Opinion / Affaire Maestro-Drogba: coupable ou victime ?

Le joueur s’est volatilisé avec ses valises dans la pénombre du parking de la grande tour de l’hôtel ivoire, laissant derrière lui ses coéquipiers et un entraîneur déboussolé, qui a qualifié cet acte de « rarissime dans le milieu du football ».

ZOKORA DIDIER dit MAESTRO serait parti pour dit-on, ne pas avoir supporté que le brassard de capitaine des Éléphants revienne à DIDIER DROGBA. Lui-même absent de la sélection depuis quelques mois.

Rappelons qu’il y a deux façons de désigner un capitaine dans une sélection : soit le groupe décide de la hiérarchie, de commun accord ; soit l’entraîneur prend sur lui la décision de le faire en prenant ses responsabilités. Dans le cas des Éléphants, c’est le groupe qui a choisit DROGBA comme capitaine. Ce, depuis 2006. ZOKORA n’étant que le 3ème capitaine, juste derrière KOLO TOURÉ, avant que l’entraîneur FRANÇOIS ZAHOUI ne démette KOLO du titre de 2ème capitaine au profit de ZOKORA parce que, selon le technicien, KOLO en faisait trop de son obsession de vouloir ravir le brassard à DROGBA. Ce qui, selon toujours l’entraîneur, pourrissait l’environnement du groupe. Il a donc pris ses responsabilités. L’on se souvient que KOLO se plia à la décision de l’entraîneur malgré une colère mal dissimulable au cour d’une conférence de presse.

Depuis 2006 voici comment DIDIER DROGBA est donc le capitaine des Éléphants. Et depuis la prise de décision de FRANÇOIS ZAHOUI, MAESTRO est le vice capitaine.

C’est dans cette nouvelle configuration que la sélection nationale évolue depuis toujours, jusqu’à ce que DROGBA décide ces derniers mois de faire un petit break, parce que ne se sentant pas physiquement prêt pour la sélection, depuis son passage en Chine où le bas niveau du championnat l’a desservi physiquement. Ce qui, naturellement propulsé MAESTRO au titre de « capitaine aspirant » (c’était un capitaine plein par défaut)

DROGBA, UN DON DE DIEU

D’où vient-il donc que MAESTRO pique une colère quand DROGBA revient en sélection et qu’on lui demande de redonner le brassard au capitaine naturel qu’est DROGBA? À la vérité MAESTRO n’a pas agit seul. Qu’est-ce que les responsables de la Fédération ivoirienne de football ont bien pu dire ou promettre à MAESTRO durant l’absence de DROGBA en sélection? Tous ceux comme moi qui sont imprégnés des réalités qui se passent au sein des Éléphants savent que le courant ne passe pas entre DIDIER DROGBA et la nouvelle équipe dirigeante de la FIF. Les nouveaux dirigeants de notre football ont du mal à faire savoir ce qu’ils pensent de DROGBA. Ils veulent l’écarter mais ne savent pas comment faire. Les sélectionneurs ne peuvent pas aussi se passer de lui.

Si ZOKORA s’est comporté de la sorte, c’est que des dirigeants de la FIF lui ont fait miroiter des choses durant l’absence de DROGBA. On veut démontrer à la face de tous que Drogba est le méchant. Que c’est lui le trouble-fête. Et comme c’est un garçon poli et bien éduqué qui ne perd pas son temps sur des débats stériles, alors, les supputations vont bon train.
Comment des dirigeants de notre football, reconnus pour leur vie de noctambules dans les bars climatisés peuvent-ils s’asseoir à la même table d’un bar que MAESTRO, qui leur paye le champagne et espérer du respect de ce dernier à leur égard. J’ai même entendu dire qu’après la fugue du vice capitaine des Éléphants, un dirigeant de la FIF a pris son téléphone pour tenter de ramener le joueur à la raison et le faire revenir dans la sélection. SCANDALE ! SACRILÈGE ! Où a t- on vu cela ? Mais on est où là ?

DROGBA est un garçon sérieux, simplement victime de son charisme. Ce n’est pas un tricheur. C’est un garçon qui ne demande rien, mais à qui, pourtant tout vient, sans que lui-même n’arrive à comprendre. C’est un don de DIEU pour la Côte d’Ivoire. C’est son charisme inné, naturel, que refuse de voir et subir les autres. Il faut que cela soit clair et que le mutisme poli du capitaine des Éléphants ne déduise pas qu’il est la source des problèmes des Éléphants.

Le problème, ce sont nos joueurs, nos dirigeants et nos techniciens qui manquent de courage. Car, je ne suis pas sûr que même dans les rêves de MAESTRO qui est un joueur professionnel et qui connaît les règles de désignation d’un capitaine, il se serait comporté de la sorte avec un Jacques Anouma comme Président de la FIF et un Sven Goran Erickson comme entraîneur. Il aurait réfléchit par mille fois avant de prendre ses valises, au risque de voir le reste de sa carrière à jamais brisée.

Tant que les joueurs et les dirigeants ivoiriens ne prendront pas conscience que DROGBA est un don de DIEU et qu’il faut le couver, il y aura toujours des problèmes et les trophées mettront du temps à venir. Les gens ne savent pas analyser. Tous ceux qui se sont mis sur la route de DROGBA ont échoué. Pour votre gouverne je vous donne deux exemples :

1- Kaizman, Anelka, Goudjunssen, Chevtchenko, Crespo, Torres et j’en passe. Tous ces attaquants de grande classe ont échoué face à Drogba à Chelsea. Au moment où on le croit « mort », il renait.

2- À Chelsea, DROGBA n’était pas le capitaine, mais son charisme faisait de lui l’homme du vestiaire et l’homme le plus écouté. Tenez-vous bien. Cela, devant trois capitaines de sélections européennes qui jouaient en même temps à Chelsea : TERRY (Angleterre), BALLACK (Allemagne) et CHEVTCHENKO (Ukraine).

Celui qui a cette capacité d’analyse respectera DROGBA. Et je ne suis pas sûr que nos dirigeants analysent de la sorte. Je ne suis pas non plus sûr que MAESTRO puisse regarder DROGBA dans les yeux et lui dire : « passe moi ton brassard de capitaine ». Yeux connait bagage qui est lourd, pour emprunter une expression populaire de Yopougon.
Vous pouvez ne pas être d’accord avec moi, mais le débat est ouvert.

José DJATI, journaliste
josedjawe@yahoo.fr
In Ivoire-Presse