Les «Solutions» à nos problèmes

Depuis le malheureux 11 avril 2011, avec la bénédiction de l’Onu et de la France, notre pays est entré de plain-pied dans l’ère de la «Solution».
Pour nous soigner voici la solution : soins gratuits sans médicaments. Pour réconcilier les Ivoiriens, il faut déporter Gbagbo à la Cpi et jeter en prison tous ses collaborateurs; lancer des mandats d’arrêt contre les autres qui ont cherché refuge ailleurs. Pour embellir l’environnement, la «solution» est de raser les maquis, détruire la Rue princesse, peindre les façades de nos maisons, couper les arbres en bordure des voies, détruire les monuments dans les rues d’Abidjan. Pour sauver les frères du Nord, il faut un «rattrapage» à 40%; ainsi, toute l’armée, toutes les grandes directions, l’Assemblée nationale, le gouvernement ont été tous rattrapés.
Pour donner du travail aux frères du Nord, il faut renvoyer des milliers d’autres frères dans tous les services de l’administration publique.
Pour sécuriser le pays, il faut désarmer les gendarmes et policiers et répandre les Frci et les dozos dans toutes les rues du pays et dans les villages et hameaux. Pour prévenir les « coups d’Etat », il faut traquer les pro-Gbagbo faiseurs de ces « coups d’Etat », en l’occurrence les jeunes guérés de l’ouest, les torturer dans les camps de concentration des Frci et transformer la Dst en un lieu de tortures, de déni des droits de l’homme et d’abomination.
Il faut aussi aller faire la guerre au nord du Mali. Pour redresser notre économie, il faut que nous soyons officiellement déclarés ppte. Les frères de l’ouest sont expropriés de leurs terres et de leurs plantations par des envahisseurs, il faut les «nettoyer» et les «aseptiser» pour faire la part belle à leurs bourreaux. Et le nettoyage et l’aseptisation commencèrent par le camp de réfugiés de Nahibly, il y a à peine trois semaines, avec des centaines de morts. Pour résoudre le problème de l’Ecole, la «solution» est qu’il faut s’inscrire obligatoirement à Celpaid, une structure d’argent appartenant à des affairistes siégeant dans le gouvernement des vainqueurs. Pour que l’université s’ouvre, tourne à plein régime et se modernise, il faut désormais s’inscrire à 100 000f, 200000f et 300000f selon le niveau d’étude.
Concernant l’Ecole, je soutiens toujours que ceux qui nous dirigent aujourd’hui n’ont pas pour priorité celle-ci. Car, ils ont eux-mêmes montré aux jeunes ivoiriens que désormais pour être président de la République, Premier ministre, ministre, député, président de l’Assemblée nationale, il faut savoir manier les armes et tuer tous ceux qui ne sont pas de son camp et de sa région. Le chemin de l’Ecole est trop long et fastidieux pour arriver au pouvoir.
D’ailleurs, il peut être le moyen le moins sûr. Par contre, les armes, c’est le pouvoir en vitesse. Et là où il y a le pouvoir en vitesse, il y a aussi l’argent en vitesse. Comment avec une telle conception de l’acquisition du pouvoir et de la richesse, peut-on avoir la «solution» pour l’Ecole?
Non, l’Ecole n’est pas une priorité pour nos gouvernants d’aujourd’hui. Les actes posés depuis le début de leur règne le démontrent fort bien, à commencer par leur ministre qui est censée éduquer nos jeunes, l’avenir de demain.
Qu’elle ouvre la bouche et commence à parler et vous comprendrez ce que je dis.
Elle n’a certainement pas compris que le terrain de hand-ball et le maniement de la langue de Molière sont deux jeux foncièrement différents.
L’Ecole n’est pas le fort de ceux qui nous gouvernent aujourd’hui. L’humilité veut qu’ils le reconnaissent.
La «solution» a été trouvée ailleurs, à travers les actes que nous citions plus haut.
Mais pour l’Ecole la «solution» n’a pas encore été accouchée. Et je ne suis pas sûr qu’elle sera jamais trouvée. Il nous faut donc attendre encore et encore. Quand les kalaches remplacent les stylos, quand les camps de concentration remplacent les amphis, quand les Frci remplacent les étudiants, quand la violence et la barbarie remplacent l’intelligence et le droit, quelle «solution» pour l’Ecole? Pour faire plaisir à la sulfureuse «Communauté internationale» qui nous endette, le pouvoir va construire des écoles, peindre les universités, recruter des étudiants pour enseigner dans les lycées et collèges, mais rien dans le fond. Les cinq universités promises en cinq ans n’étaient que de la poudre aux yeux des électeurs. Leurs enfants et leurs frères sont inscrits dans les meilleures écoles et universités de l’Occident. Ils vont même participer à leur remise de diplôme aux frais du contribuable ivoirien. Ils reviendront nous gouverner. Ils transforment les nôtres en Frci, en dozo et en braqueurs de grand chemin pour parvenir au pouvoir et le préserver.
Non, la « solution » pour l’Ecole ivoirienne n’est pas pour aujourd’hui. Elle ne fait pas partie des solutions à nos maux depuis le 11 avril 2011.
Les parents d’élèves et d’étudiants doivent chercher ailleurs. Mais, que peut-on faire de bon pour l’Ecole quand la «solution» est elle-même le problème?

Par Père Jean K.

Tue, 14 Aug 2012 20:52:00 +0200

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