches. C’est parce qu’ils ont une claire conscience du poids et des implications de leurs propos, à la fois sur l’opinion nationale et sur le moral de leurs troupes. Même lorsqu’il y a des difficultés, ils travaillent à voir comment les surmonter, cela de concert avec les membres de leur organisation et dans le cadre des institutions qu’ils animent. C’est ce qu’on attend de lui ; qu’en tant que président de l’Assemblée nationale, il appuie les efforts du chef de l’Etat pour que la Côte d’Ivoire retrouve la paix. Qu’en tant que vice-président du FPI, il apporte ses idées à la réflexion interne pour que nous trouvions, ensemble, les meilleures voies pour sortir la Côte d’Ivoire de la crise on est intelligent à plusieurs. Mais, ce one man show qu’il affectionne tant, je ne comprends pas à quel objectif cela répond. Personnellement, je suis choqué par ses prises de position, ses attaques gratuites dans notre propre camp. Je voudrais l’inviter, modestement, à renoncer à une telle logique et à s’inscrire dans une démarche d’équipe, d’homme d’Etat. C’est à ce niveau-là que les Ivoiriens nous attendent.

La sortie de Mamadou Koulibaly ne va-t-elle pas jouer sur l’avenir du FPI ?
Je ne le crois pas du tout. Les militants sont des hommes responsables, murs, qui savent où se trouvent leurs intérêts. Ils savent que leurs intérêts ne se trouvent pas dans des batailles fratricides, dans la polémique interne, dans les procès contre d’autres camarades. Ils savent que le ministre Tagro se bat de toutes ses forces pour la paix. Il a joué un rôle déterminant dans la signature de l’APO et il peut revendiquer légitimement une part importante dans les acquis de cet accord. Ils savent aussi que nous que le combat continue. Je suis sûr qu’ils ne se laisseront pas distraire.

Avec sa barbe à sensation et ses prises de position, Mamadou Koulibaky serait-il devenu un rebelle au sein FPI, dans la mesure où il ne participe même plus aux réunions du secrétariat du parti ?
On peut porter la barbe sans être ni rebelle ni déloyal.

Peut-on parler de guerre de succession des héritiers de Laurent Gbagbo ?
On n’a pas besoin d’une guerre pour succéder à Laurent Gbagbo. Au demeurant, Laurent Gbagbo est candidat à sa propre succession, à la demande du FPI et des partis et organisations membres de La Majorité Présidentielle.

La sortie de Mamadou Koulibaly ressemble-t-elle à un coup, selon vous ?
Oui, c’est un coup donné dans le dos à ses camarades qui s’échinent à sortir le pays de la crise.

Nous avons récemment assisté au limogeage du directeur général de l’ENA, une mesure du chef de l’Etat. Quel est votre point de vue sur ce nettoyage qui a eu lieu lors du dernier Conseil des ministres?

Ce n’est pas la première fois que des changements s’opèrent dans des ministères, avec l’arrivée d’un nouveau ministre. C’est tout à fait logique. Lorsque l’on sait toutes ces rumeurs, fondées ou pas, qui ont circulé sur la Fonction publique, les concours et autres. C’est tout à fait compréhensible qu’avec un nouveau ministre, celui-ci et le gouvernement s’engagent dans une opération de reconquête de la confiance de l’opinion, à travers des changements pour apporter du sang neuf et repartir ainsi sur de nouvelles bases. Je pense que c’est tout à fait compréhensible et on espère que ces changements permettront de redorer le blason du ministère dans l’opinion.

Venant des cadres du même parti, cela est considéré par certains militants comme une chasse aux sorcières…
Non, pas du tout. Les changements ne sont pas forcément des chasses aux sorcières. Nul ne peut penser qu’après avoir été nommé à un poste, on va mourir à ce poste. C’est la loi de l’évolution des choses qu’il y ait un renouvellement, que des gens qui ont été ministres pendant un certain nombre d’années, cèdent la place à de nouveaux ministres. C’est cela la loi de l’alternance et nous-mêmes nous réclamons l’alternance au niveau de l’Etat. Il faut donc que dans toutes les structures il y ait aussi cette alternance, qui crée un dynamisme et permet de lutter contre la routine, la sclérose et d’entretenir l’efficacité dans les différents appareils de l’Etat. J’observe que certains vivent dramatiquement les changements et considèrent cela comme un désaveu. Il faut que nous nous habituions aux changements, aux renouvellements, parce que c’est dans le mouvement que se trouve le progrès. Chaque fois qu’une équipe commence à basculer dans la routine il faut un renouvellement. Cela ne signifie pas que les cadres qui ont été là doivent être jetés. Il faut voir comment les réintégrer dans une nouvelle position de travail pour qu’ils fassent de nouvelles expériences, qu’ils aient de nouvelles motivations. Ce qui serait dommageable, c’est qu’on mette tous ceux qui ont été remplacés au garage. Il faut les utiliser à d’autres fonctions, pour qu’ils fassent de nouvelles expériences et apportent ces expériences cumulées au service du pays.

Avec le partenariat de l’intelligent d’Abidjan / Par Dosso Villard, coll : Olivier Dion

Tue, 08 Jun 2010 00:16:00 +0200

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