L’envers de l’héritage houphouétien

Doit-on célébrer la loi de la relativité d’Albert Einstein comme une vérité universelle ? L’observation froide des évènements qui jalonnent l’Histoire humaine, inclinent à une réponse positive et pour cause.
Au début de l’histoire de la Côte d’Ivoire, nous avions une mosaïque de populations venues de certains des quatre points cardinaux de notre pays. Nous avons dû à la colonisation, l’érection de notre pays au rang de colonie française. Son premier président a été considéré comme un génie politique en son temps. Ses choix ont avancé notre pays pour en faire la locomotive économique de l’Union monétaire des états francophones de l’Ouest africain. Si une certaine croissance a récompensé les efforts de Boigny, des épines jonchent ce parcours et même sont aujourd’hui le poison qui empêche la classe politique de vivre pacifiquement ensemble. Dans cette veine, le patriotisme a été sacrifié sur l’autel économique en ouvrant le pays plus que de raison aux autres communautés humaines sous-régionales. Les plus clairvoyants parmi les Africains non-ivoiriens ont réussi à s’acheter, autant que faire se peut, des parcelles de terrain pour mieux s’implanter définitivement.
Ainsi le problème du foncier (rural et urbain) s’est posé au pays – toutes proportions gardées- à l’instar des termes bibliques prêtés à Dieu quand il a dit « multipliez-vous » aux humains. En cela, l’Ancien Testament répond en écho sur la même notion de peuplement, par la bénédiction de David à qui Dieu a promis une innombrable descendance comme les étoiles qui peuplent le firmament. Dans ces deux cas, on oublie bien souvent le caractère limité des dimensions de la terre. Celle-ci n’est malheureusement pas élastique. Si l’on ne peut pas dire que Dieu a fauté sur ce plan, on peut affirmer sans souci d’erreur que Houphouët-Boigny a commis des impairs par l’imprécision de ses vues sur le tard. La conséquence pratique de tout ceci est qu’aujourd’hui, ses successeurs sont incapables de corriger en profondeur, les inconvénients de la politique de l’illustre devancier.
Aucun garde-fou n’a été prévu pour baliser les droits des Ivoiriens, sauf la loi de 1998 sur le foncier, d’autant plus que le président Houphouët-Boigny a raisonné dans la logique du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) jusqu’à la fin de sa vie. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, la notion de citoyenneté ivoirienne est restée floue dans sa tête durant tout son long règne…
Aussi, pour avoir demandé à tout le monde de venir investir en Côte d’Ivoire avec la possibilité de rapatrier et les fonds investis et le bénéfice rapporté (Loi de finances de 1959), cela a fait dire à bien de gens notamment, les Africains des pays voisins que « la Côte d’Ivoire n’appartient à personne sauf à tous ». Pendant ce temps, le Mali est aux Maliens, la Guinée aux Guinéens, Le Burkina aux Burkinabés et enfin le Sénégal aux Sénégalais etc. Aujourd’hui, devant ces velléité de briguer la présidentielle par des gens qui n’en ont pas le droit, on voit que le père de la nation a laissé ses enfants en pâture aux vautours de tous acabits. M. Bédié, son dauphin constitutionnel voulut-il corriger cet état de fait par l’ivoirité politique, cela a soulevé un véritable tollé. Un certain Alassane Dramane Ouattara plutôt en mission de déstabilisation de la Côte d’Ivoire au profit de la France, entra en action sous la bénédiction des milieux français de droite comme de gauche. Le père de la nation, ayant effleuré le danger pour la postérité, malgré la maladie qui devait avoir raison de lui sous peu, a tenté vainement de baliser le terrain d’ADO, mais trop tard. Il est parti sans avoir écarté l’imposteur.
Les Ivoiriens n’ont pas été solidaires entre eux, (surtout à l’ivoirité) alors ils le payent chèrement aujourd’hui par la mise à l’écart des vrais fils du pays dont la crème croupit en prison sous Ouattara. Dire à cet homme qu’il est un imposteur est considéré par certaines personnes comme étant de la xénophobie. Et pourtant, aucun pays au monde en dehors de la Côte d’Ivoire, ne peut accepter de se faire diriger par un étranger. Enfin, il est bien établi en tant que méthode de la Françafrique que le personnage politique africain adulé par la France, est absolument néfaste pour les intérêts locaux. Malgré ses carences très criardes, la soi-disant communauté internationale qui a adoubé ADO, continue de le porter à bout de bras ; les FRCI et Dozos sont regardés comme des démocrates, enfin G. Soro comme un sauveur…
Si la Côte d’Ivoire peut se libérer de l’envers de l’héritage d’Houphouët-Boigny par la mise à l’écart de tous ceux qui la considèrent comme un « no man’s land », il faudra limiter les différentes acquisitions de la nationalité ivoirienne avant que ne s’inversent le rapport entre les autochtones et les autres. A l’état actuel des difficultés des Ivoiriens, aucune réconciliation nationale n’est nécessaire, parce qu’aucun Lobi du Nord n’a de problème avec un Kroo de l’Ouest. Idem des autres peuples typiquement ivoiriens, mis à part les politiques égoïstes qui les instrumentalisent…
Le second point de l’héritage houphouétien qui connaît un revers retentissant est son principe de droit qui dit que « la terre appartient à celui qui la met en valeur ». Avec le recul du temps, nous nous rendons compte combien dangereux il a été pour le citoyen lambda. D’ores et déjà, remarquons que ce fameux principe qu’Houphouët voulait traduire en termes de loi de la république, n’émettait aucune modalité de prise de possession. Dans un tel cas, c’était la porte ouverte à ceux qui en avait les moyens (que l’appel était fait) pour se livrer à toutes sortes d’abus. A preuve, lui-même et ses ministres avaient tous de grosses exploitations agricoles. On a minimisé l’emprise de ceux qui mettaient la parcelle ou la superficie à eux attribuée, en valeur.
A la faveur de la crise de 2010, des Nordistes burkinabés et Maliens exproprient aujourd’hui par la violence des armes, des autochtones Wês et une partie des Mandés. C’est dire que non seulement, l’héritage d’Houphouët a déshérité des générations d’Ivoiriens mais ostracise plusieurs peuples dans leur existence en tant que tels. Tout cela parce qu’Houphouët a voulu passer du Moyen-âge à la période post-moderne ; en sautant ainsi plusieurs siècles de progrès humains. Le mieux n’aurait-il pas valu d’aller lentement parce qu’on est pressé, ainsi que Houphouët lui-même le recommandait ? Au moment où les esprits ne sont pas préparés à la chose, on veut pousser les Ivoiriens dans une aventure qui les blesse pour plusieurs générations et plusieurs siècles. La France n’a-t-elle pas voté M. Chirac contre M. Balladur, qui pourtant est un français mais simplement né en Turquie ? Nous sommes convaincus qu’aucun pays n’acceptera la situation imposée aux Ivoiriens, bien sûr, à l’exception de ceux que l’arrivée d’ADO arrange pour le moment. Mais ils le regretteront tous un jour, à commencer par les membres du RHDP.

Louis-Freddy Aguisso

Tue, 24 Jul 2012 02:16:00 +0200

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