Interview de la SG du CNRD ( CONGRES NATIONAL DE LA RÉSISTANCE POUR LA DÉMOCRATIE)

Notre Voie : Lors de l’audience de confirmation ou d’infirmation des charges contre le Président Laurent Gbagbo à la C.P.I, le C.N.R.D a été cité par le Procureur. Il a voulu donner l’image d’une organisation mise en place pour faire la guerre. Votre commentaire ?

S.G du C.N.R.D : Cette image que l’on a voulue donner du C.N.R.D répond à une volonté simple : diaboliser le PR Laurent Gbagbo pour justifier sa présence à la C.P.I. Ils ignorent tout du combat de Monsieur Laurent Gbagbo et de sa personne, nous le leur concédons. En réalité, ce que le Procureur a dit est à l’antipode de ce qu’est le C.N.R.D.

N.V : Le C.N.R.D, c’est quoi et qu’est ce qui a justifié sa création ?

S.G : Le C.N.R.D est une fédération de partis, de mouvements politiques et d’organisations de la société civile engagée dans le combat pour la démocratie en Côte d’Ivoire ; ce vaste rassemblement est dénommé : Congrès National de la Résistance pour la Démocratie (C.N.R.D).
Il est essentiellement un organe de veille et de promotion de la démocratie.
Sa Charte a été approuvée par ses signataires le 06 Mars 2006. Sachez que c’est une idée du Président Laurent Gbagbo et nous pensons que c’est la dernière vision prophétique de son long combat.

N.V : Expliquez-vous ?

S.G : A l’audience de la C.P.I, le Président Laurent Gbagbo a tenu des propos qui résument son combat : « La Démocratie est la voie du salut pour l’Afrique… Toute ma vie, je me suis battu pour la Démocratie… Quiconque ne respecte pas la Constitution et les lois qui en découlent n’est pas démocrate. Je suis ici parce que j’ai respecté la Constitution de mon pays ».
Pour réaliser cet idéal démocratique, Monsieur Laurent Gbagbo s’est donné plusieurs moyens dont le premier est la création d’un parti politique.
Par la suite, il a lutté pour l’avènement du multipartisme, il a prôné la transition pacifique pour l’accession au pouvoir d’Etat par des élections justes et transparentes. Il a voulu, il a souhaité, il s’est battu pour qu’il y ait une structure autonome et libre qui gère le processus électoral indépendamment de l’Administration de l’Etat, afin qu’il y ait égalité entre les candidats aux élections.
Mais, lorsqu’il est arrivé au pouvoir d’Etat suite à des élections transparentes et libres (en 2000) et, qu’un coup d’Etat est tenté quelques mois après (en Janvier 2001), suivi d’une attaque de rebelles en 2002, cela lui a fait prendre conscience que la Démocratie était menacée. C’est alors qu’il met en place une structure mixte regroupant les différentes organisations sociales, politiques ou non qui embrassent l’idéal démocratique pour la Côte d’Ivoire.
Le C.N.R.D est donc un moyen de sauvegarde de la démocratie. Le contenu de l’engagement des signataires de la Charte du C.N.R.D est explicite à ce sujet: « Sont parties à la présente Charte, les organisations politiques et sociales adhérant aux principes des libertés publiques et aux valeurs républicaines. Les parties contractantes affirment leur attachement au respect scrupuleux de la Constitution, notamment en ses dispositions consacrant le mode de dévolution du pouvoir par les élections et se déclarent opposées à tout recours à la force des armes comme moyen d’accession au pouvoir. », « Les parties à la présente Charte s’engagent à agir pour la défense des institutions de la République, la sauvegarde de la souveraineté nationale, la promotion de la démocratie, de l’Etat de droit, de la paix et la restauration de l’image de la Côte d’Ivoire ainsi que de sa vocation traditionnelle de nation ouverte sur le monde. » (article 2 et article 3 de la Charte).
Voici également ses moyens d’action :
• les réunions, séminaires et conférences ;
• les campagnes d’information, de formation et de sensibilisation
• la publication d’articles, de périodiques, de documents multimédia à caractère social et politique,
• les actions de mobilisation à caractère démocratique et pacifique
• les actions de veille et de vigilance pour la défense et la sauvegarde des libertés démocratiques, des institutions républicaines et de la nation (article 5 des Statuts)
Comprenez-vous à présent la justesse de la création du C.N.R.D face à la situation socio-politique de la Côte d’Ivoire?

N.V : Vous n’avez toujours pas dit en quoi c’est prophétique.

S.G : Le caractère prophétique réside dans la dénomination du C.N.R.D. Il est contenu dans ce mot « résistance ». En nous référant à l’histoire de la France dont nous sommes les ex-colonisés, la Résistance rappelle l’opposition des français à l’action de l’occupant allemand et du gouvernement de Vichy pendant la seconde guerre mondiale ; un organe fut crée à cet effet en 1943 : le C.N.R. (Conseil National de la Résistance).
Or, au moment de la création du C.N.R.D en 2006, Monsieur Laurent Gbagbo était au pouvoir, et uniquement une partie de la Côte d’Ivoire était occupée par la rébellion ; il était donc insolite de parler de Résistance. En revanche, depuis le 11 Avril 2011, l’on saisit mieux la portée d’une structure telle que le C.N.R.D.

N.V : Mais pourquoi Laurent Gbagbo tient-il tant à la Démocratie ?

S.G : Le principe de la Démocratie tel qu’inscrit dans l’article 30 alinéa 3 de la Constitution de la Côte d’Ivoire est : « le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. »
Or, Monsieur Laurent Gbagbo qui est un grand humaniste, respectueux de la dignité humaine, ne peut concevoir qu’on veuille faire le bien d’un peuple contre son gré ; d’où son refus obstiné de toute prise de pouvoir par les armes, appuyés par ses slogans favoris : « donnez-moi le pouvoir pour que je vous le redonne », « Asseyons-nous et discutons ». Un tel homme ne peut qu’aimer le système démocratique qui privilégie la souveraineté au peuple dans le choix de ses dirigeants au regard de la politique qu’ils proposent. C’est fort de cette conviction qu’il a été le premier en Côte d’Ivoire à présenter un livre-programme de gouvernement dès 1994.
Ce qui est extraordinaire, c’est que le Président Laurent Gbagbo ne s’est pas arrêté aux mots, il a mis en application ses propos et continue de le faire jusqu’à ce jour.
Pour exemple, dès son arrivée à la tête de l’Etat de Côte d’Ivoire, il a remis la « filière café-cacao » entre les mains des représentants des planteurs. Quoique le pouvoir d’Etat ait été attaqué 3 mois à peine après son élection, le Président Laurent Gbagbo a engagé des discussions avec presque toutes les corporations socio-professionnelles (personnel de Mairie, Enseignants, Médecins, Corps préfectoral, Diplomates,…).
Le Président Laurent Gbagbo a discuté avec la rébellion qui réclamait « sa tête » ; pour ce faire, il a consulté le peuple à maintes reprises. Citons à titre d’exemple la consultation sur l’accord de Linas Marcoussis rejetée par la grande majorité du peuple de Côte d’Ivoire. Et c’est son humilité à supplier le peuple d’accepter ce « médicament amer » qui assouplit l’ardeur populaire d’en découdre avec les rebelles qui devraient entrer dans le gouvernement. Il a également fait une consultation populaire avant l’accord de Ouagadougou.
C’est donc dans la même logique du respect de la volonté du peuple qu’il ne pouvait abandonner le fauteuil Présidentiel qui venait de lui être confié conformément aux lois de la République de Côte d’ivoire, et qu’il demandait un recomptage des voix de l’élection présidentielle.
Par ailleurs, outre l’amour du prochain qui le pousse à aimer le régime démocratique, Laurent Gbagbo est foncièrement un homme de paix. Comme ce slogan répété à satiété à l’époque du Président Houphouët Boigny, « la paix ce n’est pas un vain mot, c’est un comportement».
Vous constatez avec moi, que durant sa longue lutte politique dans l’opposition, tout comme dans l’exercice du pouvoir d’Etat, Monsieur Laurent Gbagbo a toujours utilisé les moyens pacifiques de lutte ; mais ses adversaires politiques ont toujours tenté, en vain, de le faire apparaître comme un homme violent, belliqueux ; pensez aux évènements du 18 Février 1992. Nous espérons que cette fois encore, la sagesse des hommes politiques triomphera dans l’intérêt général.
Enfin, Laurent Gbagbo est attaché à la démocratie, car c’est le meilleur moyen d’assurer une juste répartition des fruits de la prospérité nationale à tous les citoyens d’un pays. En effet, dans une démocratie véritable, telle que conçue dans la Constitution de la Côte d’Ivoire, « tout être humain a droit au développement et au plein épanouissement de sa personnalité dans ses dimensions matérielles, intellectuelles et spirituelles » (article 7 de la Constitution) ; c’est l’Etat qui assure l’égal accès à ces droits. Par conséquent, si le détenteur du pouvoir d’Etat ne l’a pas reçu du peuple, comment le peuple pourra t-il le contrôler, le sanctionner s’il ne gouverne pas dans l’intérêt des citoyens ?
Pensez-vous que les revendications des populations seront prises en compte pacifiquement si c’est par la force des armes que l’on accède au pouvoir d’Etat?

N.V : Quelle est aujourd’hui la réalité de la Résistance pour la démocratie en Côte d’Ivoire ?

S.G : Vous savez, la « Résistance » dont il est question au C.N.R.D est une conscience populaire qui s’oppose à tout régime autre que la démocratie, ainsi qu’à tout moyen non démocratique de l’exercice du pouvoir. Pour exemple, le faible taux de participation aux dernières élections législatives en Côte d’ivoire en est une preuve tangible.

N.V : Ne pensez-vous pas que la démocratie imposée à coup de bombardement en Côte d’ivoire par les forces Onusiennes et la force Licorne française a désabusé les démocrates ivoiriens ?

S.G : Non, le C.N.R.D a organisé au mois de Juin-Juillet 2012 des rencontres avec ses 38 organisations membres pour échanger, et toutes conviennent de s’inscrire dans les lignes tracées par la Charte, les Statuts et le Règlement Intérieur du C.N.R.D.
Il est navrant que l’on prenne en mal la recherche obstinée de la vérité des urnes ; c’est pourtant une exigence démocratique. Comment voulez-vous que le digne peuple de Côte d’ivoire tienne pour acquis les résultats provisoires de l’élection Présidentielle 2010 déclarés hors délais par la C.E.I au Q.G d’un candidat et hâtivement « certifié » par l’O.N.U.C.I, et ce, en lieu et place des résultats définitifs proclamés par le Conseil Constitutionnel conformément aux normes constitutionnelles et légales ?
Nous supplions les instances nationales et internationales de ne pas s’offusquer lorsque les démocrates drapés de leur étendard Laurent Gbagbo posent la question « qui a gagné les dernières élections Présidentielles en Côte d’Ivoire ? » ; question essentielle et fondamentale pour la conscience collective ; elle mérite donc une réponse claire et définitive, afin d’assurer à tous un avenir confiant dans un vrai « vivre ensemble ».

Fait à Abidjan le 16 Mars 2013

Mme AMON AGO Marthe
Secrétaire Général du C.N.R.D

Thu, 28 Mar 2013 17:14:00 +0100

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